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Pour que vive l’unité ouvrière !

Editorial de Partisan n° 207 - novembre 2006

Deux « petites » luttes récentes ont en fait une grande signification politique : celle de l’OSP à Pavillons-sous-Bois (93) en juillet-août et celle de Modeluxe à Chilly-Mazarin (91) actuellement.

L’OSP est une boîte de gardiennage qui travaille surtout pour Monoprix. Modeluxe est une blanchisserie industrielle de taille moyenne. La première est soumise au renouvellement de son contrat de sous-traitance. La deuxième à un rachat pur et simple. Les deux ont tenté de virer leurs travailleurs sans-papiers en prétendant découvrir leur situation administrative. Dans les deux cas, les travailleurs se sont organisés collectivement avec la CGT, réclamant aux Prud’hommes le paiement de leurs heures supplémentaires (OSP), ou se mettant en grève (Modeluxe, voir Partisan n° 206) ; et bien sûr, revendiquant des papiers pour tous. Dans les deux cas, il y a eu des rassemblements devant les préfectures. Seine-Saint-Denis pour OSP, Essonne pour Modeluxe.

Ces deux luttes nous rappellent que les sans-papiers sont avant tout des travailleurs. Les parents des élèves que les flics pourchassent jusque dans les salles de classes, ce sont des travailleurs. Les expulsés de Cachan et d’ailleurs (Toulouse, Saint-Ouen, Aubervilliers, etc.) qui n’ont pas accès aux logements sociaux : des travailleurs.

Les immigrés sans-papiers sont une fraction de la classe ouvrière qui vit l’extrême de la précarité et qui pose de manière aiguë la question de la lutte à mener par nous TOUS contre cette précarité et ses conséquences. Les licenciements, expulsions et exclusions que vivent les sans-papiers ne sont que les situations extrêmes d’une dégradation générale des conditions de vie des travailleurs en terme de travail, de logement, de santé et d’éducation des enfants.

Les papiers : un enjeu de la lutte de classe

La question des sans-papiers, de leur droit au logement, de l’avenir de leurs enfants, c’est d’abord la question du travail irrégulier. Celui-ci joue un rôle-clé, indispensable dans l’ensemble de l’économie par sa présence massive dans certains secteurs : bâtiment, nettoyage, gardiennage, restauration, saisonniers de l’agriculture, etc. Il joue également un rôle économique et social indirect en faisant pression sur les coûts et les salaires. Il est le modèle même de la précarité, de la flexibilité, de l’allègement des charges sociales et du démantèlement complet du Code du Travail rêvés par le patronat.

On comprend alors pourquoi les régularisations, quand elles ont lieu, ne se font qu’avec des autorisations de séjour d’une année. Celles-ci laissent au travailleur tout juste le temps de souffler avant de recommencer la bataille pour le renouvellement. Avec une carte d’un an, comment peut-on se faire respecter d’un patron qui sait que vous ne pouvez pas vous permettre la moindre période de chômage ? Comment obtenir On comprend aussi pourquoi les dernières lois sur l’immigration cherchent à relier le contrat de travail avec l’autorisation de séjour.

On comprend enfin la raison d’être de la directive Bolkestein, soi-disant repoussée, mais appliquée depuis des années aux chantiers navals de Saint-Nazaire avec les conséquences que l’on sait pour les travailleurs roumains, polonais ou indiens. La régularisation systématique de tous par une carte de dix ans est donc un véritable enjeu pour tous les travailleurs dans leur lutte contre la bourgeoisie.

Soutien humaniste ou solidarité de classe ?

Les luttes autour des élèves étrangers ont fait l’actualité de l’année passée. Elles ont été importantes pour tout le mouvement et ont mis le gouvernement sur la défensive. Mais elles ont, le plus souvent, perdu de vue le caractère ouvrier des familles de ceux qui étaient défendues. On a vu aussi réapparaître des modes d’action comme les parrainages. Ces parrainages ont tendance à renforcer le cas par cas, à mettre les travailleurs à la remorque de « personnalités ».

C’est aussi le cas par cas que défendent les préfets et tous les gouvernements qui se sont succédés. Pour cela, il faut combattre les illusions, de plus en plus présentes dans le mouvement des sans-papiers, comme quoi l’adversaire de Sarkozy, s’il est élu, régularisera massivement les sans-papiers.

Rappelons les régularisations de la gauche, fin 97. Elles se sont faites au cas par cas, avec une carte d’un an et les déboutés ont reçu une invitation à quitter le territoire. Sarkozy n’est pas le premier à avoir fiché massivement les demandeurs. La gauche l’avait déjà fait. Aux parrainages paternalistes, nous opposons la solidarité de travailleurs envers d’autres travailleurs. A la concurrence entre travailleurs et au cas par cas, nous opposons notre unité sur la base de nos intérêts communs face aux capitalistes pour la régularisation de tous. C’est ce qu’ont mis en oeuvre les travailleurs de Modeluxe qui se sont mis en grève avec les salariés sans-papiers de l’entreprise.

C’est de telles solidarités qu’il s’agit de construire. Pour cela il est important d’appuyer les salariés de Modeluxe en lutte contre les licenciements et pour les papiers, et d’appuyer l’Union Locale CGT de Massy qui les organise.

Construire une perspective commune
Travailler à l’unité entre travailleurs avec ou sans papiers, participe à la lutte pour construire l’unité de la classe ouvrière, et, au-delà l’unité de tous les travailleurs. C’est la condition pour résister aujourd’hui aux attaques du capital. C’est la condition pour, demain, reprendre l’offensive jusqu’à renverser la classe des capitalistes et réorganiser la société en fonction de nos besoins.

CARTE DE DIX ANS POUR TOUS ! TRAVAILLEURS FRANCAIS IMMIGRES MEME COMBAT !

A Lire dans Partisan 207 :

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