Vous êtes dans la rubrique > Archives > Communistes
Communistes
Partisan N°226 - Mars 2009
La grève générale !
On peut mesurer le chemin parcouru depuis 1995. Le mot-d’ordre était alors minoritaire. Ensuite largement admis, il restait passif : « ça va péter ». Aujourd’hui, on en parle concrètement : j’en serai ! Et de nouvelles couches sociales, attaquées à leur tour, ont élargi les rangs.
Il faut mesurer aussi l’évolution de la conscience du problème à résoudre. En 1995, la dominante était l’opposition à un capitalisme « libéral » (Retrait du plan Juppé), au profit d’un capitalisme social, une Gauche, ou une vraie Gauche. Le problème aujourd’hui – la crise est passée par là -, c’est le capitalisme lui-même, en tant que système économique servi par un système politique. Faut-il le remplacer par un autre système, ou le réparer, le contrôler ? La question est posée !
La manif du 29 janvier
La manif du 29 janvier, replacée dans cette perspective, ne peut cacher ses graves limites. Même comme simple convergence des luttes, elle avait ses ratés : le mouvement des travailleurs sans-papiers, par exemple, n’était même pas cité dans l’appel commun. Mais surtout, « centraliser les nombreuses luttes locales en une lutte nationale », c’est « en faire une lutte de classes », écrivait Marx dans Le Manifeste. Et « toute lutte de classes est une lutte politique ». Cette dimension politique était très présente le 29 janvier : « Sarko, casse-toi, pauv’con ! », « Tu la vois, la grève, là ? » ; mais totalement absente chez les organisateurs, des directions syndicales, unies pour une journée et une seule. Une autre peut-être, dans 7 semaines...
Les mots-d’ordre généraux (« casse-toi, pauv’con », « prêts pour le combat ») avaient plus de succès que les revendications spécifiques. Mais ce n’était pas les mots-d’ordre des organisateurs de la manif. Plus que jamais Quelle direction – où allons-nous, comme ça, tous ensemble ? - doit s’écrire au pluriel : Quelles directions ? Seule la politique révolutionnaire fait la véritable unité des révoltes. Et si on a peur de faire de la politique, il ne faut pas se révolter ! La seule perspective de la lutte pour l’instant, c’est la lutte elle-même ! On ne va tout de même pas remplacer Sarko et l’UMP par Martine Aubry et le PS !
La politique révolutionnaire
La politique révolutionnaire fait aussi son chemin, cahin-caha, direz-vous, en pensant au NPA. Très cahin-caha, oui. Car la politique ouvrière et prolétaire, c’est le communisme. Et le NPA, par rapport à la LCR, c’est l’abandon du C de communisme et même du R de révolution. A l’heure où il est massivement évident que le problème, c’est le capitalisme ! Se dire anti-capitaliste aujourd’hui, c’est presque enfoncer une porte ouverte. Par contre, un parti, c’est fait pour proposer une solution – un programme – et rassembler pour le mettre en œuvre.
Et la politique communiste, ça consiste en quoi ? Dans le Manifeste encore, Marx répond : « Les communistes ne se distinguent des autres partis ouvriers que sur deux points. D’une part, dans les différentes luttes nationales des prolétaires, ils mettent en avant et font valoir les intérêts indépendants de la nationalité et communs à tout le prolétariat. D’autre part, dans les différentes phases de développement que traverse la lutte entre prolétariat et bourgeoisie, ils représentent toujours les intérêts du mouvement dans sa totalité ».
Etre communistes aujourd’hui
Etre communistes aujourd’hui, ça ressemble toujours à ce que disait Marx, à cet internationalisme et à cette « totalité ». Le journal Partisan, à cette manif du 29, titrait « Sionistes assassins », en écho aux manifs du 3 et du 10 janvier, nombreuses elles aussi, populaires, jeunes, féminines, banlieusardes, et vite oubliées. Et le 29, c’était décalé « Sionistes assassins » ? Non, unité prolétarienne contre l’injustice et l’oppression. Unité qui ne peut être que politique.
Le Népal et l’Afghanistan, les sans-papiers et les luttes des femmes : être communistes, ce n’est pas s’occuper en plus d’autre chose, c’est s’occuper de tout. La « totalité », c’est montrer les liens qui unissent toutes les luttes, combattre l’illusion d’une victoire locale durable, s’organiser pour attaquer le problème central, le pouvoir.
Etre communistes, c’est : ne pas avoir peur d’être minoritaires aujourd’hui, à contre-courant, parce qu’on voit où est l’avenir de la classe ouvrière et de l’humanité. C’est poser les questions qui fâchent, parce qu’il faut savoir où l’on va.
C’est, bien sûr : casser les frontières entre prolétaires, créer de nouvelles solidarités : recevoir une représentante de Rawa, l’association révolutionnaire des femmes d’Aghanistan ; préparer le CITA d’octobre, le Conseil International des Travailleurs de l’Automobile ; faire connaître Partisan...
C’est d’abord : casser l’isolement politique des travailleurs conscients, se réunir régulièrement, c’est-à-dire créer un cercle, et approfondir ensemble les questions les plus politiques et donc les plus importantes : C’est quoi être communistes aujourd’hui ?, C’est quoi l’alternative au capitalisme ?, C’est quoi un parti vraiment communiste ?
P.-S.
