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Occupy Wall Street : pourquoi cette révolte mérite notre soutien

Partisan N°252 - Décembre 2011

Le 2 novembre, le port de San Francisco, à Oakland, a été paralysé pour la 1ère fois depuis 1946. C’est l’événement le plus marquant du « mouvement des occupations » qui a touché des centaines de villes aux États-Unis. « J’ai vécu tous les événements des années 1960, dit Ken Knabb, mais rien de ce qui s’est déroulé alors n’est comparable à ce qui est en train de se passer ici et maintenant. La propagation du mouvement a été absolument stupéfiante ».
Le soutien de ROL, l’Organisation Révolutionnaire du Travail des USA, est un soutien critique. Extraits du n° de nov-déc de sa newsletter « Ray 0’Light ».

Le « modeste appel à l’action » publié par OccupyWallStreet le 17 septembre n’était pas, en réalité, modeste du tout. Il se présente comme un « appel à la révolution ». Il appelle à rompre avec le système ; il appelle les étudiants et les professeurs à enseigner la démocratie ensemble ; les travailleurs à « ne pas seulement faire grève, mais à s’emparer des lieux de travail collectivement et les organiser démocratiquement » ; les chômeurs à « utiliser les compétences qu’ils ont pour se soutenir eux-mêmes comme faisant partie de la communauté » ; à « s’emparer et utiliser les propriétés abandonnées » ; et à faire « des assemblées populaires dans chaque ville, chaque parc, chaque quartier ».

 

Est-ce que le mouvement a un objectif précis ? Est-ce que cet objectif est suffisant ?

 

Se focaliser sur Wall Street, bien que ce soit juste, nécessaire et crucial, n’est pourtant pas suffisant. Le gouvernement US, l’État impérialiste US, est fondamentalement au service de Wall Street. Limiter la cible à Wall Street revient donc à sous-estimer sérieusement la puissance et l’influence de l’ennemi.

 

En quoi OccupyWallStreet est semblable aux mouvements du « printemps arabe » et en quoi est-il différent ?

 

Au Moyen-Orient, les masses arabes ont été assez conscientes pour faire porter la responsabilité de leur désastre économique et social aux dirigeants politiques compradores clairement compromis, et elles continuent à le faire. Aux USA, au contraire, OccupyWallStreet et d’autres nouveaux groupes Occupy, - conséquence de nombreuses années de pillage impérialiste et de relative situation privilégiée par rapport au reste du monde -, ont rarement mentionné une cible politique quelconque. En réalité, protéger et soutenir le régime Obama et l’empire US déclinant reste pour la plupart des manifestants américains une motivation beaucoup plus vraisemblable que le renversement de ce régime réactionnaire barbare, digne continuateur du régime criminel et guerrier Bush-Cheney.

 

Est-ce que l’anarchisme présent dans le programme, l’organisation et la pratique, a la capacité de réaliser les objectifs énoncés au départ par le mouvement ?

 

Non. Étant donné la composition majoritairement blanche et classe moyenne des manifestants et leur histoire récente privilégiée dans la relation à la classe ouvrière internationale et aux peuples opprimés, comme part intégrante de la société impérialiste US dominante, il n’est pas surprenant qu’il y ait une forte tendance politique anarchiste présente chez eux. C’est le cas spécialement maintenant, avec la crise économique capitaliste actuelle, alors que beaucoup d’entre eux sont tombés récemment de la classe moyenne dans le lumpen-prolétariat, connaissant une période difficile, la perte de l’emploi, du salaire, du logement, etc.

 

Quelle est la signification du soutien des syndicats et du parti démocrate reçu actuellement par le mouvement ?

 

C’est à la fois positif et négatif. Ce qui est positif, c’est que plusieurs syndicats importants de la région de New York, y compris le syndicat des Transports, ont commencé à donner des approbations, du personnel, du matériel au mouvement encore naissant. L’association avec ces manifestants peut élargir, approfondir et aider à radicaliser la perspective politique du secteur organisé de la classe ouvrière dans cette période de crise économique.
Le côté négatif, c’est la possibilité, pour les dirigeants conservateurs du monde du travail, d’orienter des secteurs des groupes Occupy vers l’impasse électorale de la seule activité politique du parti démocrate. Ils espèrent pouvoir utiliser le mouvement pour faire contrepoids au Tea Party et faire pression sur Obama et le Congrès pour qu’ils privilégient la création d’emplois, qu’ils lâchent un peu de lest, au moins quelques miettes pour la population.
La réponse politique au réformisme et à l’anarchisme, c’est le socialisme révolutionnaire.

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