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Travail

Le marxisme c’est pas sorcier

Origine du mot

L’étymologie du mot travail est de celles qu’on n’oublie pas. Le mot vient du latin « tripalium ». Formé de « tri », trois, et « palus », pieu, il désigne un instrument de torture. Au XVIe siècle, le « travail » était aussi une machine à ferrer les chevaux. Marx, dans le Capital (1), associe le mot torture au travail : « L’accumulation de richesse à un pôle signifie en même temps à l’autre pôle accumulation de misère, de torture à la tâche... ». Ceux qui souffrent de TMS – troubles musculo-squelettiques – ou de harcèlement ne trouveront peut-être pas cette filiation historique exagérée.

Signification

C’est la division en classes qui a fait du travail un esclavage, une servitude, une corvée, une contrainte. A l’origine, « il est la condition fondamentale première de toute vie humaine... : le travail a créé l’homme lui-même » (2). « Les hommes commencent à se distinguer des animaux dès qu’ils commencent à produire leurs moyens d’existence » (3).
Puis viennent les inégalités. « La division du travail ne devient effectivement division du travail qu’à partir du moment où s’opère une division du travail matériel et intellectuel » (4). Pour l’ouvrier, « le travail n’est pas une partie de sa vie, il est plutôt un sacrifice de sa vie », même si « la vie commence pour lui où cesse l’activité, à table, à l’auberge, au lit » (5).
Une des premières mesures de la dictature du prolétariat sera : « Travail obligatoire pour tous » (6), car le socialisme est d’abord suppression des rentiers et autres exploiteurs et parasites capitalistes. Ce travail pour tous est, conformément aux lois de la contradiction, la seule voie qui mène au travail (contraint) pour personne ! « La révolution communiste... supprime le travail et abolit la domination de toutes les classes » (7), y compris la domination de la classe ouvrière. « Le travail ne sera pas seulement un moyen de vivre, mais deviendra lui-même le premier besoin vital » (8). Une passion, une réalisation de soi, un service, une aventure partagée !

Les mots qui servent à camoufler

Les réformistes font grand cas du « partage », présentent « le socialisme comme tournant essentiellement autour de la répartition ». Or celle-ci « n’est que la conséquence de la manière dont sont distribuées les conditions de la production » (8). Ils escamotent donc la question du travail, des conditions de travail, celle de la dictature dans l’entreprise capitaliste. Et si, tout de même, la question ne peut être évitée, ils oublient ou minimisent toujours la différence entre travail manuel et travail intellectuel.

Pour en savoir plus

- -1) Le Capital, ch. XXIII.
— 2) Le rôle du travail dans la transformation du singe en homme, Friedrich Engels ; Oeuvres choisies, tome 3, page 66.
— 3) (4) (7)L’Idéologie allemande, ch. 1er ; OC, tome 1, page 14, 29, 37.
(5) Travail salarié et capital, Marx ; OC, tome 1, pages 159, 160.
(6) Le Manifeste, fin du chapitre 2.
(8) Critique du programme de Gotha, Ed. Sociales, page 32-33.

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