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Franc succès à Toulouse des "3 jours de solidarité contre la répression du mouvement kurde en Turquie" !

Toulouse

Plusieurs centaines de personnes ont participé aux "3 jours de soutien aux prisonnières et prisonniers du mouvement kurde en Turquie" à Toulouse ! C’est un joli succès qui a permis de récolter de l’argent en solidarité et de mettre en lumière la situation et la résistance du peuple kurde, que ce soit au Bakur comme au Rojava, à travers projections, ateliers, conférences et concerts. Merci aux organisatrices et organisateurs pour cette initiative salutaire et importante !

A l’occasion d’une table ronde sur la répression du mouvement kurde, l’OCML VP était invité à intervenir sur les différentes campagnes que nous menons. Nous reproduisons ci-dessous notre intervention.


D’ors et déjà merci de nous avoir invité à intervenir. Pour l’OCML VP c’est important que des alliances se construisent entre les différentes forces et mouvements révolutionnaires, et particulièrement quand il s’agit de lutte contre la répression et de solidarité internationale.

Alors, nous nous allons intervenir principalement sur la répression de l’extrême gauche turque, et en particulier sa frange majoritaire les organisations marxistes-léninistes et maoïstes. Ces organisations, comme le TKP/ML, sont des organisations qui sont alliées avec le mouvement kurde et le PKK (dans le HBDH - Mouvement Révolutionnaire d’Unité Populaire) et qui depuis des décennies soutiennent le droit à l’autodétermination du peuple kurde. C’est Ibrahim Kaypakkaya, un des principaux théoriciens du mouvement communiste turc et fondateur du TKP/ML, qui a reconnu le premier le droit à l’autodétermination pour le peuple kurde au début des années 70 notamment autour d’un texte important « La Question Nationale en Turquie ». Avant même la fondation du PKK en 1978.

A ce titre, mais aussi parce qu’elle pratique la lutte armée contre l’État turc, ces organisations sont la cible de la répression de la Turquie. Et cela ne date pas de l’accession au pouvoir d’Erdogan. Il y a une longue histoire de lutte des prisonniers dans les prisons turcs, de grève de la faim, d’organisation en commune etc. Par exemple, une longue grève de la faim des prisonniers politiques turcs et kurdes au début des années 2000 contre les prisons de Type F, des prisons pour favoriser l’isolement carcéral des prisonniers. Qui s’était notamment soldée par le 19 décembre 2000 par l’intrusion de l’armée dans les prisons et la mort de 28 prisonniers.

Aujourd’hui, la répression continue et se développe tout comme la résistance à l’État turc. On compte des centaines de prisonniers politiques de l’extrême gauche turque, en plus de ceux liés du mouvement kurde.

Je vais parler de deux exemples dans lesquels l’OCML VP est engagée dans le soutien, soutien que nous développons avec les forces communistes turques et le mouvement kurde depuis les années 80.

Déjà, nous voulions intervenir sur la répression que subit l’ATIK, la Confédération des Travailleurs de Turquie en Europe.
En Allemagne, 10 révolutionnaires membres de l’ATIK et soupçonnés d’être des dirigeants du TKP/ML sont emprisonnés depuis 2015. Ces 10 camarades ont été arrêtés au cours d’une opération simultanée en Allemagne, France, Grèce et Suisse. Ils sont poursuivis au prétexte que ces militants ont été condamnés en Turquie pour avoir appartenu au TKP/ML. En utilisant la loi 129/a-b du droit pénal, l’Etat allemand peut accuser une personne de mener des « activités terroristes » si elle a déjà été poursuivie pour cette raison dans son pays d’origine. Cependant, le TKP/ML n’est pas sur la liste des « organisations terroristes » reconnues par les lois allemandes. C’est la même argutie juridique qui maintient en prison en Allemagne des prisonniers accusés d’être membres du PKK ou du du DHKP-C.
La répression contre l’ATIK est une des opérations coordonnées en Europe en lien avec la Turquie les plus importantes. Pour information, le dossier juridique est plus épais que celui contre la RAF, c’est pour dire !
Si nous nous attachons à soutenir ces militants c’est déjà par une position de principe. Nous soutenons tous les prisonniers politiques révolutionnaires, qu’ils soient communistes, anarchistes ou antifascistes. Ensuite c’est parce qu’il symbolise la collaboration de l’Europe avec le régime d’Erdogan en particulier en Allemagne où la répression contre le mouvement kurde est très forte : interdiction des drapeaux dans les manifestations, censure sur les réseaux sociaux, cadre législatif spécifique (la loi 129 a/b) etc. Par exemple, cette semaine un militant germano-kurde a été perquisitionné chez lui en Allemagne par la police car il avait posté des photos des YPG/YPJ sur les réseaux sociaux. C’est pour dire le niveau.
Notre soutien aux militants de l’ATIK est multiple. Déjà en parler comme à cet événement, leur écrire évidemment. Ensuite on a été à Munich en Allemagne manifester durant une audience au printemps dernier, ce mois d’octobre à Lannemezan à la manifestation pour Georges Abdallah nous avons fait un cortège commun avec l’organisation Partizan en soutien aux prisonniers de l’ATIK mais aussi à Georges Abdallah. Georges Abdallah qui a d’ailleurs lui aussi fait une déclaration de soutien. Car pour nous c’est important de faire des liens entre les différentes causes, et donc les différents prisonniers, pour mettre en avant que la répression c’est celle d’un système pas seulement de gouvernement ici ou là plus ou moins réactionnaire.

Après, on voulait intervenir sur une autre question aussi spécifique c’est notre engagement dans la campagne de soutien au Bataillon International de Libération au Rojava qui subit lui aussi une forte répression de l’État turc.
Déjà précisons une chose. Le Bataillon International est un regroupement d’internationalistes de différentes organisations (MLKP, TKP/ML, BÖG, IRPGF etc.) et de différents courants politiques (anarchistes, communistes, antifas, queers etc.) venant de Turquie mais aussi d’Europe et d’Amériques. Il se bat aux cotés des YPG/YPJ au Rojava contre Daesh et les différentes forces réactionnaires. En Europe a été organisé à l’initiative du Secours Rouge une campagne de soutien à ce Bataillon passant par l’achat de pansements hémostatiques qui permettent de stopper rapidement les hémorragies qui sont la causes principale des morts au front. Cette campagne est largement un succès, plusieurs dizaines de milliers d’euros ont été récolés et des centaines de pansements à 80€ pièce ont été acheminés jusqu’au front notamment celui de Raqqah pendant la longue opération de reprise de la ville. Plusieurs combattants nous ont d’ailleurs dit que ça avait sauvé leur vie et ça on en est très fiers. Parallèlement, le développement de la campagne, la traduction de leurs communiqués et prises de positions en différentes langues, les différents meetings et rassemblements, la diffusion de leurs points de vue ont permis un développement non négligeable à la fois de leur influence politique mais aussi un développement quantitatif.
Face à cela, le régime de l’AKP utilise tous les moyens en sa possession pour réprimer ce bataillon. En septembre 2016, Erdogan déjà avait déclaré que le bataillon était des « terroristes » et que « Ces personnes sont soit motivées par la mentalité croisée, soit ce sont des agents secrets occidentaux ».
Il faut quand même avoir en tête que dans ce Bataillon est regroupé de nombreuses organisations d’extrême gauche turques qui sont toutes considérées comme terroristes par l’État.
Cela passe par des poursuites judiciaires évidemment pour participation à activités terroristes, comme ce fut le cas pour deux internationalistes tchèques en novembre 2016. Ou par des procédés profondément dégueulasses comme le refus de transférer les corps des Sehid, les martyrs tombés au combat, du bataillon vers la Turquie. Ce fut le cas à de nombreuses reprises, par exemple le corps du commandant des BÖG Aziz Güler a été bloqué pendant 59 jours par l’armée turque en 2015.
A chaque fois, il y a une importance capitale pour faire connaître ces situations, ne pas se taire et développer partout le soutien.
Enfin, la répression contre les internationalistes a souvent lieu à leur retour dans leurs pays respectifs. Car évidemment, c’est là toute l’hypocrisie des pays impérialistes, ils disent formellement soutenir ce qu’ils appellent « les kurdes » qui luttent contre DAESH mais le PKK est toujours sur la liste des organisations terroristes de l’Union Européenne et c’est donc l’un des motifs des poursuites contre les internationalistes.
On peut citer notamment la répression en Espagne contre le Parti Marxiste-léniniste Reconstruction Communiste qui a participé à la fondation du Bataillon International, et dont plusieurs membres ont été emprisonnés et sont toujours dans l’attente de leur jugement pour soit disant être membre d’une organisation terroriste, le PKK. Depuis leur parti a été illégalisé par l’État espagnol.
Et les exemples sont nombreux. Et pour ce qui concerne la France, pour le moment les poursuites sont rares mais la situation évoluera en fonction des alliances faites par la France.

Voilà, on voulait citer et expliquer notre engagement que ce soit autour de la question de l’ATIK comme celle du Bataillon pour deux raisons. Déjà parce que cela montre que même quand on est peu ou loin, et bien on peut faire des choses en positif et que ça peu vraiment avoir une incidence sinon décisive, importante. Ensuite, parce que cela montre déjà qu’une alternative révolutionnaire existe partout, qu’elle se bat partout et qu’elle est réprimée partout. Car que ce soit en Turquie ou en Europe si la répression est si forte c’est parce que la résistance contre l’impérialisme existe. Que l’Europe en réprimant l’ATIK ou en poursuivant les internationalistes montrent qu’elle défend ses intérêts et soutient la Turquie comme allié stratégique dans la région.
Donc plus que jamais, ces rencontres comme aujourd’hui sont importantes et la solidarité est définitivement notre arme !

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