Approfondir > Lutter contre les fermetures : c’est quoi une "alternative crédible" (...)

Lutter contre les fermetures : c’est quoi une "alternative crédible" ?

Les luttes pour l’emploi sont des luttes très difficiles. La menace de fermeture tétanise les réactions, entre désespoir et solutions individuelles, colère et révolte radicales, espoirs fous d’une « alternative » souvent imaginaire. Et force est de constater que les combats contre les restructurations au cœur de la crise du capitalisme mondialisé sont rarement vainqueurs, même les plus valeureux.

 

Trois fermetures ont marqué les années 2012-2014 : celle de l’usine PSA à Aulnay-sous-Bois (3 100 salariés), celle de Goodyear à Amiens (1 200 salariés) et celle de Fralib à Marseille (180 salariés – groupe Unilever). Trois usines faisant partie des grandes multinationales du capitalisme mondial, trois expériences complètement différentes, où les militants de Voie Prolétarienne sont intervenus. Grèves et occupation à PSA relativement démocratique avec une équipe syndicale combative et radicale, procédures juridiques en cascade à Goodyear, mais sans conflit de classe véritable avec une équipe syndicale forte en gueule mais totalement bureaucratisée, conflit sur le long terme à Fralib autour d’un projet de SCOP avec une équipe syndicale vivante et démocratique, voilà pour l’essentiel. Trois conflits très différents donc.
Nous avons voulu pourtant faire un travail de synthèse, ce que nous avons appelé un « bilan croisé » de ces trois expériences, pour tenter d’en tirer quelques leçons.

 

Parmi celles-ci, nous avons choisi d’insister ici dans cet article sur ces notions de « crédibilité » et « d’alternative » dans le combat pour l’emploi, largement répandues par tous les courants réformistes : contre plans et expertises, procédures juridiques, nationalisation, création de scops, recherche de repreneurs, reclassements et pré-retraites, grosses indemnités etc. Souvent ces « alternatives crédibles » (comme nous les avons appelées) servent de support aux espoirs de la lutte de larges secteurs ouvriers combatifs.
D’où LA question qui nous a mobilisé : comment éviter de rentrer dans les projets « alternatifs » et « crédibles » des réformistes, et d’un autre côté, sur quelle alternative et quelle crédibilité peuvent s’appuyer les révolutionnaires…

 

Il faut déjà mettre au clair ce que l’on peut mettre derrière ces deux mots « alternative » et « crédibilité ».
D’abord, la réaction face aux annonces de licenciements et de fermeture provoque incrédulité, colère, révolte. Face à l’agression que représentent la perte de l’emploi et la menace du chômage, c’est la révolte, voilà la première réaction des ouvriers combatifs : « Non aux licenciements ! Non à la fermeture », c’est le point de départ, le dos au mur.
Dos au mur, oui, mais refus de la fatalité et l’idée qu’il sera utile et positif de se battre. Pour sa propre dignité d’abord. Pour l’utilité ensuite de son propre combat comme partie d’un tout, la lutte de la classe ouvrière, à laquelle on entend contribuer en ne baissant pas les bras comme les exploiteurs le souhaiteraient. Plutôt que de râler sur la passivité de ses collègues ouvriers qui rendrait les choses impossibles, montrer la voie et inciter les autres à la prendre. Enfin, espérer par son combat être victorieux. Comme il était affiché dans l’usine Fralib : « Celui qui se bat peut espérer gagner, celui qui ne se bat pas a déjà perdu ».

 

C’est le point de départ, qui a on le voit des motivations multiples et convergentes. Elles ont aussi pour point commun le rejet (dans un premier temps ?) de l’acceptation des PSE (officiellement, les Plans de Sauvegarde de l’emploi, novlangue de la bourgeoisie pour cacher le but réel : plans de suppression de l’emploi) et de la seule négociation des compensations, le chèque, avant ou après la lutte (quand « vendre sa peau le plus cher possible » est proposé comme la seule « issue » crédible...).

 

Mais plus le conflit s’installe dans le temps, plus il apparaît que la direction ne veut pas bouger et enchaîne les procédures administratives officielles (réunions de Comité Central d’Entreprise etc.), plus se pose dans les consciences ouvrières la recherche d’une « solution », d’autant que tous les courants réformistes sont là pour pousser en ce sens.

 

« Les alternatives économiques »

 

Cette idée d’alternative doit être clarifiée : en quoi peut-elle consister ? Cela peut être très divers. Petit catalogue :

 

L’appel et la recherche d’un repreneur privé pour que l’usine continue son activité avec un autre patron. C’est en général inscrit dans les PSE. C’est dans le PSE parce qu’au final ça ne mange pas de pain : on peut toujours prétendre avoir fait cette recherche sans succès ! Car en général, les monopoles ne se battent pas pour développer la concurrence, et comme souvent, l’usine ferme pour des problèmes de rentabilité dans la compétition mondiale, ça ne se bouscule pas au portillon. C’est quand même la piste pleine de brouillard qu’a empruntée Montebourg contre des projets de fermeture, Ascométal par exemple repris finalement par Sparkling industry. On voit donc des conflits (les Moulins Maurel à Marseille par exemple) où ce sont les salariés qui recherchent et tentent d’imposer un repreneur à leurs anciens patrons. Avec même dans ce cas précis le piment supplémentaire que le repreneur potentiel, Algérien, a mis des mois pour obtenir un visa, de peur qu’il ne s’installe en France et nous pique notre boulot, sans doute !

 

La réorientation de la production : l’entreprise change de produit fabriqué, en restant dans la même branche généralement. Cela permet par exemple de se battre pour l’emploi dans les usines d’armement, si on a quelques réticences à la défense du « Tuons français ». Mais souvent pour le bourgeois, cela coûte plus cher que de repartir à neuf dans une usine conçue pour dès le départ. C’est donc un choix plus politique qu’économiquex : rester implanté dans le pays ou la région, ou changement de filière technologique : centrale électrique au fuel qui passe au bois, voitures électriques à la place des voitures à moteurs à explosion... L’importance de la composante politique dans le choix fait que cela peut devenir un objectif de lutte pour des ouvriers...

 

Le forçage de maintien de l’activité, que la direction de la multinationale juge non rentable. L’idée est d’imposer à l’entreprise la poursuite de la production, en général grâce à des aides substantielles de l’Etat qui lui procurent des débouchés ou des apports de trésorerie. Les ouvriers, qui ont du mal à avaler les raisonnements économiques d’une redoutable logique qu’on leur sert quotidiennement, affirment alors : qu’ils se débrouillent comme ils veulent, nous, on reste bosser ici. Nombreux mobilisés sur cette logique, ça peut payer... et en tous cas, ça permet de laisser le collectif soudé sur un objectif clair.
Cette logique s’articule du côté des réformistes en deux volets. Un volet économique basé sur des expertises, des cabinets de conseils, qui veulent déboucher sur des contre-plans minutieux démontrant comment la direction « gère mal » l’entreprise, comment elle trompe les travailleurs avec des chiffres truqués et comment elle aussi pourrait finalement y gagner : on va vous expliquer comment mieux gérer le capitalisme. Un volet juridique, appuyé là encore sur des experts avocats qui aspirent à montrer que la direction ne respecte pas le droit du travail ou le droit commercial, et prétendent « bloquer » la restructuration dans un filet de procédures juridiques pour au final redéboucher sur un contre plan économique. Des luttes comme celles-ci ont été nombreuses, mais l’idéologie libérale et la crise économique les ont rendues bien plus difficiles depuis les années 80.

 

Restent les deux solutions finalement les plus courantes, s’inscrivant dans la longue et sinueuse histoire du réformisme en France : la nationalisation et la coopérative.

 

Les nationalisations d’abord. C’est le programme du CNR (Conseil National de la Résistance) en 1944 où est exprimé le souhait du « retour à la nation des grands moyens de production monopolisée, fruits du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques » [1]. D’où sont issus la SNCF, les Charbonnages de France, la Banque de France, Electricité et Gaz de France, la Régie Nationale des Usines Renault,... Ce programme est surtout porté par les Socialistes de l’époque (SFIO) qui le considèrent comme des mesures à la fois socialistes et patriotiques, le PCF gardant alors essentiellement une position marxiste : pas de renforcement de l’ennemi, l’Etat bourgeois, qu’il s’agit de renverser. Mais, gangrené par l’opportunisme, il devient dans les années suivantes le plus farouche défenseur des nationalisations, les intérêts de l’aristocratie et bureaucratie ouvrière qui y prospèrent deviennent déterminants. Il ne s’agit plus donc de renverser l’Etat mais de s’y développer dans ses niches (avec les CE et les municipalités), points d’appui vers un capitalisme d’Etat dans lequel ces nationalisations ont tout leur sens. Le programme du CNR revient à la mode ces temps-ci sous le mythe des « jours heureux », le rêve d’un capitalisme d’avant la mondialisation, avant la crise économique, bref le rêve d’un capitalisme régulé à visage humain…
Il y a deux conceptions de la nationalisation : l’étatisation classique (Montebourg qui parle de nationalisation transitoire à propos d’ArcelorMittal, sans parvenir à rallier la bourgeoisie à ce projet) ou la réappropriation des richesses par les travailleurs (la nationalisation avec contrôle ouvrier dont parlait le mouvement trotskyste dans les années 70, proche de « l’autogestion » du Parti Socialiste Unifié des mêmes années). C’est celle dont parle aujourd’hui une partie du PCF et des courants à sa gauche : nationalisation mais pas étatisation ! C’est qu’entre-temps, il y a eu le développement de l’idéologie libérale et l’expérience limpide des nationalisations de l’ère Mitterrand : de grands groupes français rachetés, retaillés à l’échelle européenne, restructurés, refinancés pour être rendus au privé après : Thomson, Saint-Gobain-Pont-à-Mousson, Rhône-Poulenc, Pechiney-Ugine-Kuhlmann, Sacilor, Usinor plus de nombreuses compagnies bancaires (Paribas, CIC,...).
Partant d’une idée juste au départ : toutes les richesses ont été produites par les travailleurs, donc leur appartiennent, non en titre mais en droit, il s’agit de demander à l’Etat de contrer la logique de profit des trusts pour lui opposer une logique de service public, de réappropriation et de partage des richesses.
• Mais la situation n’est plus celle de 1944 où il fallait faire d’importantes concessions sociales pour faire redémarrer le capitalisme colonial français.
• Mais nous ne sommes plus au XIXème siècle, le marché capitaliste a envahi toute la planète, la guerre économique s’est mondialisée et la concurrence est féroce entre requins multinationaux. Les Etats eux-mêmes sont engagés dans cette guerre économique et militaire, c’est l’époque de l’impérialisme. C’est ce qu’a compris le PS au pouvoir, il est vain et illusoire de chercher, à l’intérieur même du capitalisme et de ses règles économiques et sociales, une « solution étatique » crédible : la concurrence se chargera de ramener les rêveurs à la raison…
• Mais, enfin, en quoi la propriété d’Etat est-elle une quelconque réappropriation pour les travailleurs, si l’Etat lui-même reste l’Etat bourgeois ?

 

Les coopératives ensuite. Elles sont souvent rattachées au mouvement des SCOP, qui ne signifie plus « Sociétés coopératives ouvrières de production » mais plus clairement « Sociétés coopératives et participatives ». De nombreux conflits liés à des fermetures en ont émis l’idéec : Les SeaFrance (la SCOP existe toujours, avec 600 coopérateurs), Les GoodYear un moment, les Lejaby, les Fralib (SCOP-TI - pour Thés et Infusions - comprend 51 coopérateurs). L’essentiel des SCOP ne sont pas issues de ces luttes pour l’emploi, mais simplement du désir de salariés d’utiliser ces statuts de société collective. Pourtant pour plein d’ouvriers de petites boites en lutte, c’est l’espoir de garder leur emploi, sans dépendre des décisions intéressées de leurs patrons exploiteurs. Mais c’est compliqué car il faut malgré tout passer par les fourches caudines du marché capitaliste : trouver du financement et des banquiers, des fournisseurs, des débouchés commerciaux, organiser la production... Ce sont souvent les cadres qui se chargent... de reprendre leurs anciennes fonctions et de refaire tourner la boite. On voit pourquoi elles ne s’appellent plus ouvrières de production ! Là aussi, il y a eu des échecs cuisants dans l’histoire de la France ouvrièred : Manufrance, Lip par exemple. Le Crédit Agricole, première bancassurance européenne, est-il un symbole de réussite de banque coopérative ?

 

Retour sur PSA, Goodyear, Fralib…

 

PSA, c’était la lutte radicale pour forcer au maintien de l’usine ou au reclassement de tous les salariés. Créer un rapport de force suffisant pour ce que nous avons appelé un forçage économique. Evidemment, le groupe PSA a eu l’aide du gouvernement (malgré les gesticulations de Montebourg « n’acceptant pasd » le plan de la direction, mais Ayrault y a vite mis un holà). Les quatre mois de grève dure, ayant eu un large écho et soutien national (près d’un million d’euros de collecte de solidarité) ont amélioré le plan social mais ne l’ont pas annulé. C’est aussi que les grévistes étaient partagés entre lutte pour des contreparties élevées (reclassements, indemnités) et espoirs de forçage sur place. Donc une volonté forte de se battre oscillant entre colère et fatalisme selon les moments. Un noyau dur d’une centaine de grévistes, entraînant environ 500 ouvriers sur des actions et des positionnements offensifs. Une méfiance généralisée vis-à-vis des politiques, mais le Front de gauche, le NPA et LO reconnus, aucun n’étant associé au gouvernement, qui garde pourtant une audience certaine. Au final, le courant qui veut faire payer cher son départ l’emporte vis-à-vis de ceux qui ne peuvent espérer retrouver un emploi ailleurs. Ainsi, le rapport de forces conjuguées n’ayant pu obtenir l’annulation de la fermeture s’est concrétisé sur des contre-parties financières consistantes, des reclassements en nombre (en particulier à Poissy) et l’arrêt de la lutte (à l’identique de l’expérience des Chausson Gennevilliers dans les années 1990).

 

A Goodyear, c’est encore la voie du forçage qui a été tentée, mais sur une base complètement réformiste et bureaucratique, au-delà des discours ronflants du leader de la CGT. A partir de l’arrogance de la direction, du rejet complet des PSE et des solutions individuelles (sur le juste constat de l’importance de la misère et du chômage en Picardie), c’est la voie légale et juridique qui a été suivie, pour imaginer contraindre Goodyear à poursuivre l’activité sur place, en mettant des bâtons dans les roues de la direction jusqu’à ce qu’elle renonce à la fermeture. La lutte a été confisquée par les « experts » (l’avocat Rilov censé tout régler, le dirigeant CGT) contre des « patrons voyous », deux ou trois journées d’action en deux ans, il n’y a pas de vraie lutte contrairement aux affirmations des médias. Ça a marché un moment, jusqu’à l’échec final et à répétition devant les tribunaux. Alors tenir pour quoi faire ? La CGT a imaginé un temps un projet de SCOP en sous-traitance pour Goodyear pour « crédibiliser » (on y est…) son combat, sans d’ailleurs l’approfondir tellement il illustrait son réformisme crasse. La crédibilité n’était pas là, au-delà des discours…
Il y avait pourtant une vraie « alternative crédible » dans ce combat pour l’emploi : un combat commun avec les ouvriers du site de Dunlop (autre usine du même groupe et juste de l’autre côté de la rued !). Le corporatisme et le chauvinisme d’entreprise de la CGT Goodyear a fait capoter toutes les tentatives de rencontres. Et fallait-il se lancer dans l’échafaudage d’une solution industrielle alternative pour convaincre la multinationale de sauver l’usined ? On a déjà critiqué tous ces contre-plans qui lient notre sort à celui des futurs patrons et au bon fonctionnement du capitalisme. La CGT Goodyear s’en est remise au fonctionnement juridique et économique du capitalisme, le conflit s’achève sur des centaines de chômeurs supplémentaires et pratiquement aucun reclassement…

 

Projet alternatif, c’est la voie qu’ont prise les Fralib, avec la particularité d’un projet de SCOP de production industrielle mais pour une centaine de salariés, et sur un créneau autrement accessible (le conditionnement de thés et infusions, quelques centimes par sachet, et possibilité de vente directe au consommateur) que la production de pneus automobiles par mille ouvriers. Ce projet de SCOP a servi de point d’ancrage à la lutte (la faire passer de la résistance à l’offensive), mais c’est l’exemple de la fermeture de l’usine du Havre en 1998 (une cinquantaine d’ouvriers avait alors accepté d’être transférés à Marseille) qui a servi de repoussoir et de facteur de radicalité contre Unilever : ne pas subir suicides, dépressions, précarité, chômage, comme ceux qui avaient alors été licenciés. La lutte s’est aussi appuyée sur le constat de l’expert du cabinet Progexa calculant que l’usine était rentable à partir de mille tonnes de production. Or, elle a produit jusqu’à 3 500 tonnes pour Unilever. Dès lors, tous les arguments économiques de la multinationale étaient contestés et tout projet de reprise imaginable (repreneur ou SCOP). Pendant plus de 3 ans, la lutte s’est arc-boutée sur les mots d’ordre d’exigence de sous-traitance et de cession de la marque Eléphant par Unilever, jusqu’à ce qu’Unilever jette l’éponge dans le passage du 4ème Plan social (les 3 précédents avaient été annulés), sans toutefois céder à ces principales exigences (« fmarque et volumes »), mais rendant le lancement de la SCOP possible grâce à des aides financières. Car l’autre point fort est de n’avoir jamais négocié un centime de contre-partie financière aux licenciements. Même les aides finales ont été négociées pour la future SCOP, la prime extra-légale devant de toute façon égaler la plus haute accordée aux départs individuels (près de cent mille euros).

 

Dans les trois cas, du côté des lutteurs, c’est la tentative d’une issue collective qui s’est matérialisée – sous des formes très différentes. Quand on est ouvriers, notre principale force, c’est de rester soudés et de résister ensemble. Sinon, au jeu de la sortie individuelle, il n’y a que quelques-uns qui peuvent espérer s’en sortir, les plus jeunes, les plus qualifiés, les plus flexibles. Rester ensemble pour se défendre avec les plus faibles, c’est la première des bagarres politiques à mener entre nous. Il y en a plein qui n’ont d’autre espoir qu’une issue collective.

 

Le détail de ces trois conflits
Ces trois conflits ont marqué les années 2008 à 2014.
Notre blog « Où va la CGT ? » en a rendu compte de manière très régulière au fil des mois et des échéances. On en retrouvera les articles, nos tracts et bulletins, nos activités, dans le sommaire des dossiers sur la page d’accueil du blog, ou directement ici : PSA / Goodyear / Fralib

 

De quelle crédibilité parle-t-on ?

 

Maintenant, il faut revenir sur le terme « crédiblef » dans alternative crédible.

 

Au niveau des masses combatives…

 

La « crédibilité » ne doit pas être comprise de la même manière au niveau des masses combatives et au niveau des ouvriers avancés, c’est-à-dire celles et ceux qui se posent des questions politiques sur les enjeux, sur la lutte elle-même, sur les positions des uns et des autres, sur l’avenir, sur le type de société dans laquelle on vit, sur le gouvernement… bref, celles et ceux qui se démarquent politiquement d’une manière ou d’une autre, même si c’est de manière limitée.

 

Au niveau des masses combattives, il faut encore distinguer la crédibilité selon que la bourgeoisie pourrait accepter la demande ou qu’on pourrait la contraindre à accepter. Le tout dans le cadre du système existant, c’est ce que nous appelons le réformisme spontané [2], dont on a ici deux variantes plus ou moins radicales…

 

Sur cette base de masse s’articulent, par les voies syndicales ou politiques, les deux options du réformisme organisé : soit la soumission (style CFDT, CGC…), soit la combativité plus ou moins radicale (CGT, SUD…). A ce niveau de masse, les réformistes sont forcément plus « crédibles » que les communistes, parce qu’ils savent s’appuyer sur les aspirations ouvrières tout en restant dans le cadre des aménagements du capitalisme – le cas typique est celui des multiples propositions de la CGT Goodyear. Mais la « crédibilité » des communistes peut aussi s’appuyer sur la compréhension qu’il faudra de toute façon mener une dure lutte pour contraindre la bourgeoisie à accepter des concessions, et sur l’organisation conséquente de cette lutte sans répandre d’illusions.

 

La notion d’« alternative » peut aussi être interprétée de deux manières : soit elle se comprend comme une intégration « réussie » au système capitaliste, mais avec des différences sur la prise de décisions, (coopératives voire réorientations de la production en font partie), soit l’alternative se construit autour de la démarcation et de la défense des intérêts ouvriers sans chercher à rallier la bourgeoisie à son bien-fondé. Car dans le premier cas, il faut voir tout ce que la bourgeoisie exige de soumission à ses procédures et logique économique pour adopter cette voie ! A grande échelle, la Grèce avec Syriza au pouvoir en est l’exemple le plus parlant aujourd’hui.

 

Pour les ouvrier-e-s avancé-e-s

 

Précisons maintenant l’attitude et la compréhension différenciées des ouvriers avancés et des masses combatives. Dans le contexte actuel, du poids du réformisme et de la réaction, la recherche d’une alternative crédible au niveau des masses est mission impossible.

 

Par exemple, sur la question de la réponse à la mondialisation, les communistes seront de toutes façons minoritaires (car à contre-courant du vent dominant) pour contrer les propositions de fermeture des frontières et de défense de la souveraineté nationale. Notre réponse, l’internationalisme pratique et concret (comme la présence d’ouvriers allemands ou espagnols solidaires aux portes de l’usine PSA [3]) ne sera pris en charge que par une minorité, même la masse des ouvriers combatifs a plus ou moins compris les enjeux mondialisés d’une multinationale. Car, même si cela indique la bonne direction, il n’y a pas le rapport de forces pour en faire un levier à un changement de ses décisions par la bourgeoisie.

 

Ce que nous posons donc, c’est d’articuler le travail spécifique vers les ouvriers avancés (compréhension de la nature du capitalisme et d’une défense de classe des intérêts ouvriers) avec la définition et la mise en œuvre avec eux de revendications et plateforme de lutte dont les masses combatives peuvent s’emparer, mais qui démarquent des orientations réformistes. Quand ces propositions alternatives mobilisent, elles deviennent forces matérielles et permettent alors de transformer la réalité : contre la passivité de certains ouvriers, susciter l’enthousiasme et la participation active d’autres, enclencher un effet d’entrainement sur les boites et populations alentour,... et d’atteindre des objectifs hors de portée dans cet effet de levier.

 

Qu’est-ce que la crédibilité des communistes pour les ouvriers avancés ? C’est la compréhension détaillée des mécanismes de la crise, et la critique des illusions réformistes. Nous sommes reconnus, parce qu’ils reconnaissent dans notre discours et notre activité la « vraie nature » de leur exploitation et du système qui en est à la base. Notre « crédibilité » est d’abord auprès des ouvriers avancés dans l’analyse de la crise du capitalisme et de ses restructurations, et donc dans les perspectives que nous donnons au combat. Perspectives à long terme (une autre société sous contrôle prolétarien, la prise du pouvoir, l’internationalisme, la construction du quartier général des exploités) et perspectives immédiates pour le combat qui vont dans ce sens.

 

Exemple : à Goodyear, le projet crédible était dans le lien de combat avec les camarades de Dunlop, pour l’emploi, mais sans imaginer rentrer dans la définition d’un contre-projet économique global, dont ni Goodyear, ni Titan (supposé repreneur fantôme), ni les autorités administratives, ne voulaient de toutes les façons entendre parler. Un travail politique en amont aurait donné une perspective politique aux ouvriers avancés de chaque côté de la rue et permis d’offrir de nouvelles perspectives qui se seraient démarquées des illusions juridiques répandues par les réformistes, illusions qui ont désarmé la masse combative et liquidé la lutte.
Au lieu de cela, la CGT Goodyear a fait appel, en vain, au gouvernement pour légiférer contre les licenciements boursiers, tout en en appelant régulièrement à Hollande et Montebourg, aux députés. Elle a privilégié le combat juridique, contre la lutte des classes. Elle a proposé une SCOP. C’est-à-dire que globalement elle a désarmé les masses combatives en empêchant le combat, et elle a semé illusions sur illusions sur la possibilité d’une autre gestion du capitalisme… Tant vis-à-vis des masses combattives que vis-à-vis des ouvriers avancés, la CGT de Goodyear a tiré la lutte de classe en arrière.

 

Autre exemple : chez Fralib, l’optique initiale des dirigeants de la lutte aurait été d’obtenir la nationalisation (pour faillite au maintien de l’emploi de la part d’Unilever). Ils se sont rabattus sur le projet de SCOP comme étant la seule d’alternative pouvant contraindre Unilever à contribuer financièrement au maintien de l’usine. Cela a été payant, d’autant plus que cela s’appuyait sur le réformisme spontané de la masse combative comme seule alternative « crédible ». Cela n’était possible aussi qu’en réduisant la critique de fond de la politique gouvernementale, continuant d’exiger d’elle qu’elle respecte les promesses faites avant l’élection (« je ne vous laisserai pas tomber » de la part de Hollande ; « il faut réquisitionner l’usine et la marque Eléphant et la faire payer à Unilever au prix dérisoire auquel il indemnise les licenciementsf » de la part de Montebourg). Donc dans la logique de la nationalisation, ne pas clarifier la nature de classe de l’Etat.

 

Le recours à l’Etat comme alternative ?

 

L’idée parcourt toujours les conflits, encore plus quand un gouvernement qui se prétend de « gauche » est aux manettes. Cela permet de mesurer concrètement comment est comprise la différence entre l’Etat et le gouvernement (le personnel change, mais l’Etat est toujours entre les mains de la bourgeoisie).
Ainsi, il est possible de solliciter le gouvernement pour en montrer le vrai rôle : au service de l’ensemble de la classe possédante, arbitrant certaines concessions quand il est nécessaire de mettre de l’huile dans les rouages pour éviter tout grippage et que les affaires continuent. A l’inverse, on peut faire partager les illusions qu’il pourrait être au service de la collectivité si on l’aide à se montrer un peu plus offensif face au patronat. Ajoutons qu’il y a la compréhension, issue du bilan des luttes passées, qu’effectivement la réponse aux attaques ne peut s’imaginer victorieuse multinationale par multinationale sans réponse globale à la hauteur de l’attaque.

 

Que nous apprennent les trois luttes PSA, Goodyear et Fralib de ce point de vue ?

 

PSA. Peu d’illusions de la part des dirigeants de la lutte (extrême-gauche) pour qui justement les appels au soutien de tel ou tel ministre visaient à clarifier leur vrai rôle auprès de ceux qui se faisaient encore des illusions. Et il faut dire que cela a bien marché dans ce sens, grâce à l’aide opportune de Montebourg qui a eu des mots très durs contre la direction de Peugeot avant de se faire rappeler à l’ordre par Ayrault et de se vautrer dans la soumission.
La propagande concrète internationaliste que nous avons faite avait aussi comme enjeu de démonter les ressorts de la fermeture sans attendre de l’Etat la réponse ultime : une logique mondiale à l’œuvre partout, c’est elle qu’il faut rejeter, en lien avec tous les ouvriers du monde.

 

Goodyear. Les illusions ont surtout porté sur la possibilité d’une victoire juridique qui ferait plier la multinationale, la CGT développant une ligne « faites-nous confiance, laissez-nous faire » dévastatrice. L’échec de cette stratégie a sonné le glas d’une possible mobilisation ouvrière offensive. Les échanges virulents entre Montebourg et le patron de Titan (éventuel repreneur de l’usine), largement médiatisés, n’étaient que de l’esbrouffe, comparés aux services rendus par les gouvernements aux logiques capitalistes (ANI de 2013, CICE et loi Macron sont plus clairs que n’importe quel effet de manche). Et au final Titan s’est retiré et on n’a plus entendu Montebourg ou n’importe quel ministre face à la fermeture de l’usine, sinon pour accuser la CGT, ce qui est quand même n’importe quoi…
Quant à l’appel (pendant un temps) à une loi pour « interdire les licenciements », outre le fait que le texte précis proposé était carrément pourri (licenciements « boursiers », seulement pour les grosses entreprises etc.), la mobilisation n’a duré qu’un déjeuner de printemps, et rien n’a été mis en œuvre pour développer une véritable mobilisation concrète sur la longueur, qui ne pouvait se faire qu’avec une clarification de fond de ce qu’est le capitalisme et de ce que sont les lois dans le contexte. Mais tel n’était pas l’objet de la CGT de l’usine, ancrée jusqu’au bout des ongles dans la conception d’un capitalisme à visage humain… Ce qui explique leurs appels récurrents au gouvernement, aux ministres, à la loi, qui s’adressaient en fait à des amis dans l’erreur, qu’il fallait convaincre, en quelque sorte de gré ou de force, de faire autrement…

 

Fralib. Peu d’illusions sur le PS mais la volonté de la part des dirigeants d’exiger qu’il applique ses promesses, qu’il contribue à faire plier Unilever (de peur d’être démasqué justement). Tactique qui a été payante sur la durée, avec plusieurs coups de semonce nécessaires : envahir le ministère de l’agriculture, exiger par des actions collectives des actes en leur faveur de la part de l’Elysée, du ministre du travail ou de celui de l’agriculture. Mais d’une part, la Communauté urbaine de Marseille, dirigée alors par le PS, a acheté le terrain et les bâtiments, pour que la SCOP se mette en place. D’autre part, le gouvernement a semble t’il joué un rôle dans la négociation finale avec Unilever. Les Fralibs, grâce à leur persévérance, doivent donc au PS une partie de leur victoire (loin de la recommandation de Montebourg au bout de 2 ans de conflit, avouant sa faillite en disant « Unilever ne veut rien lâcher, faites sans et on vous aiderad »). On voit resurgir les illusions sur l’Etat (qui pourrait être investi graduellement et dont on pourrait améliorer la politique), avec des appels à la nationalisation, à la souveraineté nationale, à une autre répartition des richesses dans un cadre capitaliste mis en brèche par endroits...

 

Globalement donc, peu d’illusions sur un PS largement déconsidéré, mais toujours sur le Front de gauche qui peut encore en susciter dès que ses alternatives étatistes peuvent avoir une once de crédibilité. La perspective est donc bien de les combattre auprès des ouvriers avancés (eux seuls peuvent entendre ces critiques) pour qu’ils dégagent d’autres perspectives à la lutte collective que la soumission finale aux bons vouloirs de l’Etat.

 

Quelques leçons donc de l’examen de ces trois conflits :
- Il faut savoir articuler les grandes revendications avec toutes les autres, donner « la vraie parole de la lutte » comme le disait Lénine ;
- Il faut savoir tenir les deux bouts de la chaîne, la réalité de terrain immédiate, et la vision politique stratégique, anti-capitaliste, anti-réformiste… Le gros bout de la lorgnette doit être devant, mais il ne peut pas être séparé du petit ;
- Une alternative crédible à la fermeture peut servir à impulser la lutte contre les projets patronaux, mais son contenu doit se démarquer clairement et explicitement des soumissions à la logique du profit ;
- La préservation du collectif ouvrier, et encore mieux de l’emploi collectif, doit être le point d’ancrage de l’axe revendicatif ;
- Le juridique doit rester soumis à la lutte des classes, et non l’inverse ;
- La désillusion sur la gauche vient plus de ses échecs à répétition que d’un rejet clairvoyant de ses réponses de fond. Le travail de clarification reste donc à faire pour contrer les prétendues solutions réalistes, les « alternatives crédibles » réformistes ;
- La construction d’une équipe dirigeante se fait dans l’articulation de sa compréhension des enjeux globaux avec sa capacité à les traduire en mots d’ordre et impulsions victorieuses de la lutte.
- Entre autres…

 

Sur quoi s’appuie une orientation communiste ?

 

Finalement, deux attitudes politiques s’opposent face aux licenciements. Le « possibilisme » réformiste, et la combativité révolutionnaire. Pour le point de vue révolutionnaire, le nôtre, la politique réformiste n’est ni crédible, ni une réelle alternative.
Etre « réalistes » et négocier gentiment, ce n’est pas crédible. Faire confiance à l’Etat, ce n’est pas crédible. Croire qu’une bonne loi, faite par un bon gouvernement, résoudrait définitivement le problème, ce n’est pas crédible. Imaginer gérer nous-mêmes le capitalisme, ce n’est ni crédible, ni une vraie alternative. C’est notre point de départ.

 

Pourtant, c’est dans cette articulation entre crédibilité politique envers les ouvriers avancés et mobilisation des masses combatives sur une alternative crédible portée par les premiers que se joue une orientation communiste.

 

Notre axe revendicatif général dans la classe ouvrière, c’est « Défense des intérêts ouvriers et rien d’autre », c’est-à-dire sans concession avec la gestion du capital, qu’il s’agisse de la bourgeoisie (acceptation des restructurations, négociations des contreparties) ou des variantes réformistes (voir ci-dessus).
Cette orientation peut donc s’apparenter à ce qu’on a appelé plus haut le forçage économique de la bourgeoisie sous la contrainte (maintien de l’emploi, reclassement global, repreneur, réorientation,...) pour maintenir le collectif ouvrier (et la progression politique qu’il manifeste) plutôt que sa dispersion et la survie individuelle qu’elle entraîne. Cette orientation doit, avec les politiques libérales dominantes aujourd’hui, porter le rapport de force très haut pour espérer vaincre politiquement. Nous ne sommes pas naïfs et ne devons par rabaisser le niveau à ce qui est « réaliste », « crédible » au sens de la gestion du capital, précisément.

 

Cet axe doit donc se décliner en mots d’ordre susceptibles d’entraîner la masse combative à l’action dans la durée et la compréhension renforcée des enjeux.
Nous avons donc discuté des mots d’ordre adaptés à la situation politique actuelle sans tomber dans le « réalisme » économique dominant :
• « Zéro licenciement » ne paraît plus aujourd’hui crédible dans le contexte de guerre économique mondialisée. Mais « maintien de tous les emplois » peut l’être comme synthèse de l’aspiration et nécessité de tous à défendre l’emploi collectivement. Reste que le contexte mondial rend cette autre revendication aussi peu crédible au regard des exigences du capital ; la question est ici celle de la crédibilité pour les masses combattives.
• « RTT à 30 heures » est aussi incompréhensible comme mot d’ordre dans le contexte, d’autant que les 35 heures Aubry en ont perverti le sens, avec la croissance de la flexibilité, de la pénibilité et du peu d’embauches qui les ont accompagnées (et qui était la condition à ce que les patrons les acceptent). Cela tous les ouvriers un minimum combatifs et avancés le savent et en ont fait l’expérience. Par contre, le partage de la production entre toutes les usines (avancé par la CGT du groupe PSA) était crédible (de même qu’entre les usines du groupe Dunlop et Goodyear confondus, justement). Attention à ce que cela n’apparaisse pas comme le partage des licenciements, un tel mot d’ordre suppose qu’il soit repris et défendu par toutes les équipes locales…
• « Baisse des cadences », manifestant la contradiction entre trop de travail pour certains et pas assez pour d’autres, est aussi populaire comme axe concret.

 

La position de Voie Prolétarienne est claire depuis l’origine : il n’existe pas de mot d’ordre révolutionnaire en soi, qui porte en lui-même la démarcation d’avec les réformistes. Nous nous distinguons ainsi des orientations trotskistes qui imaginent inventer LA revendication définitivement révolutionnaire qui les démarquera, telle « nationalisation sous contrôle ouvrier », comme ils l’ont avancé lors des restructurations à Airbus il y a quelques années. Les réformistes sont parfaitement capables de s’adapter, selon les contextes et selon la lutte des classes, à des revendications très radicales, on l’a déjà vu dans le passé.

 

Mais nous devons porter une orientation alternative à l’accord sur la fatalité économique ou aux contre-plans réalistes que les réformistes mettent en œuvre.
Cette orientation doit aussi être en mise en musique selon d’autres démarcations qui lui donnent chair et « crédibilité » : information collective élevée (et différenciée selon les niveaux) des enjeux et révélations de la lutte ; mise à nu du fonctionnement du capital et de ses gestionnaires patronaux et gouvernementaux ; dénonciation souple et adaptée mais inflexible des illusions et manœuvres réformistes ; exigence élevée de démocratie et de débat contradictoire dans le mouvement ; formation spécifique des ouvriers les plus avancés en dirigeants du combat ; articuler le travail politique avec la minorité avancée d’avec la masse des travailleurs combatifs, la construction du parti avec celle du mouvement de masse ; mise en œuvre d’un internationalisme aux débouchés concrets ; dévouement et modestie dans les propositions de soutien et d’élargissement…

 

C’est à travers toute cette pratique d’une orientation « prolétarienne » que la confiance des ouvriers en leur propre capacité collective s’agrandira et que les ouvriers avancés progresseront à la fois dans l’appréhension de leurs tâches de direction du mouvement, comme dans leur rôle spécifique d’avant-garde pour la construction du Parti.

[1On doit rappeler que le caractère principal, loin d’être anti-capitaliste, était de jeter les bases sociales et économiques d’un redémarrage du capitalisme français sous la houlette d’un Etat renforcé en centralisation et pouvoirs. Programme porté à l’époque par les Gaullistes, les socialistes et le PCF. Les attaques du CNPF puis du MEDEF à ce programme (Denis Kessler, du MEDEF, qui a précisé en 2007 la logique d’ensemble des mesures prises par le capitalisme libéral : « fdéfaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ») ne doivent pas nous tromper sur le caractère principal des nationalisations de l’après-guerre.

[2Voir à ce sujet, notre Plateforme politique et en particulier le cahier 3 disponbile en ligne : http://www.vp-partisan.org/article30.html

[3Voir, par exemple, l’article « Rencontre franco-allemande aux portes de l’usine PSA Aulnay » paru sur notre blog « Où va la CGT ? » en 2009 : http://ouvalacgt.over-blog.com/article-33431174.html

Soutenir par un don