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Qui sont les pirates en Somalie ?

Partisan N°252 - Décembre 2011

Voilà que des Somaliens sont jugés à Paris ! Des pirates du XXIe siècle ! Dont un mineur au moment des faits... Mais pourquoi y a-t-il des pirates en Somalie ?

Depuis la chute du régime de Syad Barré, en 1991, le pays est en proie à la guerre civile. Les milices en guerre doivent trouver des financements pour leurs armes et munitions. Profitant de la déliquescence de l’État somalien, les navires européens ont pêché en toute illégalité dans les eaux territoriales. Des entrepreneurs véreux, aidés par des trafiquants d’armes et des diplomates, transforment ce pays en poubelle géante. En mars 1994, une journaliste italienne, Ilaria Alpi, enquêtant sur ce sujet est assassinée à Mogadiscio. Elle avait découvert que non seulement il y a trafic d’armes, mais aussi trafic de déchets toxiques. Les bateaux de la société italienne SHIPCO (Somali High Sea Shipping Company) fournissent en armes les miliciens de Ali Mahdi, qui « paie » les livraisons en acceptant d’enfouir les déchets radioactifs le long de la côte somalienne. Le tsunami en 2004 avait permis de découvrir des centaines de fûts toxiques sur les plages.
Le porte-parole du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), Nick Nuttall a déclaré que "la Somalie a été utilisée comme décharge pour des déversements dangereux qui ont débuté au début des années 1990 et se sont poursuivis tout au long de la guerre civile qui a frappé ce pays. Les compagnies européennes estimaient que c’était très bon marché de se débarrasser des déchets au prix ridicule de 2,50 dollars la tonne, alors que les déchets en Europe réclament des montants de l’ordre de 1000 dollars la tonne". Pour les capitalistes, le choix a été vite fait. Résultat, le nombre de pécheurs a diminué de 75%. La piraterie remplace la pêche. Mais, comme dit un de ces anciens pêcheurs : " La côte somalienne a été détruite et nous croyons que cet argent n’est rien, comparé à la dévastation que nous avons vue sur les mers". Ces déchets ont surtout des effets sur les êtres humains, déjà minés par la famine : malformations des enfants, appareil uro-génital, maladies de peau, des yeux.
La lutte internationale contre la piraterie ne s’attaquera évidemment pas aux vrais coupables, les pays impérialistes occidentaux. Un des axes pour les progressistes et les révolutionnaires, c’est la lutte contre les interventions militaires dans cette région et l’exigence de réparations financières pour les peuples de la Somalie par ceux qui ont contribué à sa misère.

 

Valentin

 

Vidéo à voir : Toxic Somalia, de Paul Moreira.

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