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Plus-value
Partisan N°278 - Novembre 2014
Le marxisme c’est pas sorcier
L’ORIGINE DU MOT
« Plus-value » est un mot composé anglais, utilisé dans le langage courant : « impôt sur les plus-values ». Il est donc emprunté, ce n’est pas un hasard, à la nation pionnière du capitalisme. Mais il venait du continent. Le mot « value », au sens de valeur, a été utilisé en France du XIIIe au XVIe siècle ; dérivé du latin « valere », valoir, ou être en bonne santé. Dans l’antiquité, un objet usé, un animal ou un esclave malade valait moins cher !
Plus-value signifie survaleur, valeur supplémentaire. Notion centrale chez Marx. Avec un mystère à éclaircir : d’où vient cette capacité d’un capital à faire des petits, à créer de la survaleur, du profit ?
SIGNIFICATION
Marx explique : « S’il ne faut au travailleur qu’une demi- journée de travail pour vivre une journée entière, il n’a besoin, pour prolonger son existence de travailleur, que de travailler une demi-journée. La deuxième moitié de la journée de travail est du travail forcé, du surtravail. Ce qui apparaît du côté du capital comme survaleur apparaît exactement du côté du travailleur comme surtravail au-delà de son besoin de travailleur » (1). « Tout comme la nourriture dont un cheval a besoin et le temps qu’il peut porter son cavalier sont deux choses tout-à-fait distinctes » (2).
« Le salaire n’est pas ce qu’il paraît être, à savoir la valeur (ou le prix) du travail, mais seulement une forme déguisée de la valeur (ou du prix) de la force de travail... L’ouvrier salarié n’est autorisé à travailler pour assurer sa propre existence, autrement dit à exister, qu’autant qu’il travaille gratuitement un certain temps pour les capitalistes... ; tout le système de la production capitaliste vise à prolonger ce travail gratuit par l’extension de la journée de travail ou par le développement de la productivité, c’est-à-dire par une plus grande tension de la force de travail... : le système du travail salarié est, par conséquent, un système d’esclavage... quel que soit le salaire, bon ou mauvais, que reçoit l’ouvrier » (3).
« Rente, taux d’intérêt et profit industriel ne sont que des noms différents des différentes parties de la plus-value » (4).
Est-ce que, dans la société communiste, « chaque travailleur doit recevoir un produit intégral du travail » ? Pas du tout ! Sur la « totalité du produit » du travail, « il faut défalquer » : un fonds d’investissement, « un fonds de réserve ou d’assurance », « les frais généraux d’administration », « ce qui est destiné à satisfaire les besoins de la communauté », « le fonds nécessaire à l’entretien de ceux qui sont incapables de travailler »... (5). Bref, pour ne plus être exploités, les travailleurs ne peuvent qu’exproprier les capitalistes et gérer collectivement l’ensemble de l’économie et de la société.
LES MOTS QUI SERVENT À CAMOUFLER
Le langage courant appelle exploitation ce qui est sur-exploitation : un salaire trop bas, une journée de travail trop longue. Mais le surtravail et la plus-value sont la norme, légale, de l’exploitation capitaliste. Le travailleur doit « se mettre aux genoux du riche pour obtenir de lui la permission de l’enrichir » (6).
Les réformistes essaient d’entretenir l’espoir d’un retour au « développement de la productivité » (3) - qui est augmentation de la plus-value relative - rendu possible après les immenses destructions de la dernière guerre mondiale ; alors que la crise provoque maintenant « extension de la journée de travail » (3) et baisse du pouvoir d’achat - c’est-à-dire augmentation de la plus-value absolue.
POUR EN SAVOIR PLUS
1) Gründrisse (Manuscrits de 1957-58).
2) Salaire, prix, profit, chapitre 8, La production de la plus-value. OC, tome 2, page 57.
3) Critique de programme de Gotha, Ed. Sociales, page 39.
4) Salaire, prix, profit, chapitre 11.
5) Critique du programme de Gotha, page 28-29.
6) Théories sur la plus-value - cahiers 6 à 20 du Manuscrit de 1861- 1863, tome 1, page 403 (Marx cite ici un certain Linguet).

