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Quel que soit le candidat, nous ne serons pas complices du cirque électoral !

Bulletin Partisan N°36 - Avril 2022

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Il y a d’abord celles et ceux pour lesquels on serait tentés de voter par sympathie, ou dans l’espoir qu’un président plus ou moins de gauche élu, ce serait mieux que rien.
A l’extrême-gauche, Arthaud et Poutou portent tous les deux un programme dans la tradition trotskyste, programme qui mélange confusément revendications immédiates et mesures révolutionnaires, sans jamais indiquer clairement le chemin à suivre pour réaliser les unes et les autres. Ces deux candidats appartiennent à des organisations qui, quoi qu’il arrive, ont décidé de présenter systématiquement des candidats aux élections, sans se soucier du discrédit du système politique bourgeois aux yeux des masses, quitte à ce que cela les occupe 6 mois à plein temps. « Interdire les licenciements », « réquisitionner les entreprises »... d’accord, mais ça esquive la question de qui a le pouvoir de le faire. Car il faut poser la question du renversement de la bourgeoisie. Ce n’est pas en renforçant d’abord les illusions envers ce qu’on peut obtenir sous le Capitalisme que l’on pourra ensuite plus facilement les faire tomber.

Mélenchon, lui, contient 0% de lutte de classe. Son programme revient à vouloir relancer le capitalisme par la consommation et les subventions publiques ; pas à l’affronter. Il s’attache à présenter un programme crédible selon les règles du Capitalisme, chiffré, avec des arguments qui sont censés prouver que son programme politique est compatible avec la bonne marche du Capitalisme, voir lui serait bénéfique. Au fil des élections, Mélenchon rejette un peu plus les références au mouvement ouvrier. Malgré une démarche qui se veut participative, il reste le chef, le tribun, bien éloigné de notre conception collective et modeste de la politique. Certes, dans un paysage politique où tous évoluent vers la droite, il a le mérite de revendiquer son anti-racisme et la lutte contre l’islamophobie. Mais son admiration sans borne pour Mitterrand, l’homme qui a roulé la classe ouvrière dans la farine en 1981 avec ses promesses, n’augure rien de bon si il arrive au pouvoir. On a vu ce que cela a donné avec Podemos en Espagne et Tsipras en Grèce.

Roussel, c’est le réformiste caricatural. Il se fait passer pour un prolétaire, alors qu’il est issu d’une famille de bureaucrates du PCF, journaliste et fils de journaliste. C’est le candidat "identitaire" de l’appareil du PCF et d’une partie de celui de la CGT qui veulent reprendre le leadership de la gauche à Mélenchon. On peut dire de lui qu’il est "le candidat de Droite qui veut augmenter les salaires", tellement il caresse dans le sens du poil l’idéologie chauvine, individualiste, réactionnaire inculquée par la bourgeoisie dans la classe ouvrière : le candidat des flics, des chasseurs, du nucléaire, de la Marseillaise. Roussel ne semble se soucier que de frigos bien remplis, et tant pis pour l’exploitation, le racisme, la catastrophe écologique... Bref, l’impérialisme n’est pas un problème si la classe ouvrière y trouve son compte.

Nous passerons vite sur Pécresse et Hidalgo, candidats des vieux appareils politiques de Droite et du PS. Et sur Jadot, dont on se demande ce qui le distingue de Macron. Et puis || il y a les candidats ultra-réactionnaires qui font peur, Zemmour et Le Pen au premier rang. Là, c’est le chantage au "barrage à l’extrême-droite", quitte à voter Macron ou Pécresse. Or, le vote utile, on connait, on voit ce que ça a donné depuis 2002 : l’extrême-droite continue de grossir électoralement, et tout le spectre politique reprend ses idées pour lui voler des électeurs.

Il ne faut pas se laisser embarquer par la peur. Il faut prendre un peu de recul et réfléchir.

Beaucoup s’imaginent voter pour n’importe qui capable d’empêcher un facho d’arriver au pouvoir. On voit bien ce qui se passe depuis des décennies : chaque nouveau gouvernement fait pire que le précédent. La guerre économique impose les restructurations, la misère, la précarité, le chômage, la pénibilité, etc. Et ça, quel que soit le gouvernement, celui qui arrive est pire que le précédent.

Nos camarades sans-papiers, voilà des années qu’ils se battent, et ce qu’ils ont appris, c’est qu’on ne pouvait rien attendre d’une circulaire, d’une loi, d’une règle préfectorale : il n’y a que le rapport de forces. Nos camarades ouvriers dans les usines, ils savent bien qu’aucune loi ne peut les protéger de la guerre économique mondialisée, qu’il n’y a que le combat pour l’emploi, les salaires, contre la pénibilité qui compte. Les jeunes dans les quartiers populaires, ils savent ce qu’il faut penser de la police, des lois et de la justice. Ils savent qu’il n’y a que la mobilisation qui pèse.

L’hypothèse de Le Pen ou Zemmour au pouvoir, ce n’est au final que le pire scénario de la tendance à la réaction que nous vivons. Et si cela devait se produire, la seule issue, le seul espoir, ce n’est pas un quelconque sauveur « moins pire », c’est d’en finir avec la peur, en finir avec remettre notre sort dans les mains des experts en politique qui nous sacrifieront toujours tôt ou tard.

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