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50 ans après Mai 68, construire notre projet pour en finir avec leur monde !

C’est bien une offensive globale qu’aujourd’hui Macron/Philippe/Collomb et consorts mènent contre nous. Contre les ouvriers et prolétaires avec les ordonnances réformant le code du travail pour imposer toujours plus de précarité, de flexibilité et de pénibilité. Contre les chômeurs avec la réforme de l’assurance chômage, une allocation pour les démissionnaires pour faire passer la pilule des licenciements et radiations facilités, et au final une précarité accrue pour tous. Contre les retraités avec la hausse de la CSG et la baisse des pensions. Contre les étudiants avec le renforcement de la sélection à l’université. Contre les cheminots avec la fin du statut, la dégradation des conditions d’emplois, la fermeture des lignes. Contre les personnels de santé en plein désastre humain (Hôpitaux, EHPAD ou autres) qui n’en peuvent plus de la souffrance qu’ils subissent et qui dénoncent aussi la maltraitance des patients ou des résidents. Contre les enseignants avec la réforme du système éducatif avec le futur bac à modules, véritable fabrique à travailleurs toujours plus adaptés à un monde économique en restructuration permanente. Contre les migrants et les sans-papiers avec la loi asile/immigration et le contrôle sélectif renforcé d’une population ultra-précaire tout en donnant des gages racistes à la fraction la plus réactionnaire de la population.

Macron attaque sur tous les fronts. Cette politique, c’est la politique du capitalisme qui s’adapte aux conditions de la guerre économique mondialisée. C’est tout un système qu’il s’attelle à réformer, alors il doit aller vite, à la fois pour profiter de l’atonie consécutive à l’échec du mouvement social contre les lois travail et aussi pour éviter que les résistances, jusqu’à présent éparses, n’agrègent autour d’elle de plus larges secteurs. Macron passe outre la négociation collective avec les syndicats, le paritarisme, pour renforcer le rôle de l’Etat et parce qu’il n’a pas de marge de manœuvre, pas de miettes à distribuer.

Macron est discrédité. L’image de renouvellement et de modernité qu’il prétendait incarner pendant la Présidentielle a fait long feu, et c’est désormais dans les habits du représentant du Capital qu’on le voit, pétri d’arrogance et de suffisance. Il mène la guerre de classe sur tous les fronts et provoque en retour ras-le-bol et colère, un fort mécontentement qui monte sans parvenir à se structurer en mouvement collectif.

C’est la multitude des attaques qui poussent aux résistances catégorielles, chaque secteur replié sur lui-même et freinent la résistance collective. Mais ça révèle aussi l’impuissance actuelle des organisations syndicales, incapables d’imaginer une riposte de classe pour la défense des travailleurs et rien d’autre, pris au piège de leur propre réformisme construit sur une tactique de collaboration conflictuelle, de paritarisme et de négociation permanente auquel le gouvernement Macron ne donne pas écho. Le résultat de tout ça, c’est les deux cortèges le 22 mars à Paris, celui des cheminots et celui de la fonction publique, c’est le privé sur la touche en dehors de quelques initiatives locales de secteurs déterminés, c’est la nouvelle journée d’action dans la fonction publique appelée pour le 22 mai alors que l’on sent tous que c’est maintenant qu’il faut tenter le coup et se coordonner avec les cheminots, fer de lance de la résistance.

Le monde de Macron, c’est tout un système qui nous fait la guerre, c’est le capitalisme et l’impérialisme qui se restructurent. Face à cette offensive globale, c’est une riposte globale qu’il nous faut, mais coordonnée autour d’un projet commun. C’est au-delà de la convergence des luttes, une perspective globale qui ne peut être que politique. Et c’est rompre avec les illusions réformistes en avançant notre perspective, de classe et révolutionnaire, contre l’exploitation capitaliste et l’impérialisme, en particulier français.

On ne veut pas du capitalisme à visage humain, chimère promise par tous les réformistes !
On veut décider ce qu’on produit, pour faire quoi et comment on le produit.
On ne veut pas partager les richesses avec nos exploiteurs !
On veut toutes les richesses créées par notre travail !
On ne veut pas défendre les services publics sans rien dire de la pénibilité et de la division sociale du travail, sans rien dire sur l’État qui organise notre exploitation.
On veut la santé, l’éducation, les transports gratuits pour toutes et tous !
On ne veut pas de la pénibilité qui détruit le corps et l’esprit des prolétaires, on ne veut pas des formes les plus destructrices du travail aliéné.
On n’en peut plus du travail à la chaîne, posté ou de nuit !
On ne veut pas seulement de meilleures conditions d’accueil des migrants.
On veut la liberté de circulation et d’installation !
On ne veut pas de la domination impérialiste sur les peuples qu’il s’agisse des colonies (Antilles, Guyane, Mayotte…), de la Françafrique ou de l’intervention militaire au Moyen-Orient !
On défend l’internationalisme et le droit des peuples à l’autodétermination !
On ne veut pas de la sélection à l’université, pas d’avantage que d’une école qui trie, formate et sacrifie la jeunesse des quartiers populaires.
Pour changer l’école, c’est toute la société qu’il faut changer !

Pour en finir avec l’exploitation capitaliste et toutes les formes d’oppression, il est temps d’avancer notre programme, d’y réfléchir, de le débattre, de le partager, de s’organiser autour de lui. Le cinquantième anniversaire de mai 68 nous donne l’occasion d’apprendre du foisonnement et de la richesse d’une expérience passée, de ses limites et errements aussi, pour construire un avenir qui soit le nôtre.

Bulletin N°29 - Mai 2018
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