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Venezuela : jamais l’impérialisme n’est le défenseur des peuples !

Les USA viennent de tenter un coup d’Etat « légal » au Venezuela en soutenant la désignation de Guaidó, président de l’Assemblée nationale comme « président par intérim ». Il s’agit de fait de tenter de se substituer à Maduro, le président élu, quoi qu’on pense des circonstances de son élection.
Et bien sûr toutes les puissances européennes, Macron en tête, de donner de l’ultimatum pour de nouvelles élections au Venezuela. Macron n’a pas les mêmes scrupules face à l’Egypte ou l’Arabie Saoudite !
Il est vrai que les intérêts économiques et militaires de la France impérialiste sont bien moindres en Amérique Latine qu’au Proche-Orient ! Alors il s’agit surtout d’un signal idéologique et politique qui montre le camp dans lequel se trouve le gouvernement français dans les contradictions impérialistes mondiales : quoiqu’il en dise, aux côtés de Trump et de l’impérialisme occidental.

 

Ceci établi, qui marque notre opposition résolue et absolue à toute intervention impérialiste au Venezuela et au coup d’Etat rampant en cours, il nous faut clarifier les choses n’en déplaise à tous les « défenseurs inconditionnels de la république bolivarienne », France Insoumise en tête.
L’opposition entre Maduro et Guaidó n’a absolument rien de l’opposition entre le peuple et l’impérialisme.

 

Guaidó, c’est le représentant de la bourgeoisie d’affaire, d’exportations, directement liée à la grande bourgeoisie mondialisée, en particulier américaine. Ce qu’on appelle la bourgeoisie « compradore ». Cette bourgeoisie qui a été au gouvernement jusqu’à l’arrivée de Chavez en 1998 et qui n’a jamais rien fait pour le peuple, l’a laissé dans une misère épouvantable, alors que le pays possède les principales réserves pétrolières de la planète. Cette bourgeoisie, le peuple vénézuélien la connaît déjà trop bien, même si la mémoire s’est estompée dans les jeunes générations.
Maduro n’a rien d’un représentant du peuple, même s’il en a toujours le soutien d’une partie. Si Chavez était un réformiste radical qui a mis en place une série de réformes positives pour le peuple (alphabétisation, santé, recul de la misère) durant les premières années, la fin de son régime et surtout son successeur ont vu le développement massif de la corruption, de l’affairisme, de l’enrichissement d’une autre fraction bourgeoise au sein de l’appareil d’Etat (et plus particulièrement dans l’armée) pour s’approprier les fruits de la rente pétrolière - exactement comme en Algérie. Et Maduro est le représentant de cette bourgeoisie « bureaucratique » qui tente de se maintenir au pouvoir après avoir ruiné le pays (inflation galopante, émigration massive), laissé délabrer l’industrie pétrolière dont la production s’est effondrée, pour conserver ses avantages de classe et a vendu le pays aux impérialistes russes et chinois.

 

L’affrontement entre Maduro et Guaidó, c’est le conflit entre deux fractions bourgeoises qui veulent chacune le pouvoir pour elle. Guaidó a le soutien des USA, de l’impérialisme occidental, d’une fraction de la population qui n’en peut plus de misère et de régression. Maduro a le soutien de la Chine et de la Russie impérialistes, qui ont massivement investi dans le pays via l’endettement et le contrôle des ressources, et encore le soutien d’une fraction du peuple au nom des réformes chavistes d’il y a 20 ans.
Tout cela est bien loin de la défense des intérêts du peuple vénézuélien qui, dans un cas ou dans l’autre, fait les frais de la domination de la bourgeoisie.

 

Alors que signifie la « défense inconditionnelle de la république bolivarienne », dont la France Insoumise est le principal représentant ?
Que pour eux, une révolution c’est surtout le contrôle de l’Etat, et pas la défense des intérêts du peuple.
Que la responsabilité de l’échec économique avéré n’est jamais dû à des causes internes (le système économique de monoproduction, le partage de la rente pétrolière, la corruption…) mais aux méchants impérialistes US qui servent d’épouvantails pour masquer leur propre échec politique et économique. Bien entendu, les manœuvres impérialistes existent bel et bien, mais seulement sur la base de ces contradictions internes.
Qu’ils sont incapables de comprendre ce qu’est la grande bourgeoisie incrustée dans l’appareil d’Etat, qu’il s’agisse des capitalistes d’Etat des ex-pays de l’Est ou en Chine, des bourgeoisies bureaucratiques des pays dominés, ou même des dirigeants des entreprises nationalisées. Ce qui ne laisse pas d’inquiéter sur leur conception du socialisme et de la libération du peuple. Soutenir Maduro au Venezuela, ça fait quand même peur s’ils arrivent au pouvoir ici !
Que pour eux, la Russie et la Chine ne sont pas des pays impérialistes, mais un soutien à la libération des peuples, via les régimes en place. Il y a un moment où l’aveuglement devra tomber, pour réaliser que ce ne sont que des grandes puissances impérialistes en compétition mondialisée avec leurs concurrents, sur tous les continents, en Amérique Latine, en Afrique, au Proche Orient, en Asie et même en Europe.

 

Malheureusement, au Venezuela, il n’existe pas de courant révolutionnaire visible qui s’est démarqué à la fois de Guaidó et de Maduro, pour un projet libérateur vraiment anti-impérialiste, qu’il s’agisse des USA, de la Chine ou de la Russie. Par conséquent, le peuple n’est qu’un appendice de l’une ou l’autre des fractions bourgeoises, quels que soit le mécontentement et la colère qui s’expriment massivement.
Le développement d’une ligne prolétarienne et d’organisations qui établissent une alliance entre travailleurs, paysans, étudiants, travailleurs informels et tous les secteurs historiquement opprimés au Venezuela est de plus en plus urgent.

 

C’est à ce peuple vénézuélien que va aujourd’hui notre soutien inconditionnel, hors de toute soumission à l’un ou l’autre des courants bourgeois et de l’impérialisme.

 

Trump, Macron, bas les pattes du Venezuela !

 

OCML Voie Prolétarienne, 07 février 2019

 

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