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Contre l’islamophobie et tous les racismes

L’agression dont a été victime devant son fils une mère de famille portant le voile, violemment prise à partie par un élu du rassemblement national (RN) alors qu’elle accompagnait une sortie scolaire, s’inscrit dans une offensive continue contre les musulman.es et surtout contre le symbole que serait le voile. Le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer a condamné l’agression, mais s’est empressé d’affirmer que « le voile n’est pas souhaitable dans notre société ».

Sur cette question, la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) a été attaquée de toutes parts par les pires réactionnaires après avoir sorti une affiche pour les élections des parents d’élèves où est écrit « Oui, je vais en sortie scolaire, et alors ? » et sur laquelle on aperçoit une mère voilée sourire à son enfant.

Au même moment, Zemmour, polémiste ultra réactionnaire, a pu s’exprimer longuement sur LCI décrivant une France victime de l’Islam. Nous serions, selon Zemmour, entrés dans une « guerre de civilisation » risquant de transformer le pays en une « République islamique française ».

Si certaines attaques sont ouvertement réactionnaires, comme celle de l’élu du RN ou celle de Zemmour, d’autres sont plus subtiles, comme celle du philosophe Peña-Ruiz. Ce dernier a suscité la polémique à l’université d’été de La France insoumise (FI) en affirmant qu’« on a le droit d’être islamophobe ». Il se présente comme un anti raciste sincère et même comme marxiste. Mais il est surtout un petit bourgeois aveuglé par ses préjugés. Il croit fortement à la neutralité de l’État. Il fut membre de la commission Stasi qui proposa la loi de l’interdiction du voile à l’école, il est aussi contre le fait que des mamans voilées accompagnent les enfants dans les sorties des écoles. Il pense que les lois bourgeoises sont universalistes, qu’elles viseraient à interdire aussi croix et kippa des écoles. Vaste blague quand on sait que la loi est exclusivement orientée contre les femmes musulmanes. Pour lui, être islamophobe c’est critiquer la religion musulmane, pas les individus.

Les victimes de racisme parce que musulmanes parlent d’islamophobie, c’est la réalité sociale qu’elles vivent. Il n’y aura jamais de bons mots imparables, c’est certain, mais se revendiquer islamophobe est une provocation pour celles et ceux qui en sont victimes. Les racines idéologiques de l’islamophobie sont dans l’histoire coloniale de la France.

Nous sommes dans une période de crise du capitalisme, de guerre économique mondialisée sur fond de confrontations inter-impérialistes. Alors la bourgeoisie désigne des boucs émissaires pour nous détourner des vrais problèmes et renforcer son pouvoir en créant un consensus chauvin autour d’elle. Au-delà du voile et des attaques récurrentes que subissent les femmes musulmanes, la bourgeoisie, s’appuyant sur les positions les plus réactionnaires, distille que les musulmans profiteraient d’un prétendu « modèle social » auquel ils ne contribueraient pas, auraient des pratiques religieuses incompatibles avec « notre » mode de vie et « nos » traditions, voire qu’ils menaceraient la civilisation occidentale. D’où les injonctions faites aux musulmans de se désolidariser des actes terroristes comme on l’a vu lors des attaques meurtrières à Charlie Hebdo ou au Bataclan, alors que ce sont eux les principales victimes du terrorisme à travers le monde et que ce sont les impérialistes qui sont responsables du chaos qui a vu l’émergence de Daesh ou d’Al-Qaïda.

Cette suspicion vis-à-vis de la communauté musulmane est entretenue jusqu’au plus haut niveau de l’Etat. Ainsi Macron a déclaré vouloir « bâtir une société de vigilance pour savoir repérer au travail, à l’école, les relâchements, les déviations » suite à l’attaque au couteau à la Préfecture de police de Paris, quand son ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a considéré que « la pratique régulière et ostentatoire de la prière et la pratique exacerbée de la religion en période de ramadan sont autant de signes de radicalisation à signaler » alors qu’il ne s’agit là que de conduites religieuses banales chez les musulmans pratiquants.

Empêchons la bourgeoisie de semer la division dans nos rangs !

La tâche des révolutionnaires est de soutenir les luttes pour l’égalité des droits au sein du prolétariat, contre les divisions entretenues par la bourgeoisie et son appareil d’Etat. Contre les contrôles aux faciès, contre les crimes racistes. Pour le droit aux femmes voilées d’accompagner leurs enfants, pour leur droit de travailler.

Cela n’empêche pas dans ce cadre-là d’avoir des critiques sur les religions et pas seulement sur une religion. Mais c’est l’État bourgeois qu’il faut attaquer et pas les femmes musulmanes qu’elles soient ou non voilées ! Elles sont exploitées et opprimées, et comme tout.es les prolétaires, leur place est dans les sorties scolaires comme au travail, dans le quartier comme dans tout l’espace publique, dans les luttes sociales pour l’amélioration des conditions de vie et de travail.

OCML VP, 18 octobre 2019

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