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Pas "d’union nationale" avec ceux qui n’ont que faire de notre santé !

La gestion de l’épidémie de Covid-19 par l’Etat et le patronat révèle à quel point ils méprisent notre vie et notre santé et ne se soucient que de maintenir à flot la machine d’exploitation capitaliste.

Tous les gouvernements, de Droite, de Gauche ou du Centre ont systématiquement réduit les moyens alloués à la Santé publique depuis des décennies, rendant impossible de prendre en charge correctement une crise sanitaire majeure. Cette politique est et sera responsable directement de la mort de plusieurs milliers de personnes qui n’auront pas pu être soignées correctement. Le gouvernement a menti sur la gravité de l’épidémie pour maintenir la mascarade des élections municipales. Et encore quand il prétend que les masques sont inutiles juste pour cacher son incapacité à en fournir le nombre nécessaire. Le gouvernement culpabilise la population pour la rendre responsable de ce qui lui arrive, alors qu’il nous chantait il y a encore peu qu’il n’y avait pas d’inquiétude à avoir !

Toute activité sociale est interdite, sauf l’exploitation du prolétariat. C’est la logique de ce monde barbare dans lequel notre santé, notre intégrité physique, nos vies ne sont que des variables d’ajustement subordonnées aux impératifs économiques ; cette logique qui explique que Muriel Pénicaud se dise scandalisée que les patrons du BTP hésitent à relancer les chantiers, ou qu’on nous dise que le travail salarié n’est pas « une interaction sociale » et ne présente donc aucun risque. Comme d’habitude, les prolétaires sont en première ligne, ceux qu’on force à aller travailler, comme ceux des secteurs vitaux qui devront de toute façon continuer à tourner. Leur seul code de conduite, leur seul scrupule, c’est de préserver la santé du Capital. Toutes les entreprises peuvent continuer à tourner, même celles dont l’activité n’a aucune utilité vitale. Pendant ce temps, même assister aux enterrements est interdit, et les SDF reçoivent des amendes pour non-respect du confinement...

Les conditions de travail sont désastreuses. Les consignes bidons de l’administration qui sont censées nous permettre de continuer à travailler protégés de la contamination sont soit inapplicables, soit inefficaces. En réalité, l’Etat a donné toute latitude au patronat. Dans la plupart des boites, il n’y a ni gants ni masques en nombre suffisant. Les travailleuses et travailleurs les plus exposés (des femmes notamment, surreprésentées dans le commerce ou la Santé), ceux des secteurs économiques vitaux, n’en ont pas non plus suffisamment. En allant bosser, nous nous mettons en danger et nous mettons en danger les autres, comme la caissière de Carrefour Saint-Denis qui vient de mourir du virus. Airbus a réouvert ses usines, combien de morts en plus pour ne pas prendre de retard dans le carnet de commande ?

Beaucoup d’entre nous vont au boulot avec peur et colère. Faute d’avoir voulu endiguer l’épidémie tant qu’il en était encore temps, faute d’avoir investi assez de moyens dans la Santé, ils ne leur restent plus que les mesures policières et administratives pour endiguer l’épidémie. Ceux qui vont le plus le subir sont ceux qui en temps normal sont déjà les plus vulnérables de notre classe : les précaires, les sans-papiers, les personnes vivant dans les foyers de toute sorte, les anciens dans les EHPADs, les femmes enfermées avec un homme violent, les personnes en prison, celles dans les Centres de rétention administrative, les jeunes des quartiers... Le confinement c’est aussi un terrible isolement social pour beaucoup, avec des conséquences terribles pour celles et ceux qui sont déjà seuls ou vivent dans l’inconfort.

Macron a dit que nous étions « en guerre » lundi dernier. C’est une manière d’exiger qu’on la ferme et qu’on obéisse comme des petits soldats. Qu’on obéisse aux intérêts du Capital, d’abord en continuant à bosser au risque de notre vie. Les ministres nous menacent, pas question de Droit de retrait. Puis en acceptant les mesures anti-ouvrières déjà annoncées pour « relancer l’économie », comme le pouvoir accru donné aux patrons de sucrer nos congés et de manipuler notre temps de travail. Des milliards ont déjà été promis aux entreprises, mais rien pour le système de Santé ou les travailleurs. Ah, si, peut-être une prime de 1000 euros pour nous encourager à continuer à bosser... Voilà combien vaut notre vie ! Au final, ce sera toujours à nous, les prolétaires et le peuple, de payer la facture pour nos exploiteurs.

Mais nous, on ne veut pas la fermer ! Ceux qui nous gouvernent et nous exploitent, dans les ministères, les administrations et les entreprises, tous ceux-là doivent nous rendre des comptes. Pourquoi tous ces milliards d’€ pour les entreprises, les aides et exonérations en tout genre, et seulement des miettes pour l’hôpital ? Pourquoi si peu de masque pour le personnel soignant alors que les entreprises s’en font livrer sans difficulté pour maintenir coûte que coûte des activités et productions aujourd’hui parfaitement inutiles, au mépris de la santé des travailleurs ? Pourquoi autant de répression et d’amendes et si peu de tests et de soins ? Pourquoi imposer des couvre-feux dans nos quartiers mais laisser les usines tourner ? Pourquoi les transports en commun sont-ils encore ouverts ? Pourquoi tout est dangereux sauf d’aller bosser ? Pourquoi le télétravail est réservé aux cadres ?

Pour nous, ouvriers et prolétaires, une seule réponse à ces questions, un seul responsable. C’est la bourgeoisie, son gouvernement pour les patrons, son système d’exploitation, le capitalisme. C’est elle, la bourgeoisie, l’ennemi de notre classe, qui est responsable des conséquences dramatiques de la pandémie et qui veut nous les faire payer. C’est elle, la bourgeoisie, qui nous fait la guerre.

Ce qui apparaît clairement aux yeux de beaucoup aujourd’hui, c’est que pour ceux qui nous gouvernent, du sommet de l’Etat jusqu’au petit chef au boulot, il y a une règle : le plus important, c’est la santé du Capital, pas la santé des travailleurs. C’est le cas malgré l’épidémie, mais c’était déjà le cas avant. Les mesures bidons censées nous protéger du virus rappellent les mesures de sécurité qui au travail sont censées nous protéger des produits cancérogènes ou des troubles musculo-squelettiques. La protection de notre Santé est déjà limitée par la nécessité de nous exploiter.

Partout en Europe, le cynisme de la bourgeoisie est le même, il faut continuer à produire ! En Italie, ce n’est que sous la contrainte de l’hécatombe que le gouvernement a finalement fait fermer les entreprises des secteurs non-essentiels. Mais la réaction des prolétaires, en Italie, en Espagne, en Belgique ou en France, est la même : même mouvement de révolte spontané, elles et ils refusent d’être de la chair à patrons. Débrayages et droits de retraits se multiplient. Les gouvernements de l’Union européenne tentent d’allumer le contre-feu de la xénophobie, et se sont mis d’accord pour fermer les frontières extérieures de l’Europe. Alors que c’est bien l’Europe qui aujourd’hui menace de contaminer les pays voisins. La lutte de classe est internationale, la solidarité doit l’être aussi !

La crise sanitaire et sociale que nous subissons démontre à quel point nous avons besoin d’un autre monde. Un monde dans lequel la Santé et le bien-être des prolétaires et du peuple auraient la priorité sur n’importe quel impératif économique. Un monde dans lequel nous pourrions réquisitionner des entreprises et leur stock de masque sans en être empêchés par la propriété privée, qui a aujourd’hui plus de valeur que la vie humaine. Un monde dans lequel personne ne pourrait être contraint à travailler en ayant peur pour sa vie. Un monde dans lequel celles et ceux qui font tourner la société auraient le pouvoir de décider comment faire face à l’épidémie, de faire fermer les productions non-essentielles et de fournir aux travailleuses et travailleurs des secteurs vitaux tous les moyens pour continuer à remplir leur mission en sécurité. Cela, seule une société dans laquelle les prolétaires ont le pouvoir peut le garantir. En 2020 comme en 1914, pas d’« union nationale » avec ceux qui nous envoient à notre mort ! Tous les partis au parlement ont approuvé l’« Etat d’urgence sanitaire » et le droit qu’il donne au gouvernement de détruire nos droits sociaux sous prétexte de relancer l’économie après l’épidémie. Encore une fois, les exploité-e-s ne peuvent compter que sur eux-mêmes !

Si les patrons ne veulent pas fermer, il faut leur imposer, avec maintien du salaire à 100% !

Il faut arrêter toutes les activités économiques non-essentielles, et fournir une sécurité maximale aux travailleuses et travailleurs des secteurs vitaux, et se battre pour le droit de retrait si leur sécurité n’est pas assurée !

Il faut que le système de Santé et celles et ceux qui y travaillent aient les moyens suffisants pour nous soigner, et pour être protégés !

Il faut organiser la solidarité de classe, nous organiser à l’échelle des immeubles et des quartiers pour venir en aide aux personnes en difficulté !

Il faut obtenir la libération des détenus des Centres de rétention administrative !

Dès maintenant, il faut nous organiser pour contrer les projets de liquidations des droits des travailleurs sous prétexte de « relance de l’économie » !

Accrochons à nos balcons des banderoles pour exprimer notre colère et la nécessité de changer de monde !

Tous les soirs, crions notre soutien au personnel hospitalier et notre refus de l’ « union nationale » !

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