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En Tunisie aussi, les femmes luttent pour l’égalité

La presse bourgeoise met toujours en avant le « code du statut personnel »
(CSP) établi en 1956 en Tunisie, pour souligner que dans ce pays du Maghreb les femmes ont des droits. Des droits certes – en particulier en comparant à l’humiliant Code de la Famille algérien qui ne reconnaît pas de statut aux femmes indépendamment de leur père ou mari ! Des droits, certes, mais l’égalité, non.
Une étude précise de ce CSP en souligne les aspects progressistes : interdiction de la polygamie, de la répudiation, droit au divorce, consentement des deux époux pour le mariage, élimination du devoir d’obéissance de l’épouse (1993) ; mais aussi, des aspects discriminatoires : l’héritage n’est pour les femmes que de moitié, la dot subsiste, qui assimile la femme à une marchandise, un traitement inégal face à la garde des enfants en cas de remariage, la limitation religieuse du droit au mariage des femmes avec un non-musulman… Dans le contexte actuel de révolution, de nouveaux droits des femmes sont à conquérir, et ceux qui existent sur le papier sont à appliquer dans la réalité.

Inégalité économique et sociale :
Nombreuses sont les femmes tunisiennes qui travaillent, en particulier dans les secteurs de l’habillement, la technologie, les centres d’appel, et bien sûr l’agriculture. Les entreprises offshore (habillement et textile) préfèrent les femmes, réputées main-d’œuvre plus efficace et « docile ». Elles sont confinées dans des « emplois féminins », ce qui rend plus difficile de traquer les inégalités (en France aussi, on connaît la difficulté de faire appliquer « à travail égal salaire égal » quand les métiers diffèrent).
Mais même mal payées, les femmes ne se sont pas tenues à l’écart des mouvements ouvriers qui ont alimenté la flamme de la révolte actuelle. Ainsi, dans la région minière de Gafsa, où de nombreuses grèves ont éclaté en 2008 contre une procédure de recrutement de faveur pour des emplois dans une région où ils sont rares. Des femmes se sont associées au mouvement, en particulier à Redayef. Certaines se faisant licencier.
Comme partout ailleurs dans le monde, une fois franchi le pas du salariat qui ouvre à l’autonomie, reste à conquérir dans le monde du travail l’égalité des droits avec les hommes, en faisant tout pour que ce combat se mène avec eux et non contre eux. Syndicats, associations et partis en partagent la responsabilité.
B.C.

Avec ou sans barbe, le machisme n’est pas mort

Selon le blog Monmassir, une marche des Femmes en Tunisie fin janvier a été attaquée par des hommes proférant des propos menaçants : « La place des femmes est à la maison ». Présente sur les lieux, la police a assisté à l’altercation sans intervenir, c’est ce qu’on appelle la neutralité des forces de l’ordre ! Les slogans de la manifestation étaient : « Laïcité, égalité, liberté, démocratie, non à l’obscurantisme ».

Les régressions toujours possibles

La militante Bochra Bel Haj Hamida dénonçait en 2009 des risques de régression : Parce que les femmes tunisiennes se trouvent comparées aux autres femmes du Maghreb « citoyennes de seconde zone ».Et que dans le contexte de réaction arabe aux politiques occidentales de guerre (Irak, Afghanistan...), les droits des femmes sont utilisés de façon polémique comme outil de conflit. Enfin, l’Etat tunisien a utilisé le Code de Statut Personnel comme « outil de marketing » lui permettant de vanter des droits juridiques tout en couvrant les discriminations réelles dont souffrent les femmes tant au niveau économique que politique et social. Elle conclut très justement : un code ne peut pas régler tous les problèmes !

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