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Des espoirs dans la France Insoumise ?

Ah, on peut dire que Mélenchon en fait rêver beaucoup… Le retour des « jours heureux » et de l’Etat protecteur, démantelés par les coups de boutoirs de la crise capitaliste, comment ne pas y être insensible ? L’abrogation de la loi El Khomri, le retour de la retraite à 60 ans, l’arrêt du nucléaire, la possibilité de révoquer les élus, c’est un peu le retour de la « vraie gauche sociale », celle à laquelle beaucoup croyaient avant 1981, modernisée quarante ans plus tard.
Autour de nous, à nouveau beaucoup ont envie d’y croire – avec des doutes quand même. Pourquoi réussirait-il là où Mitterrand a échoué ? Et puis la disparition du drapeau rouge pour le drapeau Bleu-blanc-rouge, le souverainisme, les ambiguïtés sur Poutine ou Assad, ça a du mal à passer.

Surtout, Mélenchon ne rate pas une occasion de se défendre d’être « révolutionnaire ».
Autrement dit, il nous propose de réaliser ses propositions, de revenir aux jours heureux, à l’intérieur d’un capitalisme à visage humain, mais sans violence, sans gros bouleversements, par une sixième République qui réglerait tous les problèmes. La vieille illusion de Mitterrand, du PCF, aujourd’hui des Insoumis… Mais pourquoi cela ne marche-t-il pas, d’Allende au Chili à Syriza en Grèce ?

Il y a un hic… Un truc qui s’appelle le capitalisme, fondé sur l’exploitation des ouvriers par les bourgeois, dans un contexte de concurrence et de guerre économique mondialisée, avec toutes les extensions militaires pour les matières premières et les positions géostratégiques.
Prenons un exemple, un sujet sensible tiens, la santé.
Mélenchon nous promet le retour à « la Sociale » dans la santé, quelle belle idée. Mais comment va-t-il faire face aux monopoles pharmaceutiques, aux groupes géants de la santé, dans un « marché » de plus en plus mondialisé et concurrentiel, qu’il s’agisse du privé ou du public, avec les réseaux d’influence, les scandales financiers ou sanitaires ? Ils vont se laisser faire les capitalistes de la santé, vous y croyez une seconde ? On peut rêver…
Pour construire un système de santé qui réponde aux besoins des ouvriers et des prolétaires, sans gaspillages inutiles (les cliniques luxueuses de la Côte d’Azur), avec un réseau de prévention et de soins bien réparti sur le territoire, il faut reprendre la main, couper tous les ponts avec les monopoles, le capitalisme et ses règles du jeu. Il faut un pouvoir d’Etat centralisé et fort, dirigé par les travailleurs, pour faire les bons choix de priorités – et ça, c’est possible avec une révolution et en détruisant toutes ces institutions au service de la bourgeoisie. Une révolution dans la manière de penser, de diriger, d’organiser, un bouleversement de fond en comble de la production et du système de santé, seuls les travailleurs peuvent le mettre en place, ils n’ont aucun privilèges à défendre… Même si ça doit faire grincer des dents du côté des médecins et des laboratoires…
Voilà ce que Mélenchon et les Insoumis ne feront jamais, tôt ou tard, comme Mitterrand, comme Tsipras, ils se soumettront aux lois du capital…

Pareil pour la pénibilité, le travail de nuit, le travail à la chaîne, la sous-traitance et la précarité, la régularisation et la libre circulation des sans-papiers… Mélenchon parle bien, des belles phrases ronflantes, mais sur ces questions clés, il reste silencieux ou dans le flou, voire il est carrément contre comme la liberté de circulation. En outre, jamais il ne dit comment il va pouvoir imposer des mesures favorables aux travailleurs à des capitalistes qui n’en veulent pas.

Alors, beaucoup d’espoirs, beaucoup de rêves, beaucoup d’illusions… et sûrement demain beaucoup de déceptions.

Au final, la seule issue c’est de nous organiser, en toute indépendance du capital et de ses règles du jeu, pour la défense des intérêts ouvriers – et rien d’autre ! Et dans ce combat, tracer le chemin de notre libération, s’organiser contre l’exploitation et la répression !

Bulletin Partisan de juin 2017
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