Vous êtes dans la rubrique > Archives > Le capitalisme, c’est l’insécurité

Le capitalisme, c’est l’insécurité

Editorial de Partisan n° 206 - octobre 2006

C’ est reparti ! Ils nous refont le coup de
l’insécurité ! En tout cas, Nicolas
Sarkozy fait le maximum pour donner
du contenu à la campagne électorale :
dénonciation du laxisme des juges,
expulsion de Cachan, intervention-spectacle
contre la cité des Tarterêts à Créteil, puis aux
Mureaux... Et on peut compter sur la Gauche pour ne pas
apporter les ripostes qui s’imposent. Ségolène Royal est favorable,
par exemple, au retour des maisons de redressement
pour les jeunes « perturbateurs ».

- LE THÈME FAVORI DE LA BOURGEOISIE.
Pourquoi l’insécurité
et la délinquance sont les thèmes favoris de la bourgeoisie
 ? Certes, elles existent, et plutôt dans les quartiers
ouvriers que dans les quartiers bourgeois. Gonfler et exploiter
cette réalité présentent pour la bourgeoisie plusieurs
avantages.
Premièrement, faire diversion par rapport aux principaux
problèmes des travailleurs, le chômage et la précarité, autrement
dit l’insécurité... de l’emploi. C’était encore l’objet de la
principale lutte, et de la principale victoire, de l’année passée
 : la lutte dite « contre le CPE ». Or cette insécurité, celle
de l’emploi, est le terreau de toutes les autres : le logement, la
santé, la vie de famille, et même la délinquance.
Deuxième avantage pour la bourgeoisie : cultiver la division
entre les travailleurs, renforcer leur isolement. C’est essentiel !
Comme l’écrivait Karl Marx dans le Manifeste du Parti
Communiste : « Le salariat repose exclusivement sur la concurrence
des ouvriers entre eux. »
Enfin, troisième avantage : pousser les travailleurs à faire
appel à l’Etat, pour être « protégés » ; et donc renforcer la
légitimité du pouvoir bourgeois, à qui on demandera finalement
de résoudre tous les problèmes.

- NOS THÈMES À NOUS.
Nous devons évidemment prendre le
contre-pied de cette politique.
Faire de la lutte contre l’insécurité du travail notre première
exigence. Sachant que le travail sans papiers, c’est l’insécurité
absolue. Et que nous ne voulons pas non plus de l’insécurité AU
travail. Une pancarte, dans la manifestation contre l’amiante le
30 septembre à Paris, faisait cette comparaison : « 2 CRS blessés,
intervention de 250 flics ; 3 000 morts de l’amiante par an,
rien ».
Désigner les responsables, patrons et bourgeois divers,
défenseurs du système capitaliste. Orienter, dans les quartiers
comme dans les usines, la violence des révoltes contre
ces responsables. Organiser, donc, les solidarités de lutte, y
compris et surtout au niveau politique, et au niveau international.
Ne pas faire confiance à l’Etat mais à nos organisations de
classe. Et ce dernier principe remet en cause le processus
même des élections actuelles : laisser la politique et le pouvoir
à des spécialistes, fussent-ils de « gauche ».

- TOUS LES JOURS.
Quels beaux principes ! Oui, mais c’est
surtout une lutte – et un travail d’organisation politique – de
tous les jours. D’ailleurs, la bourgeoisie n’attend pas les
périodes électorales pour faire vivre sa politique. Une étude
de sociologues, publiée dans le journal « Plan B », portant sur
les journaux télévisés de 13 h et de 20 h sur TF1 en 2001,
aboutissait aux chiffres suivants : 1046 homicides dans l’année,
1190 reportages ; 730 morts par accidents du travail
(sans compter les maladies professionnelles), reportages : 2.
Voilà pour la propagande. Et pour les faits, un seul exemple
également. Moins d’un an après la révolte des banlieues, PSA Peugeot-
Citroën annonce 10 000 suppressions d’emplois, dont
les trois quarts en France. Or PSA est, avec son usine
d’Aulnay-sous-Bois (5000 personnes), le premier employeur
du 93.
D’où viendra le changement ? De nous ! Collectivement. Et
bien organisés ! C’est ce que dit depuis toujours la théorie communiste.
Et, à sa manière, la chanson « L’Internationale » :
Il n’est pas de sauveurs suprêmes,
Ni Dieu, ni César, ni tribun,
Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes,
Décrétons le salut commun !

A lire dans partisan 206 :

Télécharger Partisan 206 pdf (1,9 Mo)

- La « nouvelle gauche » est-elle anti-capitaliste ?
- Chasse au sans papier dans une école, et chasse à l’enfant à proximité d’un collège en Seine Saint-Denis !
- Modéluxe négrier, préfecture de l’Essonne complice
- Parisot reprend l’offensive
- Ségolène Royal et la sécurité sociale professionnelle
- Troupes françaises hors du Liban
- Questions à Marie Nassif-Debs, membre du bureau
politique du Parti communiste libanais
- Les USA au Maghreb
- Quatre mois après le 48ème Congrès : Le point sur les oppositions
internes à la CGT
- Bilan du 48ème Congrès de la CGT
- Il y a 60 ans, Thorez jetait les bases
du révisionisme moderne

- Peugeot Citroën : 10 000 emplois menacés :
‘fluctuation’ ou constante ?

Soutenir par un don