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Accidents du travail : notre quotidien

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Plusieurs accidents de travail coup sur coup ont fait réfléchir les collègues sur la question de la sécurité (40% d’accidentés depuis le début de l’année sur notre chantier !), surtout après la visite du PDG dans l’atelier pour nous remonter les bretelles.

Les risques, on les connaît pour la plupart. Tous les jours nous sommes exposés aux risques liés au levage, au travail en hauteur, au risque routier quand on va d’un chantier à l’autre, au risque électrique. Nous respirons des produits chimiques aérosols, de la poussière, de l’amiante.

La sécurité est une priorité affichée du patron : document unique, plan de prévention, EPIs (Équipement de protection individuelle), responsables Qualité Sécurité Environnement, norme ISO 18001, etc En apparence, c’est pris très au sérieux mais nous on n’y croit pas. Le moindre accident fait l’objet d’une enquête quasi policière. Le but c’est de transformer la victime en coupable pour dédouaner l’employeur. Il y a même un cadre dont c’est le rôle, un responsable de la sécurité qui conclue dans 99% des cas que l’accident est de la faute du travailleur lui-même. Ben voyons…

Qu’en est-il vraiment ? Les accidents arrivent, certains graves (fracture de la colonne, doigt sectionné). Principalement à cause de la pression, des horaires atypiques, de la chasse aux arrêts machine et à tout ce qui entrave la valorisation du capital : une machine qui ne produit pas est une machine qui ne rapporte pas. Exemple, un collègue se blesse à cause d’un outillage dépourvu de protection. Faut-il équiper l’outillage ? Trop cher nous dit le patron. Comme quoi, la santé des ouvriers pour le capitaliste, c’est un rapport coût-bénéfice. Si le coût de la protection est plus élevé que le coût des accidents de travail, on peut toujours courir.

Les EPI. La solution miracle des patrons…
Sur certains chantiers, le port du casque, gants et lunettes de protection est obligatoire partout. Consigne impossible à tenir dans la plupart des cas, les collègues n’en veulent pas et le voient comme une mesure arbitraire et disciplinaire. D’ailleurs, on reconnaît un chef au zèle qu’il met à porter des EPI pour des risques qui ne le concernent pas ! Mais soyons clairs, derrière ça il y a surtout la volonté de rejeter la faute sur nous en cas d’accident, rien n’est jamais clean à 100% sur un chantier… C’est nous qui vivons les risques industriels au quotidien, et les plus conscients sont d’accord pour dire qu’on devrait décider carrément nous-mêmes des mesures pour y faire face.

Intérim et sous-traitance. Dans l’entreprise, 1 accident du travail sur 4 concerne les intérimaires, et leurs accidents sont en moyenne 5 fois plus graves. Pas étonnant : manque de formation, méconnaissance de l’outillage et des installations, rotation du personnel au gré des besoins du patron. Et encore, tous ne déclarent pas leur accident, de peur d’avoir une fin de mission. La précarité, nous la payons avec notre santé. La première mesure de sécurité, c’est de revendiquer la réinternalisation de la sous-traitance et l’embauche en CDI de tous les intérimaires. Même si la situation actuelle paraît naturelle à la plupart des jeunes qui sont passés par de nombreuses missions avant d’être embauché en fixe.

Notre point de vue de militants communistes ? Nous voulons la réparation lorsqu’un accident arrive, la justice pour les malades de l’amiante, du nucléaire et de tous ceux qui sont malades d’avoir travaillé à engraisser les capitalistes. Mais nous voulons surtout la suppression des risques, tout court ! Pas un aménagement qui tente de concilier l’inconciliable : la sécurité des travailleurs et les exigences de rendement. Cela suppose des rapports de production libérés de l’exploitation. Travailler autrement et produire pour la satisfaction des besoins sociaux. Pas pour le profit capitaliste.

Militant VP

Bulletin Partisan de septembre 2017
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