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Zyed Benna et Bouna Traoré : la police assassine, la justice acquitte !

Déclaration - 23 Mai 2015

A Bobigny, Marseille, Rennes, Nantes, Lille ou Toulouse des centaines de personnes se sont rassemblées après l’annonce de la relaxe définitive des deux derniers policiers inquiétés dans la mort des deux jeunes en 2005 : membres des familles des jeunes assassinés, amis, militants politiques ou des collectifs contre les violences policières, mais aussi des individus révoltés. Tous les grands médias étaient là à l’affût du dérapage, pour renforcer encore les images les plus réactionnaires et anti-prolétaires des « quartiers  » qu’ils déversent à longueur de journée. Mais la palme revient quand même à la petite-fille Le Pen qui n’a eu que le mot racaille à la bouche pour dénoncer les jeunes de nos cités.

 

La relaxe des policiers n’est pas une surprise. Pourtant, le chef d’accusation était minimaliste « non-assistance à personne en danger ». Nous savons que nous vivons dans un Etat où les membres de l’appareil répressif jouissent d’une quasi-impunité. Au-delà de l’affaire « Zyed et Bouna  », combien de meurtres policiers impunis ? Il y a Ali Ziri, Amine Bentounsi, et tous les autres, ceux que l’on connaît et tous ceux que l’on ne connaît pas. Sans parler des actes de torture dans les commissariats, du harcèlement policier, du mépris et de l’arrogance permanente des gendarmes et policiers lorsqu’ils marchent dans la rue ou nous adressent la parole. Ce sont pas des « bavures », ce ne sont pas des « dérapages ».
La haine des couches populaires, l’idéologie raciste et patriarcale sont ancrées de longue date dans les pratiques policières. Pour banaliser la violence, il faut faire accepter au plus grand nombre qu’une partie du peuple soit dégradée de sa dignité humaine, et stigmatisée. Hier c’était la « populace  », la « canaille  » des faubourgs parisiens, les algériens jetés dans la Seine, aujourd’hui ce sont les jeunes des banlieues, les immigrés, les étrangers, des générations entières issues du pillage colonial et impérialiste, qui sont désignés comme « ennemis  ». Ce n’est pas seulement la « loi  » ou la justice qui permettent l’impunité policière, c’est le racisme attisé par les partis bourgeois dans toute la société pour nous diviser  ! Que ce soit à Clichy,-sous-bois, à Ferguson ou à Baltimore  : la brutalité policière est indissociable du régime capitaliste, elle est la manifestation quotidienne de cette « dictature de la bourgeoisie ».

 

Lors des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, tous les médias ont chanté les louanges de la police… Mais la Police n’est pas au service du peuple, elle est au service de l’Etat, elle est au service de ceux qui ont le pouvoir, des bourgeois. La Police protège le patron face au gréviste, les préfectures face aux manifestants, pourchasse les jeunes dans les quartiers, rafle les sans-papiers.

 

La police, c’est le bras armé de l’Etat bourgeois, un bras d’autant plus armé que les capitalistes ne veulent et ne peuvent plus acheter la paix sociale. Il y a 6 mois Valls dénonçait très démagogiquement « l’Apartheid  » et voulait « casser les ghettos  ». Mais depuis qu’il est au pouvoir, comme ses prédécesseurs, il a entretenu ce « climat d’impunité  » par le quadrillage policier des quartiers populaires ciblés comme zones dangereuses, par l’extension de la répression de la contestation sociale, par l’exigence que les flics « fassent du chiffre  » (arrêter, et expulser surtout...)

 

La Justice n’est pas en reste : « La Police réprime, la Justice acquitte ». Les prolétaires ont bien conscience de l’injustice du système, du « deux poids deux mesures ». Le bras de la justice bourgeoise est toujours plus lourd pour condamner les prolétaires. Mieux vaut être un politicien corrompu à hauteur de plusieurs millions d’euros, ou un flic tortionnaire, qu’être un jeune d’origine maghrébine vivant dans un quartier populaire… ou un manifestant comme Rémi Fraisse, ou d’autres, mutilés aux flashballs. Dans les pays de démocratie bourgeoise, de démocratie de façade comme la France, la Justice elle aussi est par nature au service des dominants, même si elle brandit des principes pour faire croire le contraire.

 

L’OCML VP partage la tristesse et surtout la colère et la révolte de tous ceux qui trouvent insupportable l’impunité policière et la violence d’Etat. Elle apporte son soutien aux collectifs contre les violences policières ; la campagne nationale récemment lancée contre les violences policières doit être amplifiée et renforcée.
Nous appelons à dénoncer le plus largement possible les politiques sécuritaires, l’armement croissant de tous les corps de police, l’extension de la répression aux mouvements de contestations sociaux et politiques contestataires.

 

Le seul moyen d’en finir avec cette impunité policière c’est d’en finir avec l’Etat et la bourgeoisie qui nous exploite, sa police et sa justice, pour construire une autre société. Nous l’appelons le communisme.

 

Vérité, Justice pour les familles et les proches  !
Pas de justice, pas de paix  !
Ils nous font la guerre, organisons-nous  !

 

Le 23 mai 2015

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