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"Alerte à la catastrophe !", un livre révolutionnaire ?

Peu nombreux sont les livres (nous pensons à celui de Tom Thomas, L’écologie du sapeur Camember [1]) qui posent en des termes communistes marxistes-léninistes des éléments de réponse à toutes les questions que pose le développement capitaliste en matière d’écologie. C’est justement ce à quoi prétend le livre de Stefan Engel, dirigeant du MLPD (Parti marxiste-léniniste d’Allemagne) dans le livre Alerte à la catastrophe ! Le livre remplit-il cette tâche ? C’est ce que nous allons examiner.

 

COMPILATION

 

Le corps du livre (des pages 95 à 244) prend des allures de catalogue : la couche d‘ozone, le dérèglement climatique, la déforestation, les énergies fossiles, le nucléaire, etc, etc.
On peut apprendre des choses en matière de faits, dans Alerte, et leur mise en perspective est souvent éclairante. Le problème de l‘impasse écologique est posé largement depuis la fin des Trente Glorieuses. Il est l‘objet de grandes déclarations et de conférences internationales, mais traité par les capitalistes sur le mode « On va vous arranger cela ». Et ces dernières années, malgré les promesses démagogiques, le pillage et la pollution de la planète continuent de plus belle.
Au-delà cette compilation des nombreux problèmes écologiques, on peut évidemment facilement trouver à redire. Pourquoi, par exemple, ne pas avoir évoqué l‘ouragan Katrina et la Nouvelle-Orléans de 2005 ? La manière dont la situation a été gérée par l‘administration Bush est tellement politiquement exemplaire. Donner la consigne d‘évacuer la région fut la seule initiative préalable. Applicable uniquement par ceux qui avaient un véhicule et de quoi se payer un hôtel. Envoyer ensuite l‘armée pour empêcher les pillards, c‘est-à-dire les pauvres, de s‘approvisionner dans les magasins.
Le capitalisme, donc, nous mène à la barbarie. Une seule alternative : le socialisme. « Que faire ? », demande le sous-titre du livre. Plus précisément, la question revient à ceci : Le socialisme, en quoi est-il une solution, et même la seule solution, à ces menées du capitalisme vers une catastrophe inédite ? Et là nous retrouvons toute la ligne du MLPD, et les désaccords que nous avons avec elle…

 

UNITÉ

 

Une première divergence que nous avons avec le livre est résumée dans le sous-titre : « Que faire contre la destruction systématique de l’unité de l’homme avec la nature ? ».
Le premier chapitre porte d’ailleurs sur cette problématique : « De l‘unité fondamentale de l‘homme et de la nature ». L‘objectif final communiste semble être de retrouver cette unité fondamentale, cette harmonie à l‘image de celle prévalant lors du communisme primitif.
Or la nature, pour l‘homme des origines, était à la fois un paradis et une jungle, une mère nourricière et une marâtre. Le communisme à venir, dit la plate-forme de VP, ne sera pas non plus « une sorte de paradis terrestre... mais une société où les contradictions, bien qu‘elles existent toujours, auront perdu leur caractère d‘antagonisme de classe » (cahier 2, page 6).
Il y a, il y a eu, et il y aura unité ET contradiction. L‘homme est à la fois lui-même un élément de la nature ; celle-ci est son corps externe, « inorganique » dit Marx. Et en même temps, rien de ce que façonne l’humain n‘est naturel ; tout est artificiel, créé par lui et qui le modifie en retour. Le communisme sera l‘épanouissement du conscient, à la fois de la maîtrise et du respect de la nature ; il sera aussi l‘épanouissement de l‘artificiel.
Comment poser correctement cette évolution du communisme primitif au communisme final passant par les sociétés de classes, si cette dialectique première entre l‘homme et la nature est remplacée par une métaphysique de l‘unité ?

 

JUSQU’À PRÉSENT

 

Le défaut de caractère contradictoire apparaît dans des affirmations surprenantes. Ainsi page 37 : « Avec les sciences naturelles et le mode de production industriel, les hommes ont créé le niveau jusqu’à présent le plus élevé de l’unité de l’homme et de la nature ». La maîtrise, scientifique et technique, des lois de la nature permet à l’humanité actuelle une domination sans précédent sur celle-ci. Mais domination n’est pas unité ! Elle est maîtrise et destruction. Engels notait dans Dialectique de la Nature : « Notre domination sur la nature réside dans l’avantage que nous avons sur l’ensemble des autres créatures de connaître ses lois et de pouvoir nous en servir judicieusement ». Or, précisément, le capitalisme n’est pas dans l’utilisation « judicieuse ».
Autre paragraphe étonnant, page 80 : « Jusque dans les années 1980, la crise écologique planétaire restait un phénomène corollaire général du mode de production capitaliste. Tant que cette crise n’avait pas encore un caractère inhérent, l’équilibre écologique aurait pu être rétabli par la résistance active des masses populaires contre la politique des monopoles et de leurs gouvernements. »
Ainsi donc, jusque dans les années 1980, la crise écologique restait un épiphénomène du capitalisme. Le système, sur ce point, restait réformable. L’équilibre écologique aurait pu être encore assuré par une autre politique, un autre gouvernement. En un mot, jusqu’à la fin des Trente Glorieuses, le réformisme écologique était légitime.
C’est, de toute évidence, confondre l’apparence et l’essence, ignorer qu’une contradiction latente est tout aussi réelle et « inhérente » que la contradiction ouverte.

 

MARX ET LE COMMUNISME

 

Dans le tome 1 du Capital, Marx s’appuie sur l’ingénieur chimiste Liebig pour dénoncer la rupture du métabolisme (processus d’échanges bio-chimiques) entre l’homme et la nature, provoquée par le capitalisme. Dès ses premiers écrits, dans les Manuscrits de 1844, il affirmait : « Le communisme est la vraie solution de l’antagonisme entre l’homme et la nature, entre l’homme et l’homme » ; ou encore « La société (communiste) est l‘achèvement de l‘unité essentielle de l‘homme avec la nature, la vraie résurrection de la nature, le naturalisme accompli de l‘homme et l‘humanisme accompli de la nature. ».
Unité, unité, par conséquent, mais notez que les deux termes, homme et nature, sont toujours présents, et que la nature est « humanisée ».
Dans le tome 3, il précise encore : « La seule liberté possible est que l’homme social, les producteurs associés, règlent rationnellement leurs échanges avec la nature, qu’ils la dominent au lieu d’être dominés par sa puissance aveugle et qu’ils accomplissent ces échanges en dépensant le minimum de forces et dans les conditions les plus dignes et les plus conformes à leur nature humaine ».
Dans cette triade dialectique communisme primitif – société de classes – communisme, l’unité et la contradiction sont présentes à chaque étape. L’unité est d’abord principale, mais l’homme est dominé par la « puissance aveugle » de la nature. Puis l’homme domine, mais en profiteur, et la contradiction est principale. Enfin, il faut que l’unité et la contradiction deviennent conscientes, « rationnelles », gérées.
Ajoutons que ce programme communiste est celui d’une lutte politique, et n’est pas d’abord idéologique, celle d’un « mode de pensée » (prolétarien) contre un autre (petit-bourgeois). Une lutte de classe totale, économique et sociale, portée par une lutte idéologique et politique.
Pour Marx, le principal rapport de l’homme avec la nature est constitué de son travail, activité proprement humaine et qui est tout sauf unité. Tom Thomas, dans L’écologie du sapeur Camember, insiste aussi à juste titre sur ce point.

 

La contradiction que nous jugeons nous principale sur les questions d’écologie avec le courant bourgeois est la contradiction qui mine le capitalisme en général entre le caractère toujours plus social de la production et le caractère privé de son appropriation. Là se trouve également la grande divergence avec le courant écologiste petit-bourgeois qui sous-estime cette contradiction fondamentale, ce qui lui permet sur cette question et d’autres de se réduire à l’espoir d’un capitalisme animé par une rationalité plus équitable et raisonnable que celle du profit.

 

SOCIALISME

 

Poursuivons. Page 9 : « C‘est seulement dans une société socialiste délivrée de l‘exploitation de l‘homme par l‘homme que l‘être humain et la nature formeront une unité fructueuse. Ce ne sera que dans une société communiste sans classes que l‘humanisation de la nature et la naturalisation de l‘homme arriveront à leur achèvement relatif, comme le formula Karl Marx. » Nouvelle ambiguïté : socialisme ou communisme ? Page 51, on croise une réalité qui n‘existe pas : le « mode de production socialiste ». Citation de Friedrich Engels à l‘appui. Mais celui-ci ne parle que d‘un « bouleversement complet ».
Le résultat, en matière d‘écologie comme pour le reste, est une idéalisation de la période socialiste, qui est en réalité une longue période de transition entre deux modes de production, le capitalisme et le communisme. Par conséquent, le lieu d‘une lutte de classes impitoyable, y compris sur la manière de traiter la nature. Et une guerre révolutionnaire internationale entre pays capitalistes et pays socialistes, qui peut d’ailleurs ajouter des dégâts écologiques à ceux, déjà considérables, hérités du capitalisme.
La dénonciation de l‘anticommunisme moderne, constante de la part du MLPD, semble pertinente s‘agissant des écologistes. Mais, on le découvre dans le dernier chapitre du livre Alerte, Staline fut un grand communiste écologiste, mal entouré, comme tous les bons rois, par une petite bourgeoisie bureaucratique qui n‘avait aucune considération pour les questions environnementales (pages 310, 322). Mais pas un mot sur les précurseurs soviétiques de l’écologie, qui ont inventé les concepts de biodiversité et de biosphère (Vernadsky). Lénine, à la suite de Marx, précisait déjà qu’une gestion scientifique des ressources naturelles était nécessaire, se distinguant des politiques bourgeoises de spoliations et destructions pures et simples au profit du capital. (voir l’article sur Lénine et l’écologie)
Ceux qui, comme VP, à la suite du PCC de Mao, dénoncent la théorie des forces productives et les « désastres humains et écologiques » qu‘elle a entrainés (plate-forme de VP, cahier 2, page 8), sont-ils eux aussi victimes de la domination de l‘anticommunisme moderne ? Pour Stefan Engel et le livre Alerte (page 49), « le développement révolutionnaire des forces productives » est la « base de l‘unité de l‘homme et de la nature ». S’il veut parler de nouveaux rapports hommes/nature plus respectueux, nous pensons que la solution est essentiellement au niveau des rapports de production. Dit autrement, la cause du changement sera sociale et politique, pas technique.
La preuve principale mentionnée du caractère écologiste de la politique de l‘époque stalinienne serait la préservation des forêts (pages 309, 318, 324). Viennent ensuite l‘assolement des terres agricoles, la sauvegarde du tigre de Sibérie... Cela est contradictoire avec le point de vue émis par exemple par J. B. Foster : « La déconnexion de la pensée soviétique des questions écologiques à partir des années 1930 fut profonde, et toucha également le marxisme occidental (le révisionnisme européen) qui, jusqu’aux années 1970, négligea globalement les questions écologiques » (“Marx écologiste”, page 79). Les exemples donnés, dans les pages suivantes du livre Alerte, des réalisations de la Chine révolutionnaire, sont plus nombreux et plus convaincants. Notons qu‘en France, depuis le début du XXe siècle, « et après une longue période de régression, la surface forestière regagne du terrain (plus 6 millions d‘hectares en un siècle) » (wikipedia d‘après l’IGN). Quant à l‘assolement, désigné souvent comme « rotation des cultures », il y est appliqué depuis des siècles. Et l‘impérialisme français n‘a pas de tigre à sauver sur son sol, mais toutes sortes d‘espèces devenues rares, et il s‘y emploie. A l‘aune de Staline, l‘impérialisme français est très écologiste.

 

ALLIANCES DE CLASSES

 

« Que faire ? » est le sous-titre du livre. Mais la question vient alors très vite : Qui va faire ? Une curieuse formule, page 291, affirme que le prolétariat doit diriger la classe ouvrière : « La seule force qui est en mesure de... faire front avec détermination, c‘est la classe ouvrière à l‘échelle mondiale, à condition qu‘elle conclue, sous la direction du prolétariat industriel international concentré dans les gigantesques centres de production des supermonopoles internationaux, une alliance révolutionnaire avec tous les opprimés de la Terre. ».
On reconnaît là le schéma du MLPD, dans lequel les ouvriers, employés, aristocrates ouvriers, techniciens et ingénieurs non managers des grands groupes, voire plus précisément des pays impérialistes, sont la force dirigeante au niveau mondial. N’est-ce pas là du chauvinisme de grande puissance déjà fustigé par Lénine ? En matière d‘écologie, les organisations ouvrières étant devenues réformistes, un mouvement petit-bourgeois existe depuis les années 1970, c‘est un fait. Mais la contradiction écologie/économie n‘en est pas pour autant une contradiction classe ouvrière/petite bourgeoisie. C‘est d‘abord une contradiction interne au mouvement ouvrier (emploi et salaire contre conditions de vie et de travail, situation de producteur contre situation de consommateur), en partie une contradiction entre intérêts à court terme et intérêts à long terme. Et finalement : économisme et réformisme OU révolution et communisme ?
Le MLPD appuie la création d‘un nouveau syndicat, le « syndicat des écologistes » (page 295). Cette organisation a pour but de renforcer indirectement le parti du prolétariat. En réalité, ce serait le lieu d‘une alliance qui mettrait la classe ouvrière à la remorque de la petite-bourgeoisie dans la mesure où les ouvriers seraient dispensés d‘avoir à clarifier la question de l‘écologie dans leur propre organisation syndicale ; loin d‘avoir bâti, dans la lutte contre la politique petite-bourgeoise précisément, leur indépendance politique autour d‘une écologie révolutionnaire, leur permettant de rallier à leur point de vue et de polariser autour de leur organisation. Bref, derrière cette curieuse initiative d‘un nouveau syndicat, il y a une tactique opportuniste.
On peut lire de la même façon ce centrage, qui parcourt le livre Alerte, sur l’unité à restaurer entre l’homme et la nature. Politiquement, rien qui puisse choquer la petite bourgeoisie en lutte pour réformer le capitalisme. Elle peut se fixer ce même but, puisque les conditions de cette unité (relative) ne sont pas incluses comme nécessaires dans ce but philosophique : le changement révolutionnaire des rapports de production (et la dictature du prolétariat pour le mener).

 

QUE FAIRE ?

 

L‘agriculture moderne, chimique, pollue la nature, ce que n‘apprécient pas, à juste titre, les architectes, biologistes, physiciens, etc. Mais les premiers à en pâtir, ce sont les paysans, victimes de cancers et autres graves maladies. De même, l‘environnement le plus pollué des ouvriers est la plupart du temps leur poste de travail, et même la nourriture qu’ils peuvent se payer est de moindre qualité que celle des bourgeois. Il n‘en est pratiquement pas question dans Alerte. Pas une allusion, par exemple, au scandale très emblématique de l‘amiante.
Les conditions de travail des ouvriers semblent d‘abord abordées au détour d‘une phrase. Celles des ouvrières de l‘industrie textile (page 174), celles des ouvriers des centrales nucléaires (page 199) et des mineurs de l‘uranium (page 204). Puis « la surexploitation de la force de travail humaine » est abordée en tant que telle (page 291). (“Surexploitation” est une notion dont nous nous méfions, à VP, car le cœur du problème, c‘est l‘exploitation tout-à-fait “normale” et légale). Mais ce sujet de la surexploitation ne retient que trois pages et ne traite que du temps de travail et des horaires atypiques, problème non spécifiquement ouvrier.
Que faire ? On tremble en lisant, dans le programme pour le socialisme : « réaliser une productivité grandissante du travail ». On songe au stakhanovisme. Les notions de richesse et de travail ne sont pas subverties, déconstruites, dans Alerte, à la manière de Marx pour qui la vraie richesse était le temps libre, pour qui « le libre développement de chacun » était « la condition du libre développement de tous », le travail devenant ce « libre développement » individuel et social.
Le livre fait maintes fois la distinction dans le mouvement écologiste entre le réformisme petit-bourgeois et un courant révolutionnaire qui est à construire. Mais on y cherchera en vain une critique de la production capitaliste elle-même, ses marchandises et ses rapports de production.
Prenez ce produit-symbole du capitalisme qu’est l’automobile individuelle. Trois petits paragraphes, disséminés, en parlent. Page 94 : Les monopoles s’opposent aux énergies renouvelables et aux transports publics. Page 167 : Les piles à combustible et les moteurs électriques, c’est bien. Mais, page 250, les bio-carburants, non, car 92% d’entre eux sont produits à partir de plantes alimentaires. C’est tout. Il est noté aussi que le 7e CITA, le Conseil International des Travailleurs de l’Automobile, en 2012 à Munich, « s’est engagé à travailler résolument ». Ne pas articuler une critique de la catastrophe écologique due au capitalisme à une dénonciation de classe de la production et de la consommation qui les fait sacrifier l’homme à l’autel des profits, c’est en rester à une critique superficielle et à une lutte à tous coups inefficace. Cela participe de laisser croire que la technique peut tout résoudre si elle est bien orientée, alors que ce sont les rapports de production qui sont au cœur de la dénonciation que l’on doit porter, et de la résolution, des problèmes écologiques et des désastres sociaux et humains.
Il y a plein de passages du livre qui affirment clairement que la crise écologique « résulte de la nature » du capitalisme. Mais justement, la juxtaposition d’approches conciliantes avec la petite-bourgeoisie et de grandes déclarations anti-réformistes n‘est-elle pas symptomatique d’une clarification absente ?

 

CONCLUSION

 

En résumé, au niveau philosophique, derrière des références permanentes au matérialisme dialectique, le livre a pour base la vision d‘une unité métaphysique entre l‘homme et la nature.
Au niveau historique, derrière une volonté de contrer l‘anticommunisme bourgeois, il alimente celui-ci en appelant socialistes des sociétés qui n‘en avaient que le nom, en réalité des capitalismes d‘Etat et des contre-exemples en matière d‘écologie.
Au niveau stratégique, il affirme que la révolution prolétarienne est la seule solution de la catastrophe écologique, mais les problèmes de vie et d‘environnement tels qu‘ils se posent spécifiquement pour la classe ouvrière ne sont pas au cœur du livre, ni les bouleversements nécessaires de la production et de la consommation qu’elle entraînera.
Au niveau tactique, il appuie la création d‘un syndicat des écologistes qui, au lieu de rallier la petite-bourgeoisie au prolétariat, placera celui-ci sur le terrain de celle-là.
Ce livre est d‘autant plus pernicieux qu‘il se réclame de Marx, de Lénine, de Mao et du communisme !

Alerte à la Catastrophe ! Que faire contre la destruction délibérée de l’unité de l’homme et de la nature ? 17€50

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