Militer > Les mirages du patriotisme économique...

Les mirages du patriotisme économique...

La mode est à la patrie, au souverainisme, à la préférence nationale. Jusqu’au ridicule de la dite « Clause Molière », soi-disant pour imposer l’usage du français sur les chantiers… Et on va imposer aussi l’usage du français dans les Conseils d’Administration ?
Le patriotisme se répand sournoisement. L’idée simple que face au chômage et aux délocalisations, il faut donner la priorité à « La France et aux Français ».

 

Le problème c’est que c’est archi-faux.
Pour les immigrés, voilà 40 ans que les lois anti-ouvrières s’enchaînent les unes derrière les autres, et la seule chose que cela a produit, c’est des sans-papiers qui travaillent illégalement pour un salaire de misère, et les travailleurs détachés qui ne vivent guère mieux. Les lois anti-immigrés sont d’abord des lois anti-ouvrières, plus de précarité, plus de misère, qui se couvrent maintenant d’un vernis ouvertement raciste (clause Molière) dans la démagogie politicienne. Voilà 40 ans qu’on s’attaque aux immigrés, et chacun voit bien qu’ils ne sont pas responsables de la crise…
Pour les entreprises, le patriotisme économique n’a aucun sens. Aucun. D’abord parce que les capitalistes actionnaires sont complètement internationalisés, via les accords croisés, les fonds de pension, même pour ces supposés « fleurons » français que sont PSA, EdF ou autre.
Ensuite parce que les capitalistes sont désormais totalement globalisés et mondialisés, ils jouent à l’échelle de la planète. Il y a les monopoles étrangers en France, comme Toyota, Mittal, Amazon, Bombardier, Unilever, Procter et Gamble, Bosch, Esso et bien d’autres. Il y a les monopoles français à l’étranger comme Dassault, Carrefour, Accor, Bolloré, Total, Vivendi, Bouygues, AREVA, Suez, L’Oréal et LVMH, Orange, EdF et GdF, Michelin, Renault et PSA, Saint-Gobain et Lafarge, Sanofi, BNP et Crédit Agricole et bien d’autres. Ces groupes n’existent pas sans la mondialisation…
Et la santé économique d’une entreprise, c’est sa santé à l’échelle de la planète, rien d’autre. C’est fini et bien fini l’époque de l’artisanat et du marché local !!!

 

Ce serait quoi la préférence nationale, le patriotisme économique ? Fermer les frontières, expulser les capitaux étrangers, expulser les immigrés ? On imagine quoi ? Evidemment les mesures de rétorsion, les Grecs en ont fait l’amère expérience.

 

Alors ? Et bien c’est l’illustration claire et nette que le capitalisme ne peut pas s’humaniser, ne peut pas revenir à l’échelle nationale, donner une quelconque préférence nationale. C’est un discours réactionnaire au sens propre (tourné vers un passé qui n’existe plus), qui ne nous entraîne que dans une impasse. A quoi rêve-t-on, à un capitalisme au service des travailleurs ?

 

C’est l’impasse du nationalisme et de la division, l’impasse du racisme ouvert, alors que l’heure est à l’internationalisme et à la solidarité mondiale des travailleurs, comme celle des syndicats de Renault avec les ouvriers turcs de Bursa, la solidarité avec les camarades tunisiennes de Latécoère, avec les camarades iraniens de PSA Iran-Khodro et ainsi de suite. C’est nous détourner des vrais raisons de la crise pour nous faire retourner contre des boucs émissaires qui n’y sont en fait pour rien.
Les capitalistes n’ont pas de frontières, pas de frontières pour les prolétaires !

 

Et ici même, c’est pour l’unité de la classe ouvrière contre l’ennemi commun, l’impérialisme international que nous nous battons. Français et Immigrés, avec ou sans papiers, un seul combat !

 

Liberté de circulation et égalité des droits !
Non au cas par cas, régularisation sans condition de tous les sans-papiers !

 

L’heure n’est pas au poison du souverainisme ou du patriotisme économique. L’heure est à nous regrouper, nous organiser pour un combat internationaliste, anti-raciste, pour la défense sans concessions des intérêts des travailleurs, sans tenter de rentrer dans la gestion du capital, sans rêver à humaniser une guerre économique mondialisée.

 

Les prolétaires n’ont pas de patrie !

 

Bulletin Partisan d’avril 2017
Soutenir par un don