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Nationalisations et démocratie
Pour le Parti N°1NS - février 1978
"Pas de véritables changements sans les nationalisations", "il faut un seuil minimum de nationalisations"... la propagande du PCF n’arrête pas de marteler ce thème des nationalisations, soi-disant condition indispensable et première à toute amélioration du sort de la classe ouvrière.
Néanmoins, de plus en plus nombreux sont les ouvriers qui ne mordent pas à cet hameçon rouillé. Voilà presque 100 ans que les réformistes préconisent cette solution miracle. Et l’appliquent sans résultat. Par exemple, c’est dès 1906 que furent nationalisés les Chemins de Fer de l’Ouest. Dès 1937, créée la S.N.C.F. Sans parler de la grande vague de la Libération, sous la direction conjointe des communistes et gaullistes : Renault, EDF, l’Aéronautique, les Mines, etc. Tant et si bien qu’aujourd’hui c’est plus des 3/4 du secteur financier qui commande tout, qui est aujourd’hui nationalisé. Ainsi que l’essentiel de la production d’énergie (électricité, gaz, houille, atome, pétrole), des transports, des communications. Et beaucoup d’autres entreprises encore qui dépendent plus ou moins entièrement de l’Etat.
On peut donc juger sur pièces. Et cela permet aux ouvriers qui y regardent à deux fois, que comprendre que toutes ces nationalisations n’ont rien apporté au prolétariat et, bien sûr, qu’elles n’ont rien à voir avec le socialisme. Comme ils disent : "A Renault, l’ouvrier est toujours ouvrier".
Aussi faut-il enrober le vieil hameçon rouillé d’un appât supposé bien appétissant. Mettre le même vinaigre dans des tonneaux neufs pour essayer de faire croire qu’il s’agit de bon vin.
Le PCF croit avoir trouvé la recette en accouplant systématiquement le mot démocratique à celui de nationalisation. Voilà qui rassure la petite bourgeoisie : les cadres, ingénieurs et autres ne seront pas dirigés par la classe ouvrière. Voilà qui fait progressiste dans la bouche d’un vieux parti bureaucratique. Voilà qui permet aux révisionnistes de faire « moderne », de se rapprocher un peu plus encore de leurs compères de la CFDT et autres autogestionnaires.
Au fond, la CFDT avait depuis longtemps indiqué aux révisionnistes cette recette pour enrober les nationalisations d’un habit neuf. A savoir : "Poser le problème des nationalisations en termes qualitatifs" ; ne pas se contenter seulement "d’un changement de propriété, mais aussi de changer les rapports des travailleurs avec leurs patrons" ; oui aux nationalisations à condition que "les entreprises ne soient pas dépendantes de l’Etat. Il ne saurait y avoir confusion entre le pouvoir politique et le pouvoir économique". Ce langage, le PCF l’a repris, en particulier justement lors de sa rencontre avec la CFDT (déclaration du 7.11.77) : "Les nationalisations doivent être liées à une démocratisation générale de toute la vie sociale. La marche au socialisme, le socialisme lui-même, c’est cela".
Ainsi, il y aurait aujourd’hui un nouveau type de nationalisation. Non plus « bureaucratique », « étatistes », « autoritaires », mais « démocratiques ». « Démocratiser l’économie » serait le but. Les nationalisations ne seraient que le moyen qui permettrait de « porter un coup décisif aux monopoles capitalistes », de diminuer le pouvoir de l’Etat (« désétatiser »), de renforcer par là même celui des travailleurs. Eh bien, examinons un peu ce raisonnement : nationaliser pour affaiblir les monopoles, nationaliser pour ensuite démocratiser sur la base de « ce coup décisif » qui leur serait ainsi porté.
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