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Révolutions arabes : le meeting de Lyon

Partisan N°246 - Avril 2011

Le jeudi 24 février a eu lieu un meeting de solidarité avec les peuples et les travailleurs en lutte de Tunisie, d’Egypte et d’ailleurs. C’est avec une attention soutenue de quelques trois heures que plus de 120 personnes ont participé à cet échange. Et la volonté était grande pour continuer la réflexion, les échanges, ainsi que travailler à réaliser des actions concrêtes de solidarité.
L’idée de cette soirée venait de la cellule Lyon de Voie Prolétarienne. Cette idée a été acceptée par les organisations comme Union pour le communisme (UPC), CCI(T), Jeunesse Communiste, ICO. Trois réunions de préparation, l’invitation de représentants de la Ligue de la gauche ouvrière tunisienne, des marxistes révolutionnaires du Maroc, du parti socialiste des travailleurs d’Algérie, du Parti communiste ouvrier d’Iran, ont permis la tenue de cet événement.

Après la présentation des différents représentants des organisations présents à la tribune, il a été demandé une minute de silence en mémoire des femmes et des hommes tombés sous les balles des dictatures.
L’introduction, faite par un camarade de l’UPC, donnait le ton et l’orientation du meeting : « Au-delà de la solidarité internationale que nous devons mettre en place, nous devons développer une véritable fraternité de combat, discuter et tirer ensemble les leçons, les perspectives, car nous avons un intérêt commun : celui de dire DEGAGE ! à tous les dirigeants et régimes réactionnaires, à ce système pourri qui est le capitalisme international ».
Ensuite une camarade de VP est intervenue sur les politiques impérialistes au Moyen-Orient et au Maghreb, l’implantation des entreprises françaises en Tunisie, Egypte et Libye. Un autre militant de VP a expliqué les tâches des forces communistes et révolutionnaires de la France envers la politique impérialiste menée dans la région.
Le camarade tunisien a précisé que « les revendications du peuple tunisien sont à la fois d’ordre politique et social ». Il a expliqué que « le régime Ben Ali a été considéré comme un bon élève du FMI, et le résultat de son bon travail a développé la misère, la pauvreté et l’oppression du peuple tunisien ». En confirmant les données présentées par les camarades de VP, il a dit que « l’ordre établi par le régime Ben Ali était pour mieux servir les impérialistes ; malgré que Ben Ali soit tombé, le régime est toujours en place et le combat du peuple et des travailleurs continue pour le renversement de ce régime. La réalisation des revendications sociales passent par les changements politiques dont le plus important est de balayer le reste du régime Ben Ali ». Le camarade a décrit la confrontation de deux fronts : celui des conservateurs, qui veulent garder le système ancien avec quelques maquillages, et celui de l’indépendance et de la liberté, qui veut construire une nouvelle Tunisie. Les revendications de gauche et progressistes sont exprimées dans la plate-forme du 14 janvier.
Un camarade du Parti socialiste des travailleurs algérien a pris la parole : « Depuis 30 ans, les révoltes du peuple algérien et en particulier des jeunes en cessent de se produire » (plus de 1200 émeutes en 2010). Il explique qu’à partir de la fin des années 1960 et au cours des années 1970, les acquis gagnés grâce à la révolution algérienne ont été remis en cause voire bafoués par les gouvernements successifs. Cela a engendré l’exode massif des gens des campagnes et des petites villes vers les grandes villes. Bien entendu, tous ces gens n’étaient pas intégrés au système économique et une grande partie a été laissée pour compte. Le mécontentement a grandi de plus en plus, mais vu la méfiance du peuple envers les partis politiques en place, ce sont les intégristes islamistes qui ont profité de cette situation, et nous connaissons la suite douloureuse des années 1990.
Le représentant des marxistes révolutionnaires du Maroc a décrit la différence qui existe entre le Maroc d’une part, et la Tunisie et l’Algérie d’autre part. Selon lui, contrairement à ces deux derniers pays, au Maroc il existe un roi qui détient 70% de l’économie. C’est une des raisons pour lesquelles les manifestations n’ont pas la même intensité qu’en Tunisie et même en Algérie. Cependant, dans les manifestations du 20 février, il y a eu 6 morts, 230 arrestations et plus de 500 blessés. Les revendications du peuple marocain ont trois volets : le volet économique, contre la cherté de la vie, le chômage, etc ; le volet politique concernant les libertés démocratiques ; et le volet social sur la qualité des soins, de l’enseignement, etc.
Enfin ce fut le tour du représentant du Parti communiste ouvrier de l’Iran. Il a mis en garde contre les dangers de confiscation des mouvements actuels par les fondamentalistes islamistes comme ce qui s’est produit lors de la révolution iranienne de 1979.

Après les interventions, la salle a posé des questions. Quelqu’un a parlé de la place des organisations islamistes. Le camarade marocain a répondu qu’ « en tant que marxistes-léninistes, nous sommes pour la liberté de conscience, mais nous sommes contre l’islam politique. L’histoire a tranché, à travers la révolution iranienne de 1979. L’islam politique n’est qu’un programme au service des capitalistes. L’islam politique regarde le passé, nous, nous regardons et pensons vers l’avenir ».
Après des questions sur le rôle des femmes, les étapes de la révolution, etc, en raison de la fermeture de la salle, les organisateurs ont dû terminer le meeting. La conclusion faite par la camarade de VP disait : «  La solidarité se construit. Nous devons apprendre des mouvements en cours. Nous devons proposer des actions de solidarité avec les travailleurs à partir des usines qui investissent dans ces pays. De plus, une des leçons de ces événements est que nous devons nous organiser politiquement. C’est la seule façon de se tenir prêt à ne pas se faire voler sa révolution ! ».
La majorité des présents ont décidé d’organiser un autre meeting pour continuer les discussions très prochainement. Ce meeting a été une réussite totale pour la gauche révolutionnaire à Lyon !
La table de presse de Voie Prolétarienne a été bien reçue. Une brochure contenait les déclarations de VP sur les événements de Tunisie et d’Egypte, avec une introduction faite par la celllule locale de VP.

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