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"Face à leur Unité nationale, opposons notre Unité populaire !"

Meeting - Paris

Mardi 24 novembre, le NPA organisait à Paris un meeting "Leur guerres, nos morts - Contre le terrorisme, l’état d’urgence et le racisme". Notre organisation, ainsi que Alternative Libertaire et Lutte Ouvrière, était invitée à prendre la parole à la tribune. Nous retranscrivons ci-dessus notre intervention.

Bien sûr, merci au NPA d’avoir invité notre organisation à prendre la parole aujourd’hui.

Les attentats fascistes du 13 novembre ont provoqué l’effroi, la peur, parmi les prolétaires et le peuple tout entier. C’est le pire massacre dans la capitale depuis le 17 octobre 1961. Certains d’entre nous pleurent des collègues, des amis, morts ou blessés, nous sommes choqués. C’est toute la population de Paris qui était visée. Ce sont des attentats fascistes contre le peuple, porteurs d’une idéologie de mort et de domination par la terreur.

Le gouvernement, dès les premières heures, a voulu profiter de nos sentiments spontanés pour tenter de nous rallier à lui, de nous convaincre que l’horreur qui nous a touché justifiait de se mettre en rang derrière nos exploiteurs et oppresseurs, pour justifier les bombes jetés sur des Syriens innocents ou le droit de tirer à vue bientôt donné aux flics.

Mais malgré l’émotion, les gens, autour de nous, se posent des questions sur les causes de ce qu’il s’est passé, sur comment on en est arrivé là. Le peuple, et en particulier le prolétariat, n’est pas soudé derrière l’Union nationale. Alors je ne parlerai pas des racistes. Je ne parlerai pas des vas-t-en guerre. Je ne parlerai pas de ceux qui croient aux solutions simples, trop simples, que les politiques et les médias veulent nous vendre. Ceux qui espèrent que Poutine rasera la Syrie, ou qui mettent tout sur le dos des migrants.

Non, je parle de tout ceux qui voient bien le lien direct entre les interventions militaires impérialistes dans les pays d’Afrique et du Moyen-Orient et les attentats, de ceux qui veulent comprendre ce qui se passe ne Syrie et ce qu’y fait la France. Ceux qui ne comprennent pas que l’Etat français ne s’émeuve pas également des massacres à Gaza, qui ne comprennent ces mouvements fondamentalistes que notre gouvernement combat aujourd’hui, il les a soutenu à une autre époque pour ses intérêts géopolitiques. Je parle de tout ceux qui ont le réflexe de rejeter les amalgames, le racisme anti-migrants et anti-musulmans, qui comprennent que les réfugiés ont été les premières victimes de Daesh ; de ceux qui ont chassé les fachos des rassemblements à Lille ou à Metz !

Tous ceux-là, c’est notre camps social, ceux en qui réside l’espoir, ceux avec qui nous devons construire l’Unité populaire.

Parce que comme ça a été dit, oui, c’est le moment de parler de politique. Non, les tueurs du 13 novembres ne sont pas le bras d’une violence gratuite, inexplicable. Certains disent qu’ils en voulaient à notre « mode de vie »... mais c’est une manière d’absoudre l’impérialisme de ses responsabilités, comme si ça tombait du ciel, comme si les attentats étaient un coup de tonnerre dans un ciel serein. D’autres disent qu’il faut juste espérer que tout redevienne comme avant. Mais non, il ne faut pas que nos vies redeviennent comme avant. Il faut nous attaquer aux causes du problème, ne pas nous satisfaire d’un retour à la fausse tranquillité des sociétés impérialistes pendant que le monde est en proie au chaos. Ne pas espérer qu’il suffise d’avoir des bons dictateurs aux ordres de la France qui maintiennent leur population tranquille. Parce qu’une jour ou l’autre, on en fera les frais encore une fois.

On nous dit que « c’est la guerre ». Mais laquelle et contre qui ? Derrière la guerre que le gouvernement veut mener contre Daesh, il y a la guerre que la bourgeoisie et son Etat n’arrêtent pas pour autant de mener contre nous, contre les prolétaires des pays impérialistes, mais aussi contre les peuples des pays dominés. Nous voulons vivre en paix, heureux, ensembles, sans nous soucier du lendemain. Mais le gouvernement et les patrons, eux, ne veulent pas nous laisser tranquille, comme on le voit avec la répression des travailleurs d’Air France. Et pendant ce temps, ils veulent maintenir leur COP 21 comme si de rien n’était, alors que pour nous, pas question de manifester.

Le gouvernement a salué le dévouement des travailleurs de la santé pendant les attentats, mais cela fait des années qu’ils suppriment des postes et dégradent les conditions de travail. Plus de moyens pour les flics et l’armée justifiera encore moins pour satisfaire nos besoins sociaux. La violence terroriste ponctuelle s’ajoute à la violence sociale permanente. Daesh, au final, c’est le résultat de la guerre qu’ils mènent déjà contre nous depuis toujours. Le résultat de leur soutien aux sales dictatures. De leur alliance avec les régimes et les mouvements fondamentalistes pour détruire les organisations de gauche dans le monde arabo-musulman. Le résultat de leur soutien, ici, pendant longtemps, aux mouvements salafistes pour maintenir la paix sociale dans nos quartiers et briser l’auto-organisation de la classe ouvrière immigrée. Le résultat du chômage, de la misère, qui minent les liens de solidarité et qui nous privent d’espoir. C’est la bourgeoisie qui, la première, repend cette idéologie individualiste, guerrière, cynique, qui nourrit les mouvements ultra-réactionnaires.

On vit une époque violente et sombre, celle de la crise du capitalisme dans tous les domaines. Oui, les perspectives immédiates ne sont pas faciles. Mais on n’a pas le choix, il va falloir prendre les choses en main, traiter les problèmes du monde à la racine, parce qu’on voit bien que les solutions que la bourgeoisie nous propose, elles, ne fonctionnent pas. On traite les révolutionnaires de démagogue, mais les premiers des démagogues, c’est la bourgeoisie, qui veut nous faire croire que tous les problèmes du monde pourraient être si simplement réglés. Prendre le problème à la racine, cela veut dire affronter et remettre en cause la bourgeoisie, le capitalisme et son Etat.

Dans l’immédiat, il faut nous unir, et organiser notre camps, et il faut le faire sur des bases politiques claires. Aujourd’hui, il faut nous battre sur plusieurs fronts  :

- D’abord, contre toute intervention militaire impérialiste en Syrie, qui ne fait que jeter de l’huile sur feu et touchent d’abord les populations. Nous voulons l’arrêt immédiat des bombardements et le retrait de toutes les troupes françaises du moyen-Orient,
- Ensuite, il faut soutenir les forces démocratiques et révolutionnaires kurdes et turques qui se battent en première ligne contre Daesh à Rojava, et qui sont l’espoir politique des peuples de la région. Il faut exiger la fin de leur répression en Europe, et exiger leur retrait de la liste des organisations terroristes de l’Union européenne.
- Il faut renforcer les premières cibles, ici, de la montée de la xénophobie, les migrants et toutes les victimes du racisme. C’est pour cela qu’il faut soutenir sans conditions leurs revendications : liberté de circulation et régularisation de tous les migrants, abolition des lois racistes !
- Enfin, pour que tout cela soit possible, il faut défendre les droits du peuple, nos droits démocratiques. Dimanche dernier, malgré l’interdiction, la manifestation de soutien aux migrants a bien eu lieu. C’est déjà une victoire ! Exigeons la levée immédiate de l’Etat d’urgence, la levée de l’interdiction de manifester, refusons toutes les nouvelles lois répressives !

Nous ne voulons pas la guerre. Mais le gouvernement et les patrons nous l’imposent. Alors nous devons la mener contre eux, nous en débarrasser définitivement, parce que la paix n’est pas possible tant qu’ils décident. C’est eux ou c’est nous ! Face à leur Unité nationale, opposons notre Unité populaire  !

Paris, 24 novembre 2015

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