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Les contradictions dans le mouvement de solidarité

Le mouvement de soutien au peuple palestinien a généré des controverses parfois violentes dans l’extrême-gauche. En premier lieu, nous soutenons sans condition le droit des peuples opprimés à la résistance armée, quelles que soient les organisations qui la mènent. Mais notre soutien explicite va aux organisations qui portent une ligne révolutionnaire, progressiste ou démocratique. Dans le cas de la Palestine nous clamons sans hésitation : "Vive la résistance du peuple palestinien" : ce slogan est vrai aujourd’hui comme il l’était hier, quels que soient les changements advenus dans le mouvement national palestinien. Ce qui est différent d’un soutien à la ligne politique ou militaire du Hamas. Nous soutenons les organisations progressistes et révolutionnaires comme le Front populaire de libération de la Palestine, ou Abnaa El Balad ("Les fils de la Terre"), deux organisations de gauche partie prenante de la résistance.

Soutien à la résistance du peuple palestinien

Certains nous font remarquer qu’il y a contradiction à, d’un côté, soutenir la résistance en général, et de l’autre ne pas apporter son soutien à l’organisation qui la dirige. Et bien oui, c’est effectivement une contradiction. Et justement notre politique ne consiste pas à éviter les contradictions, mais à les prendre en main pour les tirer dans le bon sens. Si nous voulons que le soutien à la résistance en général s’accorde avec le soutien en particulier aux organisations qui la mènent sur le terrain, nous avons le devoir de soutenir celles qui ont la ligne politique la plus juste pour qu’elles soient la force principale de la Résistance. Ainsi, cette contradiction disparaitra.

Combattre les confusions volontaires

Certains veulent confondre le soutien de principe à la résistance palestinienne avec le soutien à des organisations réactionnaires comme le Hamas. C’est le cas à notre droite, par exemple au PCF. Ou alors à notre gauche, chez certains anarchistes et trotskistes. Chez les premiers, c’est un moyen de camoufler le fond de leur pensée, leur pacifisme et leur rejet de la violence légitime du peuple face à l’oppression. Le PCF a juste été l’aile gauche de l’Etat français dans cette affaire : soutien à l’interdiction par Valls des manifestations les plus radicales, organisation de rassemblements locaux sous le mot d’ordre de « Nous ne sommes ni pro-palestiniens ni pro-israéliens »...

Chez les seconds, cela découle de conceptions politiques erronées, notamment d’un rejet de principe de toute idée de front avec d’autres forces, et d’une répugnance à mener la lutte de ligne dans le mouvement de masse. Ce sont en effet souvent les mêmes qui refusent d’apporter leur soutien à la Résistance palestinienne qui nous accusent de faire front avec des fascistes antisémites dans les manifestations. Tout d’abord, oui, nous refusons de crier avec les loups des médias pro-gouvernementaux et pro-sionistes que les manifestations populaires de soutien à la Palestine seraient pleines d’antisémites, car ce n’est pas vrai. Ensuite, il est vrai que des antisémites prennent part à ces manifestations. Nous les avons vus et entendus. Leur présence n’est ni une affabulation des médias, ni le fruit de provocations policières.

Mener la lutte de ligne dans le mouvement

La vérité est que nous ne pouvons éviter totalement leur présence. Nous devons empêcher leur présence en tant que force organisée, sous forme de cortège ou de banderole ; nous devons également combattre leurs manifestations publiques individuelles dans les cortèges, lorsqu’ils crient certains slogans ou font certains gestes. Mais nous ne pouvons pas, dans la période actuelle, éviter que des centaines, voire des milliers de personnes du peuple influencées par des courants antisémites participent à ces manifestations. Il y a donc une lutte à mener dans le mouvement contre l’influence de ces mouvements. Mais cette lutte doit être menée de l’intérieur, dans la lutte politique parmi les masses. Elle ne peut pas être menée de l’extérieur, par la scission d’avec le mouvement dès qu’il prend une tournure qui ne nous conviendrait pas. Selon cette conception, il suffirait de critiquer les mauvaises tendances en parole depuis le dehors. C’est une idée fausse, qui se base sur la fétichisation de la rhétorique, et ne veut pas admettre le caractère principal de la pratique. Le ralliement de masse à un point de vue juste ne peut se faire principalement par la diffusion de points de vue bien argumentés : il faut être aux côtés des gens. En fait, les deux sont indissociables.

Il faut prendre part aux manifestations de soutien au peuple palestinien, même si nous y côtoyons des organisations réactionnaires islamistes ou y entendons parfois des slogans douteux. Sans nier les contradictions qui nous opposent à eux, mais en gardant la tête froide. Il faut garder le principal en tête : ces manifestations attirent des milliers de jeunes, de prolétaires, de personnes du peuple en colère contre les massacres sionistes et la complicité de l’impérialisme français, et nous devons être à leurs côtés pour ne pas laisser les réactionnaires et les fascistes prendre leur tête.

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