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Il y a 30 ans, les capitalistes chinois écrasaient la révolte de Tien Anmen

Il y a trente ans, les chars mettaient fin à 6 semaines d’occupation de la Place Tien Anmen à Pékin, six semaines d’occupation pacifique pour revendiquer les droits démocratiques de base. Après la restauration du capitalisme en octobre 1976 et l’ouverture effrenée au marché mondial, le régime chinois réprimait dans le sang la première manifestation d’opposition politique depuis la mort de Mao.

Nous publions ci-dessous le tract de l’OCML Voie Prolétarienne diffusé dans les jours qui ont suivi le massacre, début juin 1989.
On trouvera également en fin d’article le lien vers un article du journal Partisan d’octobre 1989 qui rapporte la participation de la Fédération Autonome des Ouvriers de Pékin à ce mouvement pour la démocratie.


"VOUS LES JEUNES, VOUS ETES [...] COMME LE SOLEIL A 8 HEURES DU MATIN. C’EST EN VOUS QUE RESIDE L’ESPOIR. L’AVENIR DE LA CHINE VOUS APPARTIENT". Mao Zedong

Depuis samedi soir, dans le centre de Pékin, l’armée chinoise massacre les étudiants et les ouvriers qui se sont dressés pour dénoncer la corruption, pour exiger la démocratie, pour défendre leurs conditions de vie mises à mal par l’inflation.

Le 27ème corps d’armée tue étudiants et ouvriers au nom de la "défense du système socialiste", pour mettre fin à "l’insurrection contre-révolutionnaire". De telles justifications pourraient prêter à rire si le sang ne coulait pas. En effet ceux qui cherchent ainsi à sauver leur pouvoir vacillant, Deng Xiaoping en particulier, sont les mêmes qui ont ouvert le marché chinois aux capitaux étrangers, démantelé les communes populaires et rétabli le marché comme juge de l’utilité sociale. Deng est tellement un "communiste" convaincu qu’il conseillait il y a peu, à un ministre du Mozambique, de renoncer au socialisme.

Ce que défendent Deng Xiaoping, Chi Haotian (chef d’état-major des armées), Yang Shangkun (président de la république), ce n’est pas le "système socialiste", mais le système qui apporte les avantages et les profits que leur assurent la libéralisation de l’économie et la formidable corruption qu’elle a encouragée. Une bonne partie des cadres dirigeants de l’armée s’est enrichie dans la "commercialisation" de l’industrie militaire chinoise (Libération du 5 juin 1989). Ainsi s’est développé un puissant complexe militaire-industriel qui nourrit une bonne partie de la nouvelle bourgeoisie chinoise. Ce sont ces intérêts là que défend l’armée.

Alors Deng Xiaoping, qui était il y peu celui qui avait redressé la Chine en l’ouvrant au monde capitaliste après avoir renversé le régime maoïste, est maintenant la bête noire des médias occidentaux : celui par qui un nouveau malheur s’abat sur la Chine, qui risque de la refermer sur elle-même. Car ce n’est pas tant le sang du peuple que pleurent les gouvernements occidentaux, mais la perte possible du grand marché chinois, la perte probable des investissements qui y ont été faits.

La condamnation des massacres est unanime dans le camp de la bourgeoisie, et d’autant plus facile qu’ils sont perpétrés au nom du "socialisme". Mais il y a unanimité, de la droite au PCF, pour soutenir les réformes antérieures qui ont provoqué le mouvement lui-même. L’unanimité est totale aussi pour gommer le caractère social des revendications, leur caractère de classe, même si celui-ci est encore indécis (lutte contre la corruption, pour le droit à la parole...) et pour disserter sur ces revendications démocratiques, en vidant celles-ci de tout caractère concret. Il ne manque pas de commentateurs "avertis" pour associer "libéralisme économique" et "liberté". Le capitalisme serait le plus sûr garant des libertés. L’amnésie et le mensonge sont scandaleux. Comment l’enrichissement de quelques-uns par l’exploitation de la majorité peut-il conduire à la liberté de tous ? Partout dans le monde, la liberté du capital c’est la misère pour la masse. C’est au nom de cette liberté qu’on tue ceux qui réclament de vivre dignement, non seulement en Chine mais, il y a quelques semaines, en Argentine, quelques mois, au Venezuela (des centaines de morts à Caracas), quelques années, au Maroc...

N’en déplaise aux chantres du libéralisme, le gouvernement chinois a fait ce à quoi n’hésite jamais à recourir une bourgeoisie menacée par le peuple : faire tirer l’armée. De la Commune de Paris à la Chine aujourd’hui, en passant par le Chili, le Maroc... le sang des ouvriers a chaque fois coulé. Elle ferait de même en Europe si c’était nécessaire.

L’armée chinoise, que le peuple traite de fasciste, ne s’est pas comportée autrement que celle du Guomintang qui, en 1925-1927, massacrait les ouvriers communistes à Canton et à Shanghai. Elle n’a plus rien de prolétaire et vient d’en apporter la confirmation.

Le peuple chinois des villes fait preuve d’une énergie, d’une détermination, d’une confiance dans sa capacité à bousculer ce gouvernement, tout à fait extraordinaires. Les universités sont organisées, les ouvriers commencent à l’être dans des syndicats indépendants. La bourgeoisie a peut-être gagné une bataille par le fer et le sang, mais elle n’a pas fini d’en découdre avec le peuple. Les ouvriers et les étudiants brandissent le drapeau rouge et chantent l’internationale. S’ils tirent les leçons des échecs passés et des impasses dans lesquelles le libéralisme a conduit la Chine, ils pourront redonner vie à ces symboles de la classe ouvrière internationale et remettre la Chine sur la voie du communisme.

Le tract original de 1989 en format PDF

Partisan N°43 La Fédération Autonome des Ouvriers de Pékin

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