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Il y a 50 ans La France assassinait Ruben Um Nyobe

Partisan N°226 - Mars 2009

À la fin de la 1ère Guerre Mondiale, le Cameroun, ancien protectorat allemand, fut mis par la Société des Nations sous le mandat de la France pour les 4/5 du territoire, et de l’Angleterre pour le restant.

Créé en avril 1948, dans la période d’aiguisement de la lutte anti-coloniale, l’UPC fut interdite en 1955, après les mutineries déclenchées par une série de provocations du haut-commissariat français, et ses dirigeants forcés à l’exil ou à la clandestinité. Entre temps, en France, le Parlement approuvait une loi qui instituait un "exécutif indigène", présidé par le gouverneur français, mais assisté par un vice-président africain. Cette équipe devait rendre des comptes devant une assemblée locale où les colons continuaient à avoir une représentation majoritaire.

En 1956, l’État français chargea un gaulliste et ancien légionnaire de mettre en pratique la dite "loi d’autonomie", que l’UPC dénonça comme un "simulacre d’émancipation" qui l’empêchait de participer aux élections locales de décembre de cette même année et retardait le processus qui lui aurait restitué sa légalité.

L’assassinat de deux colons, attribué à des membres de l’UPC, servit de prétexte à une vague répressive qui s’abattit alors sur le parti indépendantiste. Des camps de regroupement furent créés, tandis que l’armée coloniale quadrillait le pays. Tout africain rencontré hors de ces camps était considéré comme un ennemi et courait le risque d’être tué. Il s’ensuivit des massacres et des boucheries.

On compte qu’un tiers de la population avait cherché refuge, notamment dans les zones forestières. Les indépendantistes organisèrent la résistance, s’armant comme ils pouvaient : avec des fusils de chasse, des lances, des bêtes… Mais l’armée pénétra dans la forêt, refermant un cercle autour d’eux. Pour rejeter la soi-disant "autonomie" que la puissance coloniale lui imposait, et se battre pour le droit des Camerounais à gérer leur destin, Ruben Um Nyobé fut déclaré "hors-la-loi", devenant ainsi une cible privilégiée de la chasse aux partisans de l’indépendance.

Sa mort, pourtant, n’étouffa pas la rébellion. Le 1er janvier 1960, derrière des cérémonies et des festivités qui célébraient la pseudo-indépendance octroyée par de Gaulle, la répression contre les membres et les sympathisants continuèrent et se poursuivirent jusqu’en 1970. Entre temps, d’autres dirigeants de l’UPC furent assassinés : Félix Moumié, Osendé Afana, Ernest Ouandié. Et des dizaines, sinon des centaines de milliers de Camerounais ont perdu la vie.

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