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A propos de la violence révolutionnaire : une précision…
Partisan N°225 - Février 2009
La violence révolutionnaire est défensive face aux attaques du capitalisme, comme le reconnaît le NPA, mais pas seulement. Elle devra aussi, et surtout à un certain point, être offensive. Il faut s’y préparer, éduquer les masses, former des militants en une avant-garde politique et militaire de la révolution. Car le changement de société, la « révolution », ne pourra pas se faire pacifiquement, toute l’histoire du mouvement ouvrier est là pour nous le rappeler. C’est une des leçons majeures de la Commune de Paris ou du Chili réformiste de Salvador Allende.
Revenons sur un paragraphe de l’article de Partisan qui cite un extrait d’une ancienne brochure de Voie Prolétarienne : « N’y a-t-il pas beaucoup plus à apprendre de l’expérience des mineurs anglais que des Brigades Rouges ? », est-il cité. Telle quelle, cette citation est fausse, et en fait, elle est tronquée et sortie de son contexte. Sur le principe, elle revient à opposer une violence des masses, qu’il faudrait soutenir, et une violence d’avant-garde, à laquelle il faudrait s’opposer. Si on élargit le débat, on serait de la même manière amenés à soutenir un parti de masse et à s’opposer à un parti d’avant-garde… Ce n’est pas notre position. La brochure en question [1], de débat avec les CCC, reconnaissait la possibilité d’une violence d’avant-garde, dans une phase non révolutionnaire, pour préparer pratiquement, politiquement, la prise du pouvoir. Bien entendu, comme il est précisé ensuite, « la question des actions armées ne peut se poser qu’à un certain niveau d’organisation de la classe ouvrière, et compte tenu de l’état du mouvement ouvrier ». En rajoutant qu’il faut connaître les capacités de répression et de criminalisation de la bourgeoisie (voir les inculpés de Tarnac), et donc en mesurant le degré d’organisation et de clandestinité nécessaire pour s’y préparer. Mais rejeter par principe le rôle de la violence d’avant-garde, comme le font les LCR-NPA ou Lutte Ouvrière, c’est se lier les mains au pacifisme et à l’impérialisme.
On doit en ce sens avoir en mémoire l’expérience des Brigades Rouges en Italie, l’expérience le plus importante de la lutte armée dans un pays impérialiste (avec peut-être celle du Black Panther Party aux Etats-Unis) : profondément implantées dans la classe ouvrière, dans les usines, avec une orientation politique qui se réclamait du communisme, et néanmoins réprimées férocement jusqu’à la disparition, avec plus de 3 000 emprisonnés.
La brochure de débat avec les CCC ouvrait en particulier la possibilité de la propagande armée, avec « la politique qui guide le fusil » pour reprendre la formule maoïste, d’actes militaires symboliques liés à un travail politique de fond dans la classe ouvrière, pour illustrer les limites, les impasses et les responsabilités du capitalisme, tout en éduquant sur la prise du pouvoir et la violence révolutionnaire.
Ce que nous disions, c’est que aujourd’hui les conditions de ces actions ne sont pas réunies (en particulier l’absence d’une organisation communiste solide et aguerrie), et que c’est une illusion de croire qu’un acte exemplaire et spectaculaire (comme une action violente, armée) peut à lui seul contribuer à créer la conscience et l’organisation (c’était l’erreur d’Action Directe). La violence révolutionnaire, la lutte armée, reste aujourd’hui de l’ordre des idées, de l’éducation, de la propagande, que nous devons faire vivre. Mais elle reste une pierre d’achoppement entre réformistes et révolutionnaires, et nous ne saurions trop remercier J-M Rouillan de la remettre d’actualité !
Le CD de Voie Prolétarienne
