Vous êtes dans la rubrique > Archives > Des zoos humains aux boucs émissaires : racisme d’hier, racisme (...)

Des zoos humains aux boucs émissaires : racisme d’hier, racisme d’aujourd’hui

Partisan N°240 - été 2010

C’est la crise. Et la bonne solution pour tous les gouvernements, c’est de trouver un bouc émissaire. Pour une fois, on a eu droit aux méchants spéculateurs, mais le plus souvent, ce sont les immigrés, ou les métèques comme on disait dans les années 1930...

Personne n’est dupe. Au travers du voile, de la burqa, des « maris polygames qui profitent de la Sécu », du Quick Hallal, du candidat du PS « multi-récidiviste », des « auvergnats » trop nombreux, ce sont les populations issues de l’immigration qui sont attaquées. Le fascisme tranquille se place sous la protection de la démocratie bourgeoise garante de l’unité entre tous, que l’on soit noir, blanc ou jaune. Encore une manière de camoufler les luttes sociales derrière le masque des populations inassimilables. Ceux qui contestent cela sont traités de doux agneaux innocents qui ne connaissent pas la banlieue, lieu de phantasme des bourgeois et des journalistes à la botte. Peu vont jusqu’à parler de racisme que la bourgeoisie distille et a distillée.

Au XIXème siècle, au moment de la colonisation, apparaissent des zoos humains, d’abord en Allemagne, puis dans toute l’Europe et aux USA. Bien sûr, au début, c’était sous couvert de spectacles ethnologiques. Puis, devant le succès populaire, ce sont de véritables « villages nègres » qui sillonnent les pays. On les voit durant les expositions universelles, les foires, aux Folies Bergères, etc... Des millions de personnes visitent ces zoos. Dans l’imaginaire des populations occidentales, ce sont des sauvages, des races inférieures, une sous-humanité à la limite de l’homme et de l’animal. Il y a des mises en scènes de combat. On y présente des cannibales. Une construction raciste se fait. Les noirs sont en bas de l’échelle humaine, les autres races sont intermédiaires. Ces « théories » ont le soutien des scientifiques bourgeois. La conquête coloniale est présenté comme un bienfait qui apporte la civilisation à ces peuples. Qui osera critiquer cela ? Les communistes. Durant l’exposition coloniale internationale de Vincennes en 1931, la bonne conscience bourgeoise et colonialiste attire 1 million de visiteurs. La contre-exposition « La vérité sur les colonies » du PC, de la CGT-U et des Surréalistes, 5 000 personnes. On voit qu’à la veille de la guerre, l’idée colonialiste et d’inégalité des races est majoritaire, mais chose nouvelle, elle est contestée, et la lutte pour les indépendances en Afrique vont y mettre un bémol.

Mais une idée meurt-elle spontanément avec les causes qui l’on fait naitre ?
Avec les indépendances, la bourgeoisie avait besoin du racisme pour diviser les luttes ouvrières. On le voit dans le massacre des Algériens, le 10 octobre 1961 à Paris, par de braves policiers « bons pères de famille ». Il faut dire qu’ils s’étaient fait la main sur les Juifs pendant la guerre. Peu de ces policiers refuseront ou dénonceront. On le voit aussi dans les luttes de Talbot en 1983, ou la maîtrise « européenne » raciste s’opposait violemment aux OS souvent issus de l’immigration.
S’il y a racisme, il y a aussi résistance de la classe ouvrière qui a besoin de son unité pour vaincre la bourgeoisie, ou pour simplement « résister aux empiétements du capital ». Nous devons rejeter le piège de la mise à l’écart de ceux qui pratiquent une religion. Ce qui ne veut pas dire que l’on ait rien à dire sur la religion. Dans nos banlieues, les prolétaires, quelle que soit leur origine, vivent ensemble, se mélangent (dans tous les sens du terme), espèrent une vie meilleure. La crise du capitalisme avec les licenciements, la baisse des budgets sociaux, met la question sociale au devant de la scène. La bourgeoisie le sait et va tout faire pour envenimer les rapports entre les plus anciens installés sur le territoire et les plus récents arrivés. Nous voulons construire un parti communiste, qui reprenne les meilleurs acquis de ceux qui ont lutté contre la colonisation et dénoncé le racisme des zoos humains. La violence, la crise, la misère, le repli individualiste, c’est la bourgeoisie, le système capitaliste. Ce système, c’est notre cible à détruire, de façon consciente et organisée.

Valentin

Voir aussi « Cannibale », de Didier Daeninckx

Soutenir par un don