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Assassinat de Samuel Paty : contre l’islamophobie et contre l’islam politique réactionnaire !

L’assassinat de Samuel Paty par un fasciste djihadiste nous a tous choqué par sa forme particulièrement barbare. Une victime de plus d’une idéologie mortifère qui a ensanglanté notre pays depuis l’attaque contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, et a traumatisé durablement notre société à l’occasion des massacres de masse le 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, puis le 14 juillet 2016 à Nice.

A partir des années 1980 a soufflé un vent réactionnaire qui a imprégné toute la société, a affaibli la conscience de classe et les idées progressistes et révolutionnaires, à la grande satisfaction de la bourgeoisie. Cela a renforcé d’un côté la xénophobie et le racisme contre les travailleurs immigrés de culture musulmane, cela s’est manifesté par un regain de l’identité religieuse, et dans ce sillage par un essor des courants intégristes qui ont développé leur influence idéologique au détriment des idées progressistes. Dans certains quartiers, les progressistes, notamment les femmes qui sont souvent à l’avant-garde des luttes, se confrontent aux intégristes religieux qui cherchent à imposer leur vision du monde et leur loi. Elles et ils n’ont pas attendu le gouvernement Macron/Castex pour les affronter. Sans parler du développement des courants salafistes et djihadistes dans le terreau des sociétés détruites par l’impérialisme, comme la société tchétchène. L’islamisme politique est un fruit pourri de cette société capitaliste et impérialiste.

Le gouvernement Macron/Castex s’est empressé de récupérer cet assassinat au service de son discours islamophobe et xénophobe, sous couvert de défense de la liberté d’expression. Mais où est la liberté d’expression des enseignants lorsque le Ministère de l’Education Nationale sanctionne celles et ceux qui ont critiqué la politique gouvernementale ? C’est encore arrivé ces dernières semaines à Melle, près de Poitiers, où le Rectorat veut sanctionner quatre enseignant.e.s, pour avoir simplement manifesté contre la réforme du baccalauréat. Ne nous y trompons pas, le gouvernement ne défend pas la « liberté d’expression » des enseignant.es, pas plus que celle du reste de la population. Les gouvernements successifs, de droite comme de gauche, ne se revendiquent de la « liberté d’expression » et de la « laïcité » que lorsque cela sert la classe dominante. D’où la focalisation ces dernières années sur les caricatures obscènes de Mahomet vues comme le summum de la « liberté d’expression », ce qui est déjà en soi une manifestation évidente de la stigmatisation de la communauté musulmane.

Les commentateurs bourgeois affirment que les enseignant.e.s seraient plongés dans la peur, qu’ils et elles n’oseraient plus enseigner un certain nombre de sujets dans certains établissements scolaires. Comprendre : dans les collèges et lycées accueillant de jeunes prolétaires musulman.e.s. Est-ce vrai ? Non. Certes les enseignants progressistes sont confrontés aux idées réactionnaires présentes chez certains élèves. Le débat peut être difficile, éprouvant. Mais il est le plus souvent bienveillant et enrichissant.

Les enseignant.e.s de banlieue ne sont pas entouré.e.s de sauvages et de radicalisé.e.s. Le discours sur le « séparatisme » veut nous faire croire que les Musulmanes et Musulmans de France seraient en train de former une contre-société hostile. Mais celles et ceux qui vivent au sein du prolétariat multinational savent que c’est faux. C’est plutôt le gouvernement qui cherche à « séparer » les Musulmans du reste de la population.

Une nouvelle vague de restriction des libertés démocratiques est annoncée, sous prétexte de lutte contre le terrorisme. Mais en fin de compte, c’est notre camp, celui des militant.e.s progressistes et révolutionnaires, des prolétaires en lutte, qui en subira aussi les conséquences. Le gouvernement a mis dans le même sac des individus détestables comme Abdelhakim Sefrioui et son Collectif Cheikh Yassine, et le CCIF (Collectif contre l’Islamophobie en France) qui n’a rien à voir ni avec l’assassin de Samuel Paty ni avec le djihadisme. La défense de la liberté religieuse des Musulman.e.s semble être devenu un délit dans les discours gouvernementaux. Jusqu’à Mélenchon, qui a toujours eu du mal à contenir son chauvinisme, s’est permis de manière dégoûtante de pointer la communauté tchétchène en général. Même s’il s’est ensuite excusé, le fond était là.

L’OCML Voie Prolétarienne affirme qu’il n’y a pas de place dans notre camp pour l’intégrisme religieux, pour l’islamisme politique. C’est un ennemi de l’émancipation et de l’unité de notre classe qu’il faut combattre. Nous défendons l’unité du prolétariat et du peuple au-delà des convictions religieuses et philosophiques de chacun.e, construite par la discussion bienveillante et la lutte politique de classe. Mais nous ne comptons pas sur les gouvernements bourgeois, ambivalents et opportunistes, qui ont tous manipulé la question de la lutte contre le terrorisme à d’autres fins.

Nous dénonçons leur « laïcité » qui n’est plus, entre les mains de la bourgeoisie, qu’un instrument idéologique de construction d’une unité nationale contre une supposée menace musulmane. Nous lui opposons notre laïcité révolutionnaire pour construire l’unité des prolétaires sur leurs intérêts communs économiques, sociaux et politiques. Contre les oppressions spécifiques qu’ils subissent, contre tous les préjugés existants, tant parmi les prolétaires qu’entretenus par l’Etat. Une unité qui ne se fonde plus sur des « croyances », mais qui se forge dans la lutte des classes, contre l’exploitation et les oppressions, sur des valeurs de solidarité, de camaraderie, de fraternité et de combattivité, et sur le refus de toutes les discriminations de nationalité, de culture, de sexe ou de genre. La laïcité à l’école, cela doit être d’offrir un enseignement de qualité, scientifique et non-religieux à tous, et laisser les élèves libres d’exprimer leurs convictions philosophiques tant que cela n’oppresse personne.

Nous défendons le principe de la « laïcité révolutionnaire », pour unir le prolétariat et le peuple dans la lutte des classes contre le sectarisme religieux qui le divise. Nous nous tenons aux côtés des Musulman.e.s opprimés et stigmatisés, et défendons leurs droits démocratiques. Notre camp se construira à la fois dans la lutte contre l’islam politique réactionnaire et contre la xénophobie.

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