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Ils démolissent nos cités !

Partisan N°240 - été 2010

Politique de la Ville, Renouvellement Urbain, Grand Projet de Ville, Plan Banlieue, les mots sont ronflants. La réalité : le 19 mai, la barre 220 du quartier de La Duchère, à Lyon, est tombée, victime de ces projets politiques qui ont pour seul but de rentabiliser l’habitat en chassant les familles ouvrières. 340 familles habitaient là il y a peu. Sur la Duchère, de 2003 à 2015, ce seront 1730 logements sociaux qui auront été détruits. Pour la moitié, c’est déjà fait. Sur 1730 démolis, seuls 350 logements sociaux seront reconstruits plus tard sur le site, et il est probable que leurs prix rendront même ceux-là difficiles d’accès. Les responsables de la Mairie PS, avec un adjoint au logement PC, ne s’en cachent pas : « L’enjeu est double, d’une part attirer de nouvelles populations économiquement moins défavorisées, et d’autre part, permettre aux résidents actuels de suivre un parcours résidentiel, notamment par l’accession à la propriété sur le site ». La cerise sur le gâteau, c’est la réflexion du maire de Lyon, Gérard Collomb, rapportée par la presse : « Aujourd’hui, les gens ont envie de venir vivre à la Duchère. Je suis sûr que dans quelques années, on parlera même des bobos de la Duchère ». Vive les bobos ? Crèvent les bobos !

Beaucoup d’amertume sur place, parmi les habitants qui étaient conviés au spectacle, selon un cérémonial bien huilé. Ils étaient nombreux et nombreuses pour dire leur tristesse de voir leurs bons souvenirs s’envoler. Car oui, pour eux, la vie avait été belle dans les barres démolies : une convivialité et une solidarité qu’ils n’ont pas retrouvée ailleurs et qu’ils en retrouveront jamais, selon leurs propos. Heureusement, des fidèles de la lutte pour le droit au logement, dont plusieurs anciens de la Coordination pour le droit au logement des immigrés, à laquelle VP a contribué (occupations de logements vides en 2005) étaient là pour contredire la parole officielle. Ils diffusaient un tract de la Confédération Syndicale des Familles (CSF) titré : « Démolition de la barre 220, une injure envers les mal-logés ! ».

La mixité sociale, c’est toujours le coeur du débat, comme ça l’était en 2005. Quand les responsables de la Mairie PS de Lyon déclarent vouloir faire baisser la part du logement social de 80% à 56, n’hésitons pas à faire le rapprochement avec les paroles, condamnées au tribunal, de Brice Hortefeux : « Un, ça va, mais les problèmes commencent quand il y en a trop ». Trop d’arabes, trop de prolos, c’est ça leur lutte contre ce qu’ils appellent les ghettos !

Non à la démolition des quartiers populaires !
La concentration de l’habitat ouvrier, travaillons à en faire un facteur de la force de notre classe !

Photo : ©SERL

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