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Colère, bagarre et occupation des Chapitre

Nantes

Plus de 430 salariée et salariés des librairies Chapitre sont jetés par le groupe Actissia, avec pour toutes indemnités 2 000 € en moyenne. Mais les salariées et les salariés ont la rage et résistent ! Nous sommes allés voir à Nantes les 13 en colère, dont 12 femmes.

 

PEUX-TU NOUS RÉSUMER LA SITUATION À LAQUELLE ON ARRIVE AUJOURD’HUI ?

 

Chapitre à Nantes fait partie des 23 librairies, placées en liquidation et fermées le 10 février. En 2011, la filiale devenue Actissia est achetée par le fonds américain Najafi au groupe allemand Bertelsmann. Les directions ont misé sur l’utilisation d’internet. Depuis 2008, une plate-forme de distribution est mise sur pieds mais se révèle désastreuse. Des emplois au magasinage et comptabilité sont détruits dans les librairies, tandis que le nombre de cadres au siège parisien grossit. Cette plate-forme devait concurrencer Amazon et la Fnac. Le résultat n’était pas, pour eux, à la hauteur. Nous, pendant ce temps, nous perdons notre travail de libraires. On arrive à l’annonce que 57 librairies sont mises en vente par Najafi. 34 sont rachetées. Donc 23 restent sur le carreau, le liquidateur annonce seulement le minimum légal pour les licenciements.

 

QUELLE VA ÊTRE VOTRE LUTTE ?

 

Nous avons la colère contre ces patrons. Regarde le mépris qu’ils ont pour nous, jusqu’au bout. Ici, on bosse pour le Smic ou à peine plus. Le montant des indemnités est indécent. Pendant ce temps, le cadre chargé de nous virer est payé grassement 25 000€ par mois. Il faut contraindre Najafi à revoir son « plan social ». Alors nous avons décidé d’occuper la librairie, comme nos collègues d’autres villes. Nous avons mis en place les « 3 x 8 » : 3 restent occuper le matin, 3 l’après-midi, 2 la nuit. Et cela même le samedi et le dimanche. Certaines sont montées à Paris à la réunion du CE, ils ont eu la pression et le CE n’a pas pu se réunir.
- Notre convention collective est la plus merdique. La liste des plans de licenciements est longue ! Après Virgin, c’est nous. Disons la vérité sur les responsables, qui eux ne s’embarrassent pas : le siège d’Actissia a été revendu pour 50 000 000… au frère du pdg de Najafi ! Avec l’occupation, nous avons la main sur le stock de bouquins, cela compte dans le rapport de forces.

 

ON S’EST CROISÉS DANS LE CORTÈGE CONTRE L’AÉROPORT LE 22 FÉVRIER. VOUS AVEZ EU DU SOUTIEN DANS VOTRE BAGARRE ?

 

Des gens sont venus à notre rencontre. Des candidats aux municipales et responsables (LO, NPA, Verts) sont venus apporter leur solidarité. La lutte a mis nos idées au clair : qui soutient ? Qui ne soutient pas ? La lettre envoyée à Ayrault, ancien maire de Nantes, n’a jamais reçu de réponses. Et pourtant la presse locale nous a bien fait connaître. J’étais déjà portée à gauche, comme beaucoup ici. Mais là, j’ai fait le tri en connaissance de cause. Mon inquiétude est aussi pour la suite. L’occupation, c’est une période intense, on répond aux questions, il faut préparer les déplacements… Mais demain ? Je suis inquiète pour affronter la solitude.

 

Les salariées et les salariés de Chapitre ont levé l’occupation jusqu’au délibéré de la décision de justice sur le montant du PSE. La direction d’Actissia est poursuivie pour gonfler le plan à 12 millions d’euros. Au tribunal, l’avocat faisait face aux 4 défenseurs du patron. Justice de classe = terrain miné ! En solidarité, le Front anticapitaliste 44, avec la participation de Voie Prolétarienne, leur a transmis 200€. Ils les ont invités à s’exprimer à une prochaine initiative. Les restructurations et licenciements en permanence mettent à l’ordre du jour une lutte résolue !

Combattre tous et toutes ensemble pour nos intérêts collectifs, notre emploi, notre avenir !

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