Militer > Dictature du prolétariat

Dictature du prolétariat

Partisan N°252 - Décembre 2011

Le marxisme, c’est pas sorcier !

Origine du mot

Le mot dictature fait peur. Son étymologie et celle du mot démocratie rapprochent pourtant les deux notions. Le « dictator » romain – celui qui dicte, celui dont la parole commande – était nommé, pour assurer une continuité du pouvoir en particulier en cas de troubles, révolte des esclaves ou guerre extérieure, et pour une durée maximum de six mois, après décision... démocratique du Sénat. Quant au mot démocratie, son origine est grecque. « Démos » : peuple ; et « cratein » : commander. Si vous oubliez qu’il y avait plusieurs mots pour dire peuple en grec (démos ; laos, qui a donné « laïque » ; et ethnos), que les esclaves et les « métèques » étaient exclus du peuple citoyen, et si vous savez que le pouvoir est au bout du fusil, alors la vraie démocratie, c’est le peuple qui commande, c’est la dictature du prolétariat !

Signification

« Ce n’est pas à moi que revient le mérite d’avoir découvert l’existence des classes », a écrit Marx (1), « mon originalité a consisté à démontrer... que la lutte des classes mène nécessairement à la dictature du prolétariat ». Et aussi (2) : « Notre parti et la classe ouvrière ne peuvent arriver à la domination que sous la forme de la république démocratique. » Dans une société de classes, dictature et démocratie ne sont que les deux faces du même pouvoir. Démocratie réelle pour la classe dominante, démocratie formelle pour la classe dominée, et dictature réelle pour elle, qui travaille (pas de démocratie à l’usine !), ou qui se révolte (loi martiale, état d’urgence, article 16, et répression au quotidien).
« La démocratie bourgeoise reste toujours – elle ne peut pas ne pas rester telle en régime capitaliste -, une démocratie étroite, tronquée, fausse, hypocrite, un paradis pour les riches, un piège et un leurre pour les exploités, pour les pauvres », Lénine (3). « Le parlement bourgeois ne résout jamais les questions majeures, celles-ci sont tranchées par la Bourse, par les banques » (3). Quant à la dictature du prolétariat, elle est « un million de fois plus démocratique » (3). Mais voyez la Commune de Paris : le gros reproche que lui font Marx, Engels et Lénine, c’est de ne pas avoir été assez dictatoriale. « Est-ce que la Commune de Paris aurait pu se maintenir plus d’un jour, si elle ne s’était servie de l’autorité d’un peuple en armes contre la bourgeoisie ? Ne pouvons-nous pas, au contraire, la blâmer de ce qu’elle ait fait trop peu usage de cette autorité ? », Engels (3).

Les mots qui servent à camoufler

Pour rejeter la notion de dictature du prolétariat, les « communistes » démocrates doivent escamoter deux réalités : la nature militaire de tout pouvoir (de tout État) ; et la division de la société en classes. Rien que ça ! Deux réalités que seule la révolution communiste achevée, « l’appropriation sociale des moyens de production » transformera en « vieilleries » et reléguera au musée de l’histoire.

Pour en savoir plus

Plate-forme politique de VP, cahier n° 2.
(1) Lettre de Marx à Weydemeyer, 5 mars 1852.
(2) Dictionnaire Labica, page 283.
(3) Lénine, La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky.

Soutenir par un don