Vous êtes dans la rubrique > Archives > Retrait du Code de la Nationalité !

Retrait du Code de la Nationalité !
Partisan N°17 - Janvier 1987
Nous publions ci-dessous un tract diffusé lors de la manifestation du 10 Décembre, par un Collectif d’action Banlieue-Cités, regroupant plusieurs associations travaillant avec les jeunes des cités.
Après les Marches pour l’Egalité, les jeunes des cités se sont largement mobilisés lors du mouvement étudiant, même si le retrait de la loi Devaquet n’était pas leur objectif immédiat. A la base, un ras-le-bol généralisé face à la multiplication des mesures répressives prises par le gouvernement : petits boulots, drogue, prison... la révolte s’est cristallisée sur le projet de Code de la Nationalité, qui, même repoussé, sera débattu au printemps.
D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si Chirac a préféré reporter ce débat, pour essayer de désamorcer la nouvelle bombe qui menaçait de lui péter dans les mains, avec l’amorce du mouvement étudiant.
Il est évident que ce projet va mobiliser massivement les jeunes dans les mois qui viennent (c’est déjà en route !).
Il est d’autant plus important, dès aujourd’hui, de définir une position communiste à prendre dans cette mobilisation, non pas pour la démocratie et le retour à une situation antérieure, mais pour avancer vers la fusion des nations, la disparition de l’impérialisme et donc la prise du pouvoir par la classe ouvrière par la destruction du pouvoir bourgeois.
Ce tract est un bon exemple de travail de masse pouvant aider le travail révolutionnaire en ce sens. Nous reviendrons, dans les numéros suivants, plus à fond sur la question.
A.D.
Malik, massacré à coups de pompes et de matraque par des voltigeurs, à Paris.
Abdel, buté à bout portant par un flic en civil, à Pantin. L’addition est lourde, trop lourde.
Il est un temps pour pleurer, mais aussi un temps pour agir. N’oublions pas que ces deux morts s’ajoutent aux 250 jeunes immigrés, flingués dans les cités, torturés dans les commissariats ... Et les 18 personnes, femmes et enfants, brûlés vifs dans les immeubles du 20ème arrondissement.
La flaque de sang que Chirac-Pasqua-Monory ont fait couler, a scellé de façon indélébile les deux grands mouvements de la jeunesse : contre l’école de la sélection et pour le respect des immigrés. Les deux morts sont des français d’origine immigrée. CE N’EST PAS UN HASARD. Deux morts c’est trop. Combien de martyrs avec le nouveau Code de Nationalité ?? Ca ne peut plus durer.
IL FAUT GARDER NOTRE FORCE. Ne pas laisser l’habitude et le silence retomber sur nos morts. NE LACHONS PAS. Empêchons-les de nous enfoncer avec leur nouveau code de nationalité. L’avenir de la jeunesse ne peut se renforcer que dans cette voie.
POURQUOI VEULENT-ILS SELECTIONNER LES FRANÇAIS ??
Auparavant les jeunes étrangers nés en France avaient la nationalité française à 18 ans. Le projet de loi exige qu’à l’avenir les enfants étrangers fassent une demande entre 16 et 23 ans.
Le gouvernement prétend que devenir français doit être un acte volontaire. Mais les enfants de français n’ont jamais rien demandé à personne pour devenir français. Alors pourquoi exiger une demande particulière de la part d’enfants nés en France, qui ont grandi avec leurs copains français ?? Y aurait-il des français de 2ème zone ??
Le projet de loi prévoit de ne donner la nationalité qu’après un examen de passage. Au nom de quels critères va-t-on décider que tel ou tel est assimilé en France ? Prenons l’exemple des ouvriers immigrés de Talbot en 1984... Ils se sont battus courageusement contre les licenciements. P.Mauroy, 1er ministre socialiste de l’époque, a dit qu’ils mettaient l’industrie de la France en danger. Va-t-on les considérer comme indignes d’être français ??
Et les lycéens d’origine étrangère qui se battent aujourd’hui, vont-ils être considérés comme indignes, eux aussi, d’être français, alors qu’ils luttent côte à côte avec leurs copains, étudiants et lycéens, français ??
Le projet de loi prévoit d’interdire la nationalité française à quiconque aura une condamnation de plus de 6 mois de prison.
Pourquoi ne pas dans ce cas retirer la nationalité aux français qui feront 6 mois de prison ? Les immigrés seraient-ils une espèce à part ? On veut coller l’étiquette : immigrés = délinquants. Mais la délinquance en France est le fruit pourri de la société française qui jette des milliers d’individus au chômage ou dans la drogue.
La conclusion de tout cela, c’est que le gouvernement ne voudrait accepter comme français que des gens soumis aux exploiteurs et qui ferment leur gueule.
A BAS CETTE LOI RACISTE, ANTI-POPULAIRE et IMPERIALISTE
La réforme du Code de Nationalité est très grave. Elle vise à casser le mouvement de la 2ème génération qui a été à la pointe de la contestation du racisme et de la galère.
Elle vise à développer le racisme en désignant les étrangers comme des délinquants et ainsi à exciter la division des ouvriers français et immigrés au profit des exploiteurs. Elle vise à écraser les immigrés par la peur de l’expulsion (loi Pasqua). Elle vise à faire chanter les travailleurs français en les menaçant de les remplacer par des immigrés, rendus moins exigeants par la peur. Elle vise une nouvelle fois à écraser les anciennes colonies en leur renvo¬yant le chômage.
UN MORT C’EST TROP DEUX MORTS... VA-T-ON LAISSER LE GOUVERNEMENT NOUS MASSACRER ??
Quand on soumet les immigrés à la menace de l’expulsion, quand on a pour projet de doubler le nombre de places en prison, quand on tape à fond sur les drogués et qu’on ne touche pas aux gros bonnets, quand on aggrave la sélection dans les écoles, quand on renvoie une partie de la misère sur les pays opprimés, quand le ministre du travail affirme ouvertement que pour 2,5 millions de personnes, il n’y a plus aucun espoir de boulot, LE MESSAGE EST CLAIR
ILS VEULENT NOUS ENFONCER DANS LA MISERE ET NOUS FAIRE PEUR P0UR EMPECHER TOUTE REVOLTE
BEURS, BLANCS, BLACKS UNIS POUR NOUS DEBARRASSER DE L’EXPLOITATION
- Il faut se battre à fond contre le projet de réforme du Code de Nationalité. Mais il faut reconnaître que la formule antérieure n’était pas satisfaisante ; on devenait français même si on ne le voulait pas. Surtout, pour trouver du travail ou un logement, français ou immigré, c’est la couleur qui compte plus que la nationalité.
On s’oppose donc à l’aggravation de notre sort mais on ne défend pas la situation antérieure.
Les immigrés vivent deux cultures ; ils doivent pouvoir prendre la nationalité française s’ils le désirent sans renier l’autre. C’est pourquoi nous réclamons, avant tout, l’égalité des droits sociaux et politiques - y compris le droit de vote - pour les immigrés, ou la double nationalité.
On sait aussi que même les lois ne sont pas respectées par ceux qui les décident. Par exemple, la discrimination raciale est interdite par la loi de 1972, mais de plus en plus de maires la violent ouvertement en refusant des logements à des gens de couleur - même français - alors qu’il y a des milliers de logements vides.
Pour casser le racisme, il faut arracher ses racines : que les pays impérialistes arrêtent d’écraser les pays dominés, que les exploités combattent les idées et aspects réactionnaires de toutes les cultures, que le travail soit organisé pour épanouir la masse des gens et pas pour les profits d’une minorité, que les appareils de répression dressés contre les prolétaires - justice, police, armée - soient détruits et remplacés par les forces de défense des intérêts du peuple... C’est cette voie qu’ont ouvert les jeunes des Marches Antiracistes, qui se développe dans les occupations de logements vides par des familles immigrées de LYON et PARIS, qui se cherche dans l’élan de la Jeunesse vers le Tiers-Monde et contre l’APPARTHEID.
JEUNES, LYCEENS, CHOMEURS, ETUDIANTS, TRAVAILLEURS, INTERIMAIRES, TUC, TOC, CONTINUONS A NOUS FAIRE RESPECTER.
Luttons jusqu’au bout pour arrêter le projet criminel du nouveau Code de Nationalité.
LIBERATION DE GANOZZI, ENFERME A LYON POUR AVOIR LUTTE CONTRE LES EXPULSIONS DE FAMILLES IMMIGREES.
RELOGEMENT DES FAMILLES SINISTREES DU 20ème.
A BAS TOUS LES QUOTAS RACISTES.