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8 mars 2020 : Tempête mondiale sur le patriarcat !

Nous vivons dans un système patriarcal qui permet aux hommes de nous humilier, nous insulter, nous maltraiter, nous violer, nous tuer. Un système qui a traversé les siècles et qui a survécu à tous les bouleversements sociaux. Un système sur lequel tous les modèles économiques, y compris le capitalisme, se sont appuyé pour assoir leur domination et en tirer profit.

Ce système patriarcal est partout, dans toutes les sociétés. Dans chacun et chacune d’entre nous.

C’est d’abord dans notre propre foyer que nous sommes le plus en danger. Où nous subissons l’essentiel des violences, qu’elles soient psychologiques, sexuelles ou meurtrières. Et parce que le monde économique s’est emparé du patriarcat, nous sommes en danger aussi sur notre lieu de travail.

Aujourd’hui des dénonciations de harcèlements, de viols surgissent dans le monde du cinéma, de la littérature, du sport, des instances religieuses... et à un niveau mondial. Certes elles apparaissent dans des milieux privilégiés de la petite bourgeoisie, autour du mouvement « me too », de personnes ayant les moyens de se faire entendre. Mais cette médiatisation met en lumière les violences que nous subissons au quotidien. Elle nous permet aussi, nous, femmes des quartiers populaires du monde entier, de prendre conscience de nos droits. Elle nous permet de crier « NON » à nos oppresseurs et nous donne la force de les dénoncer et de nous battre.

Mais le patriarcat ne se cantonne pas au seul foyer ou lieu de travail. Toutes associations, organisations, instances politiques, syndicales, religieuses ou autres en sont empruntes, se sont construites et organisées à partir de ce terreau putride. Toutes organisations syndicales, associatives, politiques ont l’obligation, aujourd’hui, de se remettre en question sur leur fonctionnement, leur composition, leur mode d’intervention vis-à-vis des femmes auxquelles elles s’adressent. Mais elles doivent aussi se remettre en question sur la façon de militer et de travailler avec les femmes qui les composent.

Car il ne suffit pas, il ne suffit plus de dire qu’on est féministe.

Être féministe, ce n’est pas un mot que l’on peut clamer à qui veut l’entendre. Il ne suffit pas de lire des livres sur le sujet, de manifester le 8 mars et de parler d’égalité femme-homme pour se libérer du patriarcat. Il faut remettre en question ses faits, ses gestes, ses manières de communiquer… Tous ces actes du quotidien que l’on effectue machinalement. Ne pas considérer que l’on sait tout parce qu’on se déclare féministe, qu’on est conscient des grosses injustices faites aux femmes et qu’ensuite être féministe ça va de soi…

Ne pas considérer non plus que nous, les femmes, sommes immunisées contre le patriarcat parce que nous le subissons. Car durant des millénaires, nous avons été éduquées par lui. Nous avons appris à nous soumettre, à nous taire, à subir, à avoir honte et à dénigrer celles d’entre nous qui tentaient de se libérer du patriarcat et à accepter l’intolérable. Et plus encore, nous avons tellement intégré cette oppression que nous l’avons défendue, expliquée, justifiée et transmise à nos filles et étouffé leurs aspirations à la liberté. Et nous avons valorisé le virilisme de nos garçons.

Et ce sont toutes ces oppressions patriarcales qui sont dénoncées ces temps-ci dans les médias. Il ne s‘agit pas seulement de dénoncer des hommes, des corps de métier, des organisations. Il s’agit avant tout de dénoncer un système qui permet aux hommes d’être des bourreaux et qui cloisonne les femmes dans les cases de la honte, de la dépression, du silence.

En ce 8 mars 2020, après les « me too » ou « balance ton porc » ou quels que soient les noms donnés aux mouvements de revendications dans le monde, nous, organisations politiques, syndicales, associatives qui sommes dans le camp des progressistes…

Nous ne pouvons pas…
Nous ne pouvons plus…

Accepter que dans nos rangs des femmes subissent des humiliations, insultes, violences, viols…

Nous ne pouvons pas…
Nous ne pouvons plus…

Accepter que des hommes violeurs, violents, sexistes circulent dans nos rangs.

Nous ne pouvons pas…
Nous ne pouvons plus…

Accepter l’intolérable sous prétexte d’un talent artistique ou militant.

Car oui, camarades !!!

Dans nos rangs, dans nos organisations syndicales, politiques, dans nos associations ou collectifs de lutte et de défense s’infiltrent des prédateurs, des pervers qui profitent de nos failles, de nos flous, d’un système qui leur laisse le champ libre. Des hommes qui se protègent derrière leur étiquette de super militant pour traquer les femmes.

Nous ne devons pas…
Nous ne devons plus…

Accepter ces prédateurs dans nos rangs.

N’attendons pas la fin du capitalisme pour nous débarrasser du patriarcat.

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