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« Le capital industriel est également de l’argent » (Engels)
Les experts bourgeois, réformistes, alternatifs et autres, nous disent que nous avons une crise financière. Donc, il suffirait de mieux gérer les banques, ou de les nationaliser, pour que le capital tourne mieux. En tant que marxistes-léninistes, nous répondons que c’est faux. La crise n’est pas (ou n’est pas que) une crise financière, mais une crise de suraccumulation de capital et de baisse du taux de profit. C’est dans les rapports de production qu’il faut chercher la solution, pas dans la gestion des banques.
L’origine de la crise se situe dans la dégradation du taux de profit, la crise financière n’étant qu’une conséquence. Marx expliquait : « C’est la baisse du taux de profit qui suscite la concurrence entre capitaux et non l’inverse ». Pour rétablir son taux de profit, le capitaliste peut augmenter le temps de travail, ou la productivité. La deuxième solution a été privilégiée, avec à la clef des délocalisations dans des pays où la main-d’oeuvre est moins chère. On en arrive à des surproductions (comme dans l’automobile) et pour se rétablir, le capital doit se purger, c’est-à-dire licencier. Pendant ce temps, le même phénomène se prépare dans d’autres branches.
Il faut partir de la formule de Marx A-M-A’ : L’argent A est échangé contre une marchandise M, laquelle est de nouveau échangée contre de l’argent A’. Le ’, c’est la plus-value.
Tom Thomas* écrit : « Nous devons insister sur le fait que la suraccumulation du capital révélée par la crise générale se manifeste comme suraccumulation de toutes les formes que le capital revêt dans le procès de production (A-M-A’). Dans ce procès de production de la plus-value, qui est son existence propre, il passe sans cesse de la forme argent à celle de moyens de production, matières premières, force de travail, marchandises, puis à nouveau argent. Et cela recommence indéfiniment. Un procès est relancé avant même que le précèdent ne soit achevé, ce que permet le crédit.(...) La conséquence en est que la suraccumulation apparaît toujours dans un secteur particulier (par exemple, l’immobilier en 2007-2008), ou la pénurie dans tel autre (par exemple, le « choc pétrolier » en 1974). Evidemment la crise se déclenche toujours pour une cause particulière de sorte que les « experts » la prenne pour LA cause ».
On peut aussi en ce sens reprendre ce qu’écrit Engels sur le Capital de Marx : « A-M-A’ semble, il est vrai, n’être qu’une forme propre au seul capital commercial (marchand). Mais le capital industriel est également de l’argent qui se transforme en marchandise, et par la vente de marchandise se retransforme en une somme d’argent supérieure ». Comme nous disions dans l’édito de Partisan de juin : « La bourgeoisie vit à crédit. Elle parie sur un marché. C’est sa manière de fonctionner. Elle est toujours dans le court terme, elle sacrifie l’avenir de l’humanité à la course aux profits ».
Certains nous diront : « Crise de surproduction ou pas, ça ne change rien, l’important c’est de lutter ! ». Pas d’accord, car si la lutte nous met dans les mains « d’experts » bourgeois qui vont doctement nous expliquer qu’il faut « réguler les banques », on va dans le mur. La voie révolutionnaire sera abandonnée, et les travailleurs en lutte seront à la remorque de ces « experts » qui, comme toujours, braderont les luttes pour des miettes. Le rôle des communistes, et donc de notre journal, est d’éclairer sur les raisons profondes de la crise (même si ses aspects changent) et ne laisser aucune illusion sur la possibilité d’un capitalisme régulé. Ce « n’est pas ce qui se dit dans les médias », « c’est à contre-courant ». Mais les médias sont liés au système par l’argent, la pub ; leur crédibilité est faible.
La crise touche tous les milieux, en particulier populaires, et c’est là qu’il faut développer les explications sur ce qu’est cette crise. Combattre la crise, c’est aussi combattre le système capitaliste, et aller vers le communisme qui seul pourra mettre fin aux crises.
Friedrich Engels écrivait en 1890 (lettre à Conrad Schmidt du 27 octobre) :
« Il en est des reflets économiques, politiques et autres, comme de ceux qui se produisent dans l’oeil de l’homme : ils traversent une lentille et se présentent renversés, sur la tête. Seulement le système nerveux manque, qui remet l’image sur ses pieds. Celui qui appartient à un marché financier ne voit le mouvement de l’industrie et du marché du monde que dans la réflexion intervertissante du marché d’argent et d’effets de commerce ; pour lui l’effet devient cause. C’est ce que j’ai déjà vu à Manchester, après 1840. Au point de vue du mouvement de l’industrie et de ses minimums et maximums périodiques, les cours de la Bourse de Londres étaient absolument inutilisables parce que l’on voulait tout expliquer par des crises du marché monétaire, qui n’étaient elles-mêmes que des symptômes. »
