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Lutter contre notre ennemi principal, le gouvernement !

Editorial de Partisan n°272 - mars 2014

Pour faire barrage à la réaction,
lutter contre notre ennemi principal, le gouvernement !

Les manifestations de janvier et février, « journées de colère » et autres « manifs pour tous » de droite et d’extrême-droite, sont présentes dans les têtes en ce 8 mars, et le seront aussi au 1er mai. Les attaques de ce gouvernement, dur avec les travailleurs, aux petits soins avec la bourgeoisie, dans tous les domaines, le seront pas moins. Il sert la soupe aux capitalistes autant sinon mieux que le gouvernement précédent.

 

Alors que PS et droite partagent les mêmes orientations en matière économique et sociale, c’est sur les réformes sociétales que le gouvernement tente de se démarquer à gauche. Il fait alors l’unanimité contre lui de tout ce que le pays compte de vieille réaction de droite et d’extrême-droite. Attaques du gouvernement, menace d’une extrême-droite de plus en plus agressive, dans la rue et contre les militants. Devons-nous lutter sur deux fronts le gouvernement et les réactionnaires ? Et si oui, quel est l’ennemi principal ? La question va être réactivée par les prochaines échéances électorales. Voter pour qui ? Pour faire barrage à qui ?

 

L’ennemi principal, c’est le gouvernement, qui porte et défend les intérêts de la bourgeoisie française, pas les « traditionalistes » de toute confession, les nostalgiques d’un ordre ancien naturel, condamnés par l’évolution de la société. Bien sûr, ces derniers sont une menace, plus physique que politique. Ils font preuve de leur force, de leur capacité de mobilisation, ils tiennent le pavé, alors que les exploités, les ouvriers licenciés, les travailleurs dont les conditions de vie se dégradent du fait même des politiques subies, de même que les progressistes, sont inaudibles, dispersés et sans force. Les manifestations en défense de l’IVG, le 1er février, ou la journée nationale interpro CGT du 6 février, n’ont guère marqué.

 

Sans doute faut-il y voir un choix des médias et du gouvernement de faire diversion. Mais si ce n’était que cela, ce ne serait au fond qu’un moindre mal. Les manifs sont révélatrices d’une situation politique dans laquelle le camp des ouvriers et travailleurs parait inorganisé et affaibli. D’autant que les exploités ont été éduqués par les réformistes à attendre rien de leur propre force et tout d’un sauveur « suprême », détenteur des « solutions magiques », et qui résoudrait tous les problèmes sociaux et économiques, sans eux, mais pour eux. Le dernier de ces « sauveurs », Mélenchon, où est-il ? Lui qui, avec le Front de Gauche, avait l’ambition d’entretenir la flamme d’une « vraie gauche », d’un Etat fort face à la « finance », et d’une « France » fière de sa République ? Il est à fond dans les municipales...

 

Elevés à « l’union de la gauche » et au « soutien de nos élus » pendant des décennies, les travailleurs sont plutôt écoeurés, et divisés. Beaucoup sont en colère contre les « politiciens », les « élites » en qui ils avaient mis leur confiance. Ils manifestent leur colère « contre », veulent que « ça pète ». Quitte à l’exprimer en se tournant vers le premier pitre réactionnaire. La quenelle de Dieudonné est reprise par des travailleurs, des syndicalistes même, pour manifester ce ras-le-bol. C’est un peu de salut hitlérien et de bras d’honneur, ce n’est pas le poing levé communiste...

 

Nous resterons faibles si nous ne voyons pas dans le gouvernement actuel notre ennemi principal. Un ennemi qui nous attaque, mais aussi nous désarme, en se prétendant le rempart contre la réaction. En baissant les armes contre lui, en pensant qu’il peut éviter le pire, nous nous paralysons. Alors qu’il ne cesse de céder devant la réaction et de l’encourager. Pour preuve ce retrait de la loi sur la famille, pourtant épurée de la PMA (procréation médicalement assistée). Et le droit de vote aux immigrés, dans la liste des promesses électorales depuis plus de 30 ans ?

 

Les dirigeants des confédérations syndicales, qui font plus que ménager le gouvernement, avec l’argument que la « gauche » c’est moins pire que la droite, préparent le pire et l’attendent passivement.

 

Dans la lutte contre ce gouvernement, nous n’opposons pas nos intérêts économiques et sociaux, l’emploi, le pouvoir d’achat, contre les impôts, pour le droit à la santé, etc, et de l’autre les discriminations, le mariage pour tous en 2013 ou l’égalité garçons-filles à l’école. Etre communiste, ce n’est pas « PSA plutôt que PMA » !

 

Communistes, nous combattons pour une société libérée de toutes les formes d’exploitation et de domination, une société sans classe, sans exploiteurs et exploités. Une société qui s’attachera à éliminer les inégalités et les préjugés et à développer l’égalité entre tous. Une société qui permettra le libre développement des individus, selon leurs possibilités intellectuelles et leurs aspirations, et leur prise en mains collective de la lutte pour une société sans exploitation ni domination.

 

Aussi nous n’opposons pas les « exigences sociétales » aux exigences économiques, qui seules concerneraient vraiment les ouvriers. C’est parce que les partis réformistes n’ont pas mené la lutte dans la classe ouvrière contre les préjugés machistes, homophobes, ou racistes, parce qu’ils y ont développé le culte de la nation et le chauvinisme impérialiste, que Dieudonné ou des réactionnaires comme Soral, peuvent faire des adeptes y compris dans les syndicats. Farida Belghoul, comme Alain Soral, sont des anciens du parti communiste, maintenant dans la nébuleuse du FN. C’est leur mouvement Egalité et Réconciliation, créé par des membres du FN en 2007, qui a lancé cette « journée de retrait de l’école » pour protester contre l’enseignement des ABCD de l’égalité. Déçus par la gauche, ils gardent de sa politique le nationalisme et le culte de l’Etat.

 

Depuis quelques mois, des unités d’action, essentiellement avec le NPA et Alternative Libertaire, ont été réalisées par Voie Prolétarienne, au sein de fronts ou collectifs, anti-capitalistes ou révolutionnaires anti-capitalistes. C’est un signe des temps, la nécessité minimum de faire front ensemble, pour desserrer le carcan politique bourgeois devenu trop étouffant. Contre la réaction fasciste et agressive, nous n’appelons pas au secours l’Etat, mais nous nous organisons pour défendre nos militants. Contre le gouvernement de la bourgeoise et contre la réaction, nous nous battons pour nos besoins ET pour notre dignité d’hommes et de femmes, pour l’égalité des droits, contre les discriminations de toutes natures, pour l’économique et le social ET pour l’idéologique et le sociétal. Parce que nous avons pour objectif le communisme.

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