Approfondir > L’insurrection en Tunisie et l’avenir de la révolution arabe

L’insurrection en Tunisie et l’avenir de la révolution arabe

Traduction d’un article d’Alan Woods 15 /01/11

Le merveilleux mouvement des travailleurs et de la jeunesse tunisienne est une inspiration et un exemple pour le monde entier. Pendant plus d’une semaine la Tunisie a vécu une révolution épique. Le soulèvement de masse s’est achevé par l’éviction du dictateur haï Ben ALI après 23 ans de pouvoir.

Le soulèvement a pris tout le monde par surprise, y compris le gouvernement. Le 6 janvier, The Economist déclare de façon confidentielle « Il est peu probable que les troubles en Tunisie parviennent à déloger le président de 74 ans, ou même à ébranler son modèle autocratique. La nation Nord africaine semble être un paradis de stabilité et de relative prospérité, quoique tenu d’une main de fer avant tout ». Pour les investisseurs étrangers, Tunis a représenté une place d’investissements en toute sécurité, et une ressource de main d’œuvre bon marché pour les touristes, un lieu où profiter de la vie en se dorant au soleil.

Mais ce qui semble être un coup de tonnerre dans un ciel bleu, a en réalité été préparé depuis des décennies. Ce qui vient d’arriver est le reflet d’une situation économique détériorée d’une part, ce qui a un fort impact sur le peuple, en particulier dans les couches sociales les plus défavorisées. D’autre part, et ceci quoique moins visible est plus important, la Révolution ne peut pas seulement s’expliquer par la pauvreté, car les masses souffrent depuis toujours de cette pauvreté. Il s’agit d’un processus dialectique au cours duquel un milliers de petites injustices accumulées ont atteint le seuil critique qui rend l’explosion inévitable . Lorsque la société atteint ce point, n’importe quel accident peut provoquer l’explosion.

En l’occurrence, il s’agit de l’immolation d’un vendeur de fruits à Sidi Bouzid, étincelle qui a provoqué la conflagration générale. Mohamed Bouazizi, le jeune homme qui s’est immolé, était en réalité un jeune diplômé qui, comme tant d’autres, ne parvenait pas à trouver un véritable emploi. Il a donc tenté de vivre en vendant fruits et légumes, mais même ceci est devenu impossible lorsque la police l’a empêché de continuer, faute de permis. De désespoir, il a décidé de mettre fin à ses jours par son dramatique suicide. Le jeune homme est mort quelques jours plus tard. C’est son geste qui a provoqué une vague de manifestations et d’émeutes.

L’augmentation du prix de la nourriture et d’autres produits de base , le chômage galopant et le manque de liberté ont provoqué les émeutes qui se sont propagées et ont pris une ampleur nationale. Aux couches pauvres qui ont démarré le mouvement, se sont joints les étudiants et les travailleurs qui ont défilé en criant dans les rues leur haine du régime. Un nouvel élément de l’équation consiste en l’émergence d’une couche importante de jeunes formés à un haut niveau mais qui ne trouvent pas d’emploi. A l’époque où des millions de personnes ont accès à Internet et à la télévision, où les gens deviennent conscients de l’insolent mode de vie luxueux des riches, l’absence de possibilité d’échapper à la pauvreté et au chômage devient insupportable.

Ben Ali et le clan Trabelsi étaient synonymes de corruption, de gigantesque inégalité, et de répression politique. Le niveau de corruption était tel qu’il a provoqué l’indignation de l’ambassadeur US ainsi que nous l’avons appris par Wikileaks. Le mouvement de masse qui a démarré par des manifestations contre les insupportables conditions de vie, le chômage et le coût croissant de la vie, a rapidement acquis un caractère politique que l’on peut résumer par le mot d’ordre « Ben Ali dehors ! »

Une fois le feu allumé, plus moyen de l’arrêter. La vague insurrectionnelle a gagné le pays, avec manifestations de masse contre le chômage, les prix alimentaires, la corruption. Le grand nombre de chômeurs parmi les diplômés, la frustration du manque de liberté et les excès de la classe dominante ainsi que la colère contre les brutalités policières ont, tout ensemble, provoqué l’étincelle d’une vaste manifestation de colère populaire qu’il n’est plus possible de stopper.

DE LA REPRESSION AUX CONCESSIONS

Le clash est devenu plus dangereux et a provoqué des morts au cours du week end du 8/9 janvier et le mouvement a alors gagné Tunis, la capitale. Secoué par l’ampleur de la révolte dans les rues, le régime a alors tenté de se sauver en recourrant à une combinaison de répression et de concessions. Comme toujours, le premier recours a été celui de tir à balles, gaz lacrymogènes et coups de matraque. La férocité de la répression policière a choqué certains journalistes de l’Ouest . Il est impossible de dire combien de personnes ont perdu la vie au cours de ces affrontements, mais selon les organisations humanitaires de défense de droits de l’homme, au moins 60 personnes ont été tuées (ndlr : en date du 15/01) .

Mais après une semaine, il est devenu évident que ces méthodes n’allaient pas marcher. Au contraire, ceci a jeté de l’huile sur le feu. Une fois qu’un peuple entier se dresse et dit NON, aucun Etat, armée ou police au monde ne peut plus l’arrêter.

Au début du mouvement, le Président a nié que la police ait exagérément réagi, déclarant qu’elle protégeait la propriété publique contre un petit nombre de « terroristes »  ; ceci n’a en rien arrêté les manifestants. Toutes les universités et écoles ont été fermées dans le but de garder les jeunes à la maison, loin des rues. Cette tactique a également échoué. Peu a peu le régime s’est effrité sous ses propres yeux, et la réalité a enfin pénétré le crâne épais du président.

Le 12 janvier, il a démis son ministre de l’intérieur et ordonné d’écarter tous ceux qui avaient pris des responsabilités pendant les émeutes. Il a également créé une « commission de sécurité » pour faire des investigations sur la corruption. Ceci nous fait penser à Satan contrôlant Belzébuth. Il a également promis de s’attaquer à la cause principale du problème en créant 300 000 emplois . Mais la révolte a continué et a atteint le centre de la capitale le 13 janvier 2011 en dépit du couvre-feu.

Ben Ali a promis de s’attaquer à la hausse des prix des produits alimentaires, d’accorder la liberté à la presse et l’accès à Internet, de développer la démocratie et de revitaliser le pluralisme. Il s’est également engagé à ne pas modifier la constitution afin de lui permettre de se présenter à nouveau aux élections de 2014 ; enfin dans un ultime mouvement pour se sauver lui-même, il est apparu à la télévision pour promettre que la police n’était plus autorisée à tirer sur les manifestants et pour annoncer une série de réformes. Mais il est facile de comprendre que tout ceci n’était pas en mesure de préserver son pouvoir.

Le président a seulement ordonné de cesser les tirs à balle réelle lorsqu’il a été clair que la poursuite des massacres par la police risquait de provoquer une mutinerie dans l’armée au plus haut niveau. Un site web en français relate des troubles au sein des forces armées et un conflit ouvert entre la police et l’armée : « l’un des développements les plus nouveaux et intéressants a été la prise de distance d’une fraction de l’armée vis-à-vis du régime. Le lundi, une douzaine de militaires a monté la garde devant le palais de Kasserine, à la fois pour prévenir des troubles éventuels à l’intérieur et pour protéger les avocats » selon plusieurs sources.
Plusieurs cas de fraternisation entre l’armée et la population ont été signalés, et dans certains cas, des manifestations de l’armée contre la police. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’armée a disparu des rues et a été remplacée par la police. Lorsque les manifestations de masse ont atteint le palais présidentiel, le peuple et les soldats se sont embrassés.

La manifestation de révolte a atteint un sommet vendredi, au moment où des milliers de personnes sont sorties du ministère de l’intérieur, l’un des symboles du régime. Beaucoup sont montés sur le toit. La police a répondu avec des tirs de bombes lacrymogènes, mais en vain. Les masses, dans les rues, avaient acquis le sens de leur pouvoir, ayant correctement interprété le discours du président comme signe de sa faiblesse. Partout le slogan est monté « Ben Ali doit partir ! » Ben Ali avait déjà promis de partir en 2014 mais ce calcul s’est avéré quelque peu optimiste. Le peuple, dans la rue, a exigé sa démission immédiate.

Avec une hâte indécente, le président déchu a dissout le parlement et le gouvernement, plié bagages et s’est dirigé vers le plus proche aéroport. Ben Ali et sa famille ont quitté la Tunisie en quête d’un asile. Mais ceci est plus aisé à dire qu’à faire. C’est une triste réalité de la vie que lorsqu’un homme et riche et a du succès il a beaucoup d’amis, mais que l’échec ferme les portes devant lui.

Le président Nicolas Sarkozy a poliment mais fermement rejeté la requête de son vieil ami d’atterrir en France. Les dernières informations disent qu’il se trouve en Arabie saoudite, à Jeddah, ou il va recevoir un accueil plus sympathique de la Maison Saud qui doit commencer à se soucier de connaître un sort semblable dans un futur assez proche.

Le départ précipité du président a préparé le terrain pour des manœuvres au sommet, avec la main de Washington tirant les ficelles anxieusement derrière le rideau. Le premier pas accompli a été le discours télévisé de M. Ghannouchi annonçant qu’il serait président par intérim et que l’état d’urgence était déclaré.

Des soldats ont commencé d’ores et déjà à décrocher les omniprésents portraits de Ben Ali des panneaux officiels, et des murs des bâtiments publics dans le pays. Les leaders espèrent qu’en décrochant les signes officiels de l’autoritarisme du régime, les masses seront satisfaites et retourneront chez elles. Ceci signifierait maintenir en place ceux qui ont eu entre les mains les rênes du pouvoir tout en donnant l’illusion que quelque chose a changé.

Il serait absolument stupide d’attendre de cette clique qu’elle introduise des réformes significatives et des élections libres. M Ghannouchi est un membre dirigeant de l’ancien régime : il est « l’homme de Ben Ali ». Il a été l’architecte de la politique économique qui contribue à l’état présent. Il a été au cœur du régime depuis le début. On ne peut lui faire aucune confiance pour agir dans l’intérêt du peuple. Alors même qu’il fait de subtiles discours sur la démocratie, le constitutionnalisme, il a mis en place l’état d’urgence, consolidé les pouvoirs de l’armée et de la police.

Tout ceci n’est qu’une tactique de l’armée et de l’élite du régime afin d’en finir avec le mouvement de révolte et de consolider leur pouvoir.

La réalité derrière la façade démocratique est le maintien des décrets d’état d’urgence, l’interdiction de rassemblement de plus de trois personnes et le couvre feu. Les forces de sécurité ont été autorisées à tirer sur quiconque ne respecterait pas ces ordres.

L’Hypocrisie des impérialistes

Tout ceci a tiré la sonnette d’alarme à Washington, Paris et Londres. Les impérialistes ont été choqués par les évènements qu’ils n’avaient pas anticipés, et qu’ils sont impuissants à contrôler. Les révolutions ne respectent pas les frontières et encore moins les frontières artificielles établies par l’impérialisme au sein du Maghreb.

L Afrique du nord et le « middle EAST » sont fondamentaux pour les intérêts économiques et stratégiques des USA et de l’UE, spécialement pour la France. Un analyste des affaires arabes intervenant à la BBC Magdi Abdelhadi a déclaré : « la démission de M. Ben Ali peut démonter l’intégralité de l’ordre post-colonial en Afrique du nord, et dans l’ensemble du monde arabe. »  Ce propos est très juste et atteint le cœur du sujet.

Maintenant que les masses ont évincé le tyran par leur soulèvement héroïque, les gouvernements des pays de l’ouest se bousculent pour en appeler à la démocratie. Sarkozy a déclaré qu’il se tenait aux côtés des citoyens de Tunisie, ce pays autrefois protectorat français. Sarkozy a érigé le cynisme au stade au stade de l’art. S’ il y avait un prix de l’hypocrisie, il le gagnerait certainement.

En avril 2008, il a déclaré durant son voyage en Tunisie : « votre pays est engagé dans la promotion des droits de l’Homme, et des libertés fondamentales » Quelques mois plus tard, le dirigeant du FMI, DSK a déclaré fin 2008 que le régime de Ben ALI était « un modèle pour les pays émergents » ! Ces hommes ne peuvent pas plaider l’ignorance. Depuis des décennies, les défenseurs des droits de l’homme ont dénoncé les innombrables violations en Tunisie, mais ceci n’a pas empêché le président français d’être le premier des chefs d’état (et l’un des rares) à féliciter Ben Ali d’avoir à nouveau gagné les élections en 2009 ; maintenant, ce même homme peut sans rougir déclarer « seul le dialogue peut apporter la démocratie et une issue à la crise en cours. »

Ces termes rusés sont supposés être un piège pour les gens sans méfiance. Les masses révolutionnaires sont invitées à cesser la lutte et à entreprendre un amical dialogue. Avec qui ? avec les gens qui les ont volés et dominés depuis des décennies, ces gens dont les mains sont couvertes du sang du peuple. Qui est l’homme qui lance cette invitation amicale ? C’est celui qui a soutenu les droits du bourreau tunisien jusqu’au moment où il a été éjecté par les masses. Car tout au long du soulèvement du peuple tunisien, Sarkozy est demeuré silencieux mais son gouvernement tentait de sauver la dictature.

L’armée a tiré à balles réelles sur le peuple, mais le porte-paroles du gouvernement français François Baroin a déclaré que condamner la répression « démontrerait une ingérence » comme si la présence de l’armée française dans la plupart des pays d’Afrique n’avait rien à voir avec la démocratie et ne constituait pas une ingérence de premier ordre !

Le ministre de l’agriculture, Bruno Lemaire, a été assez ouvertement un défenseur de Ben Ali : « c’est quelqu’un que l’on sous-estime, mais il a réalisé un tas de choses » a –t-il déclaré. Nous ne saurons pas à quoi il faisait référence, que ce soit bon ou mauvais. Ce que nous savons, c’est que la ministre des affaires étrangères, Mme Alliot- Marie est même allée plus loin que son collègue offrant à Ben Ali « le savoir-faire de nos forces de sécurité ». Ainsi les « démocrates « de Paris ont-ils offert à la dictature de réprimer sa population dans un pays que la France avait colonisé pendant 73 ans. Difficile pour le vieux monde de disparaître !

Trois jours après les tirs contre la foule désarmée, François Fillon a déclaré qu’il était « ennuyé par cette violence disproportionnée », plaçant ainsi les victimes et les bourreaux sur le même plan. Poursuivant cette rhétorique il a appelé «  toutes les parties à la retenue et au recours au dialogue ». Mais nul n’a jamais expliqué comment on pouvait « choisir la voie du dialogue » avec la police qui tire sur tout ce qui bouge.

Maintenant que tout est joué, tous ces « démocrates « sont anxieux de donner des conseils au peuple tunisien. Et pas uniquement à Paris. Barak Obama a gracieusement condamné la violence contre les citoyens tunisiens « exprimant pacifiquement leur opinion en Tunisie », mais le même homme, ainsi que nous le savons par Wikileaks, était en pleine connaissance des faits concernant la corruption et le régime répressif à Tunis, et n’a absolument rien fait contre.

Ce même homme déclare maintenant « j’applaudis le courage et la dignité du peuple tunisien » mais il s’est empressé d’ajouter « J’invite toutes les parties à maintenir le calme et éviter la violence, le gouvernement tunisien à respecter les droits de l’homme, et à se diriger vers la liberté et vers des élections régulières dans un futur proche afin de respecter les aspirations et la volonté du peuple tunisien ».

La même chanson a été chantée de tous côtés. C’est une berceuse apaisante, et comme toute berceuse, destinée à envoyer les masses se coucher. Elles sont appelées au respect du calme et à éviter la violence. Et tout ce qui leur est demandé est de retourner tranquillement à la maison « rester calme et surtout éviter toute violence » n’est ce pas une demande étrange quand on sait que ce sont les riches qui ont le monopole de la violence et qui y recourent pour défendre leur pouvoir et leurs privilèges ?

Le peuple qui a dû affronter les matraques et les tirs de la police, qui a vu les camarades et amis, les proches, durement battus, asphyxiés, arrêtés, torturés et assassinés de sang froid ; à qui l’on a refusé de voir le corps massacré de ceux qu’ils ont aimés et perdus. Maintenant, on leur demande de se tenir tranquilles, d’éviter la violence et surtout de vider les rues, démobilisés, dans le but de permettre à une bande de voleurs de décider de leur destin. Ceci est une plaisanterie du plus mauvais goût.

LA REVOLTE SE PROPAGE

L’éruption populaire en Tunisie et le mécontentement dans l’Algérie voisine sont un cauchemar pour les leaders autoritaires d’Afrique du Nord et de l’ensemble du monde arabe. La corruption et les régimes réactionnaires d’Afrique du Nord du Moyen Orient sont dans leurs petites chaussures. La peur que l’exemple donné par le peuple tunisien soit demain suivi par les paysans et travailleurs des pays où les mêmes problèmes existent. C’est pourquoi en quelques jours, la révolte s’est propagée en Algérie avec des manifestations contre la hausse des prix des produits alimentaires de bases tels le sucre, la farine, le lait, ce qui a entraîné la mort d’au moins cinq personnes.

Al Jazeera a relaté que l’on a entendu des groupes de jeunes criant « donnez nous du sucre » et que les manifestants ont fait irruption dans des entrepôts pour voler des sacs de farine afin de protester contre la hausse des prix de la nourriture, prix qui ont grimpé d’entre 20 à 30% la première semaine de janvier. Dans le but de calmer les manifestants, le gouvernement algérien a imposé de toute urgence une réduction des produits importés et des taxes afin d’aider la baisse des coûts des produits alimentaires, c’est-à-dire qu’est maintenant « tournée la page » des émeutes pour la nourriture.

Les émeutes dans de nombreuses villes algériennes ont cessé uniquement lorsque le gouvernement a promis de faire le nécessaire pour protéger les citoyens de l’augmentation du coût de la vie. La Lybie, le Maroc, et la Jordanie ont également annoncé des plans de stabilisation du coût des produits de base. Mais la situation demeure très instable en Algérie. Souvenons nous que durant toute l’année 2001 la Kabylie (région sud berbère de l’Algérie) a été le théâtre d’insurrections. Au Maroc également, le régime réactionnaire du roi Hassan est très instable et présente de nombreux points communs avec la Tunisie.

Juste avant la démission de Ben Ali, le journaliste Abdelrahman Rasched a écrit dans le journal Ash-Sharq-al Awsat « ce qui protège le régime des manifestations et de la désobéissance civique n’est qu’une barrière psychologique ». L’éviction de Ben Ali ains que les efforts de l’Algérie pour apaiser la colère contre l’augmentation des prix aura l’effet de lever cette peur aussi longtemps que le mécontentement sera tenu en échec dans la région. Les informations par satellite et les réseaux sociaux permettent de contourner les tactiques autocratiques et permettent de laisser libre expression aux frustrations des jeunes dans des régions isolées qui se traduisent alors par des mouvements en plein jour.

La flamme de la révolte se propage en direction des autres pays arabes. Le mouvement révolutionnaire en Tunisie a été étroitement relayé par les canaux de télévision par satellite et l’Internet à travers tout le Moyen orient où le développement d’une population jeune, révoltée par l’inflation galopante et les inégalités croissantes entre riches et pauvres, jette de l’huile sur le feu.

L’Algérie est à la porte d’à côté de la Tunisie, mais Amman est à 2 500 kilomètres de Tunis, cependant les raisons de la colère sont les mêmes et les appels des leaders au calme sont également de trop. Sentant le sol trembler sous ses pieds, le Roi Abdullah II a ordonné une réduction des prix et des taxes sur les produits alimentaires et sur l’essence. Le gouvernement a déjà alloué une somme d’un montant de 141 milliards de livres au budget pour subventionner le prix du pain, dont dépendent environ 7 millions de personnes pauvres dans le pays. L’ argent va également être utilisé pour contrôler le prix du pétrole et créer des emplois, mais ceci intervient trop tard et représente trop peu de chose.

Selon un reportage d’Al Jazeera, on a pu voir des manifestants brandissant une bannière « La Jordanie n’appartient pas aux riches. Le pain est une ligne rouge. Attention à notre colère et notre furie » . Plus de 5 000 personnes ont manifesté à travers le pays en un « jour de rage » contre l’augmentation des prix de la nourriture et le chômage, le même jour dans d’autres régions du monde arabe. Le président de Tunisie a fui l’Etat d’Afrique du Nord après des semaines de violentes manifestations.

Les étudiants de l’Université de Jordanie et les adhérents du parti Baath se sont également contactés en Irbid, Karak, Salt et Maan, exigeant la démission du premier ministre, Samir Rifai. Les reportages officiels déclarent que la police a réussi à limiter les manifestations en les encerclant, mais n’a pas procédé à des arrestations. Après avoir vu les évènements de Tunisie, les autorités jordaniennes ont pensé que des affrontements sanglants pourraient tourner en manifestations et en insurrection.

Le blog jordanien Ammon rapporte qu’au cours de la manifestation du « jour de rage » les manifestants scandaient «  Unité de classe, le gouvernement uni a sucé notre sang » et brandissaient des posters auxquels était fixé du pain.

« Nous dénonçons la politique du gouvernement de prix élevés et de taxes à répétition qui ont amené le peuple jordanien à la révolte » a déclaré à Reuters le leader Tawfick al Batoush, un des élus de la municipalité de Karak.

D’intéressantes citations figurent dans le reportage de Tom Pfeiffer du 15/01/2001 « ceci pourrait arriver n’importe où » a déclaré Iman, un propriétaire de restaurant qui ne souhaite pas donner son nom. « Le satellite et Internet diffusent des images qui font que des gens normalement soumis voient des biens de consommation qu’ils veulent acquérir. »

« Nous n’avons pas l’habitude de faire de telles choses dans cette partie du monde » a dit Kamal Moshen un jeune étudiant libanais de 23 ans. « ceci dépasse tous nos rêves, dans une région où les gens continuent à se demander : que pouvons-nous faire ? »
« dans le monde arabe, les jeunes devraient aller dans les rues et faire la même chose. Le moment est venu de réclamer nos droits. Les leaders arabes devraient se faire du souci car ils n’ont rien à offrir au peuple sinon la peur, mais lorsque les Tunisiens auront gagné, la peur disparaîtra, et ce qui est arrivé va se propager, ce n’est qu’une question de temps » a-t-il ajouté.

De tous les pays arabes, le plus important est l’Egypte avec sa puissante classe travailleuse. Ses préoccupations sont exprimées dans un récent article du Daily Star, journal libanais : « quiconque s’intéresse au développement de la révolution dans cette région du monde devrait regarder l’Egypte qui importe environ la moitié de la nourriture consommée par une population de 79 millions d’habitants qui se bat contre une inflation supérieure à 10%. »

« Avec un appareil de sécurité prompt à supprimer les manifestations de rue et ayant exclu de la vie politique officielle l’opposition principale des frères musulmans, le défi le plus important que l’ Etat doit relever est celui des grèves dans la ceinture industrielle du delta du Nil.

« la campagne politique menée sur Internet pour un changement politique en Egypte a échoué à sortir du cercle de papotages de la classe moyenne en direction des classes populaires dans les rues »

« Il a existé un fossé tellement profond entre les luttes économiques et les luttes politiques en Egypte déclare Laleh Khalili une experte londonienne du Proche Orient, que les grèves se sont poursuivies, mais n’ont pas eu d’impact dans le domaine public » « les choses pourraient éventuellement changer si le mécontentement croissant contre l’inflation des prix des produits alimentaires rejoignait le malaise à propos de la stagnation économique et politique et la contestation du manque de liberté »
 
« Le FMI a déclaré qu’avec un taux de chômage très élevé, la région devrait créer environ 100 millions d’emplois d’ici 2020 ; mais dans un contexte où les budgets sont contraints par la forte hausse du pétrole et de la nourriture importés, ceci n’est pas possible, en particulier pour les pays ne disposant pas d’importantes réserves d’énergie. »

Dans un blog de cette semaine, S. Cook, du département US des affaires étrangères écrit « Il existe un danger, celui de croire que l’Etat arabe va se débrouiller face à cette situation, ce n’est peut être pas la fin de Mubarak (président d’Egypte) ni de tout autre homme fort du Moyen Orient, mais quelque chose est en train de se passer dans la région »

NECESSITE D’UNE PERSPECTIVE REVOLUTIONNAIRE

Les experts de la politique bourgeoise se consolent avec l’idée que l’exemple tunisien ne va peut être pas se répandre et démettre les gouvernements autocratiques de Rabat à Ryad car les mouvements d’opposition sont faibles et démoralisés. Mais ceci passe à côté de l’essentiel.

Le soulèvement en Tunisie n’a pas été organisé par l’opposition qui est aussi faible et démoralisée. Il a été spontané de la part des masses, et s’est avéré impossible à arrêter précisément parce qu’il n’y avait aucune organisation réformiste capable de le mener dans une direction officielle. La faiblesse et l’absence d’organisations réformistes de masse n’est pas le reflet de la force du régime autocratique, mais bien de sa faiblesse. Une fois que les masses se sont mises en mouvement, ce sera comme une voiture descendant la pente sans freins.

Ainsi que nous l’avons avancé à propos de l’Iran, le caractère spontané du mouvement constitue à la fois sa force et sa faiblesse. En Tunisie, les masses ont été assez fortes pour se débarrasser d’un régime corrompu et haï, mais que va-t-il se passer maintenant ?

« Notre problème essentiel est le manque de perspectives, » a déclaré Nizar Amami, l’un des leaders de la branche de l’UGTT- PTT à Médiapart, lundi soir à Tunis. « aucun parti n’ a véritablement émergé ; le PDP (opposition légale) est trop faible. L’UGTT a pris place dans l’opposition en lançant des slogans, des actions de solidarité et d’autres initiatives, mais en ce qui concerne une alternative politique… Maintenant, le régime a été réellement déstabilisé, et ceci est sans précédent ».

Emma Murphy, professeur à l’Ecole du gouvernement et des affaires internationales à Durban et experte des affaires tunisiennes, a déclaré à la BBC :
« l’opposition légale en Tunisie peut-elle apporter des propositions substantielles au peuple ? probablement non. Mais si la démocratie se met en place, le conseil des dirigeants devra très rapidement donner des indications de mise en place de substantielles réformes du système politique, des élections, la liberté d’association, les droits civiques, et la liberté des médias bien avant les élections elles mêmes. »

« La fin rapide de l’état d’urgence et des indications claires concernant la mise en œuvre des mesures contre la corruption applicable aux activités de Ben Ali et du clan Trabelsi seraient un pas important pour convaincre les tunisiens que, cette fois-ci, les promesses d’application de règles constitutionnelles seront respectées, que l’heure est venue de la réconciliation nationale, que cela signifie juste que l’armée, responsable de la défense de la sécurité, ne va pas une fois de plus succomber à la défense d’un régime autoritaire. »

Nous pouvons déjà prédire de manière confidentielle que dans les semaines et mois à venir, toute une armée « d’amis de la démocratie » va débarquer à Tunis. Les représentants des syndicats avec des valises pleines de dollars, des hommes d’affaires US et d’ UE , des ONG par douzaines, les « Socialistes » internationaux, les membres de la fondation Friedrich Ebert, et d’autres représentants respectables de la CIA, tous anxieux de prodiguer des conseils et pour ceux qui voudraient bien les suivre, de conséquentes ressources matérielles.
L’unique projet de tous ces gens peut ainsi se résumer « restauration de l’ordre ».

L’ordre peut être restauré de diverses manières. Une contre révolution peut être apportée de l’extérieur aussi bien qu’une forme dictatoriale. Tout ce que Ben Ali n’a pas pu réaliser à coup de tir de balles, matraques, ses successeurs et leurs assistants impérialistes espèrent le réaliser avec des sourires et de bons mots, des dollars et des euros. De toute façon, l’objectif demeure le même : amener le peuple à quitter la rue, à retourner au travail et à l’usine pour les ouvriers, la ferme pour les paysans, les études pour les étudiants. Ils désirent tous un rapide retour à la normalité, c’est-à-dire un rapide retour à l’esclavage sous un autre nom.

Il ne faut avoir aucune confiance en tous ces « démocrates » hypocrites. Ces mêmes gouvernements ont soutenu la dictature de Ben Ali et n’avaient rien à reprocher aux bas salaires pour autant que ceux-ci étaient la base de leurs profits. Tous ces messieurs-dames ont conservé un silence poli pendant des décennies à propos du régime corrompu et répressif en Tunisie parce que ce dernier préservait leurs profits. Maintenant que ce régime a été mis à bas, ils trouvent soudain leur voix pour appeler au calme.

Les évènements avancent à une vitesse fulgurante. Au moment même où j’écris ces lignes, M. Ghannouchi a déjà été remplacé au Parlement par Foued Mbazza qui constitue un gouvernement d’union nationale afin de préparer des élections dans 60 jours. Tout ceci montre que le gouvernement est faible et ne tient que par un fil.

Travailleurs et jeunesse de Tunisie, soyez vigilants ! ce que vous avez conquis est le résultat de votre lutte héroïque et de vos sacrifices. Ne vous laissez pas dérober ce qui a été gagné au prix du sang ! aucune confiance dans les beaux discours et belles promesses ! n’ayez confiance qu’en votre propre force, votre organisation indépendante et votre détermination !

L’idée d’un gouvernement d’union nationale incluant des représentants de toute l’opposition légale et peut-être un ou deux membres issus de l’armée ne constituent pas une menace pour la stabilité du pays dans ses relations d’amitié avec des alliés aussi importants que les USA et L’ UE ; C’est une autre forme de piège. L’opposition légale est un rassemblement d’opportunistes compromis par des années de collusion avec Ben Ali, ou, encore, de compromis.

Le peuple tunisien n’est ni fou ni puéril pour se laisser bercer par des mots hypocrites. Les travailleurs ne doivent pas se démobiliser, mais au contraire augmenter la mobilisation et donner une envergure nationale à cette organisation. Les représentants de l’ancien régime ne doivent connaître aucun répit. Ces gangsters ne doivent pas être autorisés à ré-organiser une nouvelle version de l’ancien régime. Fini le temps de discuter et de mener des intrigues ! A bas ce gouvernement ! fin immédiate de l’ état d’urgence ! entière liberté d’organisation, de rassemblement, d’expression ! pour une assemblée constituante révolutionnaire ! pour la dissolution immédiate des corps d’état répressifs et procès public des responsables des crimes et de la torture !

Afin de mettre en place tout ceci, il faut organiser une grève générale nationale. La classe ouvrière est la seule force qui a la force nécessaire pour se débarrasser de l’ancien régime et reconstruire la société de bas en haut.

Le prolétariat doit se placer lui-même à la tête de la société, ceci est le seul moyen d’avancer. L’appel à la grève générale a déjà trouvé un écho dans l’UGTT ; selon des reportages, la grève générale a démarré dans plusieurs régions la semaine dernière : Kasserine, Sfax, Gabès, Kairouan et Jendouba.

Afin de développer la grève générale, il faut constituer des comités d’action à tous les niveaux : local, régional, national. En Tunisie, c’est la question du pouvoir qui est posée. Il est nécessaire d’organiser le peuple pour remporter de façon décisive la victoire dans le renversement de l’ancien régime.

Des reportages ont montré des scènes de pillage la nuit dernière. Ceci a été organisé par la police et des provocateurs restés fidèles à Ben Ali. Ils veulent créer une situation de chaos qui pourrait permettre de faire dérailler la révolution et de revenir en arrière. On voit aussi des comités de voisinage et d’auto-défense.

Les travailleurs doivent fraterniser avec les soldats qui sont de leur côté. Il devrait y avoir un appel à constituer des comités de soldats en lien avec le peuple. Les ouvriers et paysans doivent obtenir des armes pour leur auto-défense et monter des milices dans toutes les entreprises, districts et villages, afin de se défendre contre les bandits et contre-révolutionnaires. Ceci est crucial pour le succès de la Révolution.

La renaissance du marxisme arabe

Je n’ai aucun doute qu’il va y avoir des gens « intelligents » qui, pour quelques raisons particulières, se considérant eux-mêmes comme marxistes, vont déclarer que ce qui se passe en Tunisie n’est pas une révolution, bien qu’en vérité ils ne puissent pas qualifier ce qui se passe. Dans son livre « la révolution permanente » Trotsky compare les menchévicks à un ancien maître d’école qui toute sa vie a enseigné ce qu’était le printemps ; un jour, il ouvre ses fenêtres et alors qu’il est ébloui par le soleil et les chants d’oiseaux, il ferme la fenêtre en déclarant que tout ceci est une monstrueuse aberration de la Nature.

Les marxistes authentiques s’inspirent de la réalité, non de schémas sans vie. La Révolution en Tunisie ressemble par bien des aspects à la révolution russe de 1917 ; elle a commencé mais n’est pas finie. Elle a éliminé l’ancien régime mais n’a pas encore été capable de mettre autre chose à la place. C’est pourquoi il est possible que la révolution soit défaite, en particulier en l’absence de dirigeant authentiquement révolutionnaire.

Si le Parti Bolchévik n’avait pas été là, la révolution de février aurait été défaite. Plus encore, en l’absence de Lénine et de Trotsky, le Parti bolchévik n’aurait pas pu jouer le rôle qu’il a joué. La direction des soviets serait restée aux mains des réformistes, et tout se serait terminé par un naufrage. Si cela était arrivé, aucun doute que les mêmes « intelligents marxistes » auraient écrit des livres pour démontrer qu’il n’y a pas eu de révolution russe pour les causes A B C …

Alors que je préparais cet article, lisant divers reportages sur Internet, j’ai parcouru des blogs anarchistes. J’ai été intéressé de constater qu’il y a des gens intelligents non seulement parmi les marxistes, mais aussi parmi les anarchistes. L’auteur du blog cité déplore le manque de soutien à la Révolution tunisienne du fait que cette révolution ne colle pas avec les préjugés anarchistes !

Depuis des décennies l’idée a été soigneusement entretenue qu’il n’y avait aucune base pour le socialisme et le marxisme au sein des masses du Moyen Orient et du Maghreb. Dans la mesure où il existe une opposition, c’est sous la bannière du fondamentalisme. Mais cet argument est faux jusqu’à sa racine, et démenti par les évènements de Tunisie. Les jeunes femmes qui sont descendues dans les rues pour affronter la police ne portaient pas la burka. C’est une population éduquée qui parle le français et l’anglais. Elle ne réclame pas la charia, mais des droits et du travail.

Ces dénommées « listes de gauche » ont flirté avec l’islamisme nous jouent la partition du bas niveau de compréhension des masses et de la jeunesse arabes. Le fait de présenter le fondamentalisme comme l’une des tendances de la révolution constitue une trahison de la cause du socialisme. La prochaine révolution arabe ne se placera pas sous le drapeau noir de l’islamisme, mais sous le drapeau rouge du socialisme.

Dans le passé, il a existé une forte tradition socialiste et communiste dans le monde arabe. Mais les crimes staliniens ont eu l’impact le plus terrible dans cette partie du monde. Les partis communistes de masse en Irak et au Soudan ont été détruits par la politique traîtresse de « double niveau » qui a tendu la main et offert le pouvoir au dénommé « bourgeois progressiste » Kassem et Nimeiri. Ceci a débouché sur l’annihilation de l’avant-garde communiste, sur la consolidation de régimes dictatoriaux comme celui de Saddam Hussein, avec toutes les implications sur les peuples du Moyen Orient.

La nature a horreur du vide. Ceci est également vrai en politique. Dans le vide laissé par la disparition du stalinisme, l’islamisme fondamentaliste s’est glissé, qui se pose en « anti-impérialiste » malgré le fait que ces partis aient été financés par l’impérialisme US pour combattre le communisme et les soviétiques en Afghanistan. Il suffit de se souvenir que Ben Laden était un agent de la CIA jusqu’à ce qu’il se querelle avec ses vieux amis de Washington.

Un camarade a rapporté sa conversation avec une vieille tunisienne lors de la manifestation à Bruxelles le 15 janvier : elle a demandé « avez-vous vu des hommes portant de longues barbes dans les manifestations en Tunisie ? Non, parce que nous n’avons pas besoin d’eux pour nous libérer. » Les fondamentalistes ont toujours été utilisés comme un moyen de diversion pour éloigner les masses de la révolution socialiste. Ce n’est pas un hasard si R. Ghannouchi, leader islamiste, a été autorisé à revenir d’exil et est maintenant mis en vedette par les médias tunisiens. Beaucoup de gens disent « nous n’avons pas mis Ben Ali dehors pour récupérer les islamistes ! »

Il est très important à l’heure actuelle de souligner que c’est la première fois qu’un dictateur arabe a été renversé par le peuple lui-même sans aucune intervention extérieure. Ceci représente une rupture avec la vision fataliste qui s’est malheureusement répandue dans le monde arabe, et qui consiste à dire : « Oui, il y a bien eu des combats, mais ils ont toujours été suivis de défaites » il est significatif que dans la manifestation de Bruxelles beaucoup de slogans proclamaient « Yes we can ! »

A propos de l’impact dans les autres pays le mouvement activiste nawaat.org, l’une des voix de l’insurrection a déclaré « le peuple tunisien a donné une leçon au monde entier, et à ceux, en particulier qui sont opprimés dans le peuple arabe, les tunisiens n’attendent rien de personne et tout d’eux-mêmes, comme lui vous devez vaincre la peur qui paralyse votre volonté et votre énergie. »

Les traditions socialistes sont encore vivantes et prennent de la force. Une nouvelle génération de militants arabes a maintenant grandi dans le contexte de la crise capitaliste. Au cours de la lutte, ils apprennent vite. Ce qu’ils recherchent, ce sont les idées du marxisme. Le magnifique travail de Marxy.com est en train de produire des résultats importants, non seulement en défendant les principes du marxisme mais en organisant la solidarité pratique avec la Révolution comme le montre leur campagne de soutien à la Révolution tunisienne.

Hier au soir, durant l’émission de télé consacrée à la Tunisie, Nessma – la plus grande télévision du Maghreb- la question a été posée aux intellectuels et aux journalistes, comment récupérer la fortune que Ben Ali a dérobée au peuple tunisien. Un journaliste a dit « il faudrait nationaliser les banques et tous les actifs de la famille Trabelsi. » Un autre a mentionné « le printemps tunisien » et un autre a ajouté spontanément « nous savons grâce à l’article (de Marxy.com sur la révolution tunisienne) mais nous n’avons pas encore atteint ce printemps. »

Ceci est une petite anecdote, mais révèle bien l’écho que les idées marxistes ont parmi la gauche en Tunisie. Ce dont nous venons d’être témoins en Tunisie n’est pas moins que le début de la Révolution arabe, un colossal évènement qui va changer le cours de l’histoire du monde. D’un pays à l’autre, la flamme de la révolution va se répandre, de l’Atlantique à L’Euphrate. Le mouvement révolutionnaire va se développer et mûrir pour atteindre le niveau exigé par les tâches historiques. Combattant épaule contre épaule avec les masses, les forces marxistes vont se développer avec elles. La révolution arabe va triompher en tant que révolution socialiste, ou ne triomphera pas du tout.

- A bas le régime de Foued Mbazza
- Tous les droits démocratiques, maintenant !
- Pour une assemblée constituante révolutionnaire !
- Pour l’expropriation de tous les biens mal acquis de la clique Trabelsi !
- Victoire pour les travailleurs et la jeunesse de Tunisie !
- Longue vie à la Révolution arabe socialiste !

London, 15th January 2011.

Site de International marxist tendancy
The insurrection in Tunisia and the future of the Arab Revolution

Soutenir par un don