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« La question du logement », Engels et Lénine

Partisan N°248 - Juin 2011

Engels : « Ce qui est certain, c’est qu’il y a dans les grandes villes déjà suffisamment d’immeubles d’habitation pour remédier sans délai par leur emploi rationnel à toute véritable « crise du logement ». Ceci ne peut naturellement se faire que par l’expropriation des propriétaires actuels, par l’occupation de leurs immeubles par des travailleurs sans abri ou trop entassés dans leurs logis ; et dès que le prolétarait aura conquis le pouvoir politique, cette mesure exigée par le bien public sera aussi facile à réaliser que le sont aujourd’hui les expropriations et réquisitions de logements par l’Etat ».

Lénine commente : « On n’envisage pas ici un changement de forme du pouvoir d’Etat, mais uniquement le contenu de son activité. L’Etat actuel ordonne, lui aussi, des expropriations et les réquisitions de logements. Au point de vue formel, l’Etat prolétarien « ordonnera » également des réquisitions de logements et des expropriations d’immeubles. Mais il est clair que l’ancien appareil exécutif, la bureaucratie liée à la bourgeoisie, serait tout simplement inapte à appliquer les dispositions de l’Etat prolétarien. »

Engels : « Il faut constater que la prise de possession effective, par la population laborieuse, de tous les instruments de travail, de toute l’industrie, est exactement le contraire du « rachat » proudhonien. D’après cette dernière solution, chaque ouvrier devient propriétaire de son logis, de sa ferme, de ses instruments de travail. D’après la première (la solution communiste), la « population laborieuse » reste le possesseur collectif des maisons, usines et instruments de travail, et du moins pendant une période de transition, elle en abandonnera difficilement la jouissance sans dédommagement de ses frais aux individus ou aux sociétés privées... »

Lénine commente : « Engels s’exprime avec une extrême prudence en disant que l’Etat prolétarien pourra « difficilement » distribuer des logements sans loyer, « du moins pendant une période de transition ». La location de logements, propriété de tout le peuple, à telles ou telles familles, contre un loyer, suppose aussi la perception de ce loyer, ainsi qu’un certain contrôle et l’établissement de certaines normes de répartition des logements. Tout cela exige une forme d’Etat déterminée, mais ne requiert nullement un appareil militaire et bureaucratique spécial, avec des fonctionnaires bénéficiant d’une situation privilégiée. Tandis que le passage à un état de choses où les logements pourront être fournis gratuitement est lié à l’extinction totale de l’Etat. »

(dans Lénine, L’Etat et la révolution, tome 25, page 468)

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