Vous êtes dans la rubrique > Archives > Sans-papiers : rien n’est réglé, tout continue...

Sans-papiers : rien n’est réglé, tout continue...

Partisan N°249 - été 2011

Article du blog ouvalacgt

Nous ne reviendrons pas ici trop longtemps sur l’échec du mouvement des sans-papiers, et en particulier, l’échec calamiteux de la stratégie réformiste avancée par la Confédération et enfourchée par tous les autres (dont SUD/Solidaires et bien d’autres...). Nos camarades sans-papiers ont par contre été admirables de détermination et de volonté, contre vents et marée, et aujourd’hui encore ils continuent le combat (voir plus loin).

Nous avons consacré de très nombreux articles à cette lutte et à la critique de cette impasse réformiste sur ce blog, depuis le début, et nous invitons nos nouveaux lecteurs à s’y reporter (voir la section du blog ouvalacgt consacrée au sujet, ICI).

Disons que cette stratégie imaginait créer un rapport de force symbolique et limité pour pousser le gouvernement à négocier, dans une logique responsable et raisonnable d’intégration de la force de travail immigrée au marché du travail capitaliste.

- D’où le refus absolu d’élargir le mouvement au delà de la région parisienne et de quelques conflits symboliques.
- D’où l’acceptation de l’abandon des bastions occupés lorsque la pression policière est devenue trop forte, le départ des marches de l’Opéra Bastille, l’arrêt de l’occupation de la CNIH Porte dorée etc.
- D’où l’acceptation des critères économiques, région par région, métier par métier, pays d’origine par pays d’origine... (voir ICI l’arrêté du 18 janvier 2008 base de ces critères) et on peut être sur que demain, ils accepteront la restriction de cette liste que Guéant annonce déjà.
- D’où pendant un moment la collusion sans honte avec une partie du patronat (PME, Veolia...) pour tenter d’arriver à leurs fins, et la chasse aux CERFAs mise en priorité qui suppose la bonne volonté de l’employeur.
- D’où l’acceptation du règlement des dossiers au cas par cas.
- D’où l’abandon complet du mot d’ordre de régularisation de tous les sans-papiers pour, au mieux, revendiquer celle des "travailleurs" sans-papiers, et le plus souvent uniquement celle des grévistes qui répondent aux critères de Sarkozy/Fillon/Hortefeux/Besson/Guéant...
- D’où les pleurnicheries permanentes sur les préfectures qui "ne jouent pas le jeu", qui "n’appliquent pas les critères".
- D’où les mensonges honteux et répétés pour tenter de masquer la faillite de leur orientation qui a mené le mouvement à l’échec, champion du monde Raymond Chauveau, principal dirigeant CGT du mouvement.
- D’où toutes les manoeuvres pour empêcher les camarades sans-papiers de s’organiser par eux-mêmes.
- D’où la manipulation de certains de ces camarades dans les structures de la CGT (congrès confédéral, par exemple) pour escamoter le débat de fond et contradictoire sur la stratégie et la tactique de la lutte pour la régularisation de nos camarades sans-papiers.

Cette stratégie a échoué, car le gouvernement comme les préfectures "n’ont pas joué le jeu" (sic !). Depuis la circulaire Besson de novembre 2009, son addendum et son guide des bonnes pratiques, rien n’a bougé, sur l’essentiel, et la crise économique a renvoyé les réformistes à la réalité de leur politique : des adjoints recruteurs des capitalistes français. Au lieu de mobiliser pour l’unité, pour l’égalité des droits, pour la régularisation sans condition de tous les sans-papiers et construire l’unité de la classe ouvrière internationale et multinationale, on est rentré sur le terrain du capitalisme, du marché, de la concurrence...

Dans un article que vient de publier le 27 mai l’Humanité , une représentante de RESF, par ailleurs à SUD, admet qu’il n’y a eu que 13% de régularisations, et autant d’OQTF. Nous l’avions déjà dit dans de précédents articles : on est même loin des annonces de Besson lors de la publication de sa circulaire (un millier de régularisations annonçait-il alors à France-Inter, on peut revoir la vidéo ICI). Une réunion vient de se tenir Jeudi dernier 26 mai, dont un compte rendu minimal est lapidaire : "Constat : Démobilisation du mouvement. Le mouvement n’est plus dans un rapport de force face aux ministères. L’addendum n’est pas réellement respecté. La “ population intérimaire “ est particulièrement touchée / situation boquée" et un peu plus loin : "Un rappel a été fait : le mouvement est unitaire, qu’il ne s’agit pas de positionner d’un côté la cgt et de l’autre les grévistes – il est essentiel de rester uni et solidaire". Et oui, de plus en plus de camarades sans-papiers ouvrent les yeux et voient l’impasse où les a menée l’orientation réformiste de la CGT.

Cela dit, si les réformistes ont fait faillite, il reste à les démasquer, car très rares sont les camarades à afficher la réalité ouvertement comme nous le faisons, et si la lutte est un échec fracassant, le combat de nos camarades sans-papiers continue. Car ce n’est pas affaire de dignité, comme l’affirment les réformistes, mais d’urgence et de nécessité.

A Cannes, les employés d’une résidence de luxe se mettent en grève pendant le festival (voir le tract de l’UD ICI et la vidéo ci-dessous). On remarquera à la fois le courage des grévistes, et la persistance du discours des responsables CGT pour imaginer obtenir la régularisation par le rôle économique des camarades... Et on dit quoi aux chômeurs ??? Et on répond quoi à Guéant qui veut réserver les emplois du bâtiment aux "français de souche" ?

Et encore, fin mai, des camarades occupaient à nouveau la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration (CNHI) avant une nouvelle fois de l’évacuer (contre promesses - qui n’engagent que celles et ceux qui les croient !) et de rejoindre la manifestation parisienne "D’ailleurs, nous sommes d’ici".

C’est la preuve que le combat continue et continuera. On peut imaginer sans mal les réformistes de la CGT et de RESF tenter de jouer la carte 2012 en espérant une régularisation par le PS, mais une nouvelle fois, ils nous mènent à l’impasse. Les dirigeants du PS sont aux abonnés absents depuis le début de ce mouvement, et ils ne remettront pas en cause la régularisation sur critères et selon la bonne marche de l’économie capitaliste. Car ils sont encore plus "raisonnables", encore plus englués dans la gestion capitaliste que tous les autres réformistes de la lutte.

Non, la seule issue, même si pour l’instant elle est un peu lointaine (digestion de l’échec oblige), réside dans l’organisation indépendante des sans-papiers, dans le combat de classe sans concession, et dans la participation active des syndicalistes de classe à ce combat, sur une base internationaliste, c’est à dire contre toutes les orientations réformistes.

La classe ouvrière est internationale, la classe ouvrière est multinationale !

Le cas par cas, on n’en veut pas ! Les critères, on n’en veut pas !

Régularisation sans conditions de tous les sans-papiers !

Soutenir par un don