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LOGEMENT : état des lieux

Partisan N°248 - Juin 2011

Des loyers de plus en plus chers

Dans le parc privé, le coût du logement a augmenté deux fois plus vite que les revenus des ménages. Entre 1995 et 2010, le prix des logements a été multiplié par 2,5 alors que les revenus ont été multipliés par 1,6 (source Credoc). Le prix des loyers entre 2000 et 2010 a augmenté de 50% à 90%. Ce sont les ménages les plus modestes et les classes moyennes qui subissent le plus durement cette évolution des prix du logement. La spéculation fait s’envoler les prix des terrains à bâtir et repousse sans cesse plus loin des centres-villes les travailleurs exploités. Les travailleurs s’appauvrissent et l’on ne construit pas assez de logements sociaux. Au contraire, Sarkozy favorise l’accession à la propriété, gage de paix sociale selon lui, mais comment financer les emprunts, quand on a des salaires bas, que l’on est précaire, ou chômeur ?

Pauvreté et expulsions

La part du budget affecté au paiement du logement est de plus en plus lourde. Elle peut atteindre 40% à 50% de ressources, réduisant la part affectée à la santé et à la nourriture. Le nombre de ménages surendettés augmentent. Les impayés de loyers, souvent cause d’expulsions, touchent 480 000 ménages, soit, entre 2002 et 2006, une augmentation de plus de 83% dans le secteur privé et de 57% dans le secteur locatif social.
Les expulsions de locataires ont progressé de 43% en 10 ans. Les décisions de justice prononçant l’expulsion n’ont jamais été aussi nombreuses : 106 938 en 2009. On compte 10 599 interventions effectives avec concours de la force publique conduisant à des expulsions sans proposition de relogement.

Attaques contre le logement social

Le parc HLM abrite aujourd’hui 22 % de chômeurs (2 fois plus que dans la population française) et 13 % de personnes vivant de minima sociaux. 59 % des locataires des HLM ont des revenus inférieurs à 60% des plafonds des revenus prévus pour accéder aux logements sociaux. Avec 1 230 000 demandes de logement social en 2009, seulement 448 000 logements ont été offerts à la location, soit 36% des demandeurs de logement social.
La construction de logements sociaux est en baisse, et à des prix trop élevés. En 2007, la construction sociale ne représentait que 36% de l’ensemble de la construction contre plus de 65% en 2000. La production de logements sociaux est essentiellement portée par l’offre locative intermédiaire (PLS), inaccessible aux plus modestes : entre 2000 et 2010, le nombre de logements PLS est multiplié par 10 contre 2 pour les logements PLUS et PLAI qui représentent le véritable parc social. Dans les centres villes, on construit moins de logements sociaux, et en banlieue, les terrains vacants sont accaparés par des sociétés immobilières pour des « logements de standing », avec l’accord des mairies de droite ou de gauche.

L’Etat contribue de moins en moins

La contribution de l’Etat au logement est passée de 1,36% du PIB en 2000 à 1,11% en 2008. Les collectivités locales déjà exsangues et les partenaires sociaux ne peuvent compenser.
Dans le budget de l’Etat, les aides à la construction de logements sociaux ont diminué de l’ordre de 30% entre 2000 et 2007. Pour les prochaines années, les budgets prévisionnels maintiennent les crédits à la baisse : 500 millions d’euros en 2011, 450 millions en 2012, 400 millions en 2013. Avec ces baisses, ce sont environ 15 000 nouveaux logements sociaux par an qui ne pourront être construits. Enfin, la vente de logements sociaux est encouragée pour constituer des fonds propres au détriment du maintien de l’offre existante. Cette proposition vise à la marchandisation du logement social.

Une loi DALO qui reloge si peu

La réponse du gouvernement à cette situation dramatique, c’est le vote d’une loi, la loi « Droit Au Logement Opposable » en 2007. Elle est presque sans effets, car l’obligation de reloger ne peut pas être remplie faute de logements disponibles. C’est à tel point que le ministère du logement a été condamné en justice, en 2010, à payer des amendes pour non-application de la loi à des familles reconnues prioritaires au titre de cette loi. De plus, l’Etat accorde le concours de la force publique pour l’expulsion de personnes reconnues prioritaires par la loi, sans assurer son obligation de relogement. Le double langage des pouvoirs publics éclate au grand jour.
Un choix politique des gouvernements et souvent des municipalités.
Les salaires des travailleurs et des ouvriers n’augmentent pas, alors que leurs charges augmentent (santé, logement, transport, scolarité des enfants). A l’autre bout, celles des patrons sont allégées, les impôts des hauts revenus diminués, cadeaux qui sont financés par la baisse des allocations ou des prestations des familles populaires.
Un logement de qualité, dans un environnement sain et agréable, au loyer bas avec un plafonnement pour chacun, serait économiquement possible et socialement possible, si les travailleurs décidaient :
- de l’utilisation de la richesse qu’ils créent, l’orientaient vers la satisfaction des besoins de tous, en particulier vers la construction de logements sociaux ;
- abolissaient la spéculation immobilière par la nationalisation des terrains à bâtir et avaient effectivement le pouvoir de le faire : c’est ce qu’on appelle le socialisme.
Valentin

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