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50 ANS DE NEO-COLONIALISME
Partisan N°240 - été 2010
Il y a 5 ans, quelques mois après la mort de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui a régné sans partage sur le Togo pendant 38 ans, des violences avaient éclaté, faisant 400 à 500 morts selon l’ONU. On avait aussi constaté, selon Amnesty International, l’attaque par des militaires des domiciles de présumés opposants avant et après le scrutin. Ils avaient été frappés à coups de gourdin ou tués par balles.
Cela n’empêche pas de bons rapports entre Sarkozy et Eyadéma. Selon le Canard Enchaîné du 6 février 2008, le président togolais Faure Eyadema, fils de son père, raconte à ses interlocuteurs français cette histoire édifiante. En marge du sommet Europe-Afrique de Lisbonne, le 08 décembre 2007, Sarkozy le reçoit dans sa chambre d’hôtel. Il veut lui parler de la concession du port autonome de Lomé, et il lui tient (selon Faure Eyadema) ce langage :
« Vous en êtes où de ce projet ? », demande Sarkozy.
Faure Eyadema : « Les procédures sont en cours ».
Sarkozy : « Bolloré est sur les rangs. Quand on est ami de la France, il faut penser aux entreprises françaises ». (Et peut être ainsi aux prochaines vacances présidentielles sur le yacht de Bolloré !)
Le port autonome de Lomé et toutes les autres ressources du Togo n’ont jamais été un outil au service du développement du pays. C’est plutôt une chasse gardée de la France et de ses entreprises. Depuis quinze ans, c’est une concurrence effrénée entre les anciennes puissances coloniales et les nouveaux venus, les USA, la Chine, l’Inde... pour exploiter l’Afrique noire. Pour mémoire, il faut souligner que ce port ainsi que bien d’autres secteurs d’activités économiques, biens familiaux pour le clan qui dirige le Togo depuis bientôt un demi siècle, ont été toujours au service de Bolloré et d’autres entreprises françaises impérialistes. La Françafrique continue. L’uranium du Niger, le manganèse du Gabon, le pétrole du Congo, sont exploités par des sociétés françaises. Qui a le pouvoir effectif dans ces pays ? La France a octroyé l’indépendance à une bourgeoisie compradore, une bourgeoisie hostile à une réelle indépendance de ces pays. On voit avec le cas de Eyadéma, père et fils, ce qu’est l’indépendance pour cette classe. Comme le dit Samir Amin [1]
: « Les paysanneries ont été progressivement marginalisées dans les blocs historiques au pouvoir, au bénéfice de classes dirigeantes - et parfois moyennes nouvelles -, aspirant à s’ériger en maîtres absolus du pouvoir local, appelé de ce fait à faire remplir aux formes dégénérées de l’État les fonctions d’un État compradore. »
En ce sens, le Sommet de Nice ou la présence de bataillons africains le 14 juillet sont plus le maintien de l’impérialisme que la célébration d’indépendances. L’indépendance économique n’existe pas, le franc CFA est dans les mains du Trésor français, l’indépendance alimentaire non plus. Samir Amin fait remarquer que « les pays les plus industrialisés sont aussi ceux dont l’agriculture et la production alimentaire sont les plus efficaces. » Pourquoi l’Afrique serait-elle une terre agricole, vouée aux famines, alors que l’Afrique a aussi besoin de machines de transports, de routes correctes, etc... Ni le colonialisme ni l’impérialisme libéral n’ont permis à l’Afrique de s’industrialiser. Avant c’était une chasse gardée des impérialistes français et autres pour y écouler leurs marchandises. La bourgeoisie compradore mise en place par les impérialistes ramasse sa part du pillage et place son argent en Europe. Industrialiser le pays, c’est le risque de créer une classe ouvrière qui exigerait une véritable indépendance, c’est aussi créer une nouvelle concurrence aux produits occidentaux. Alors, il vaut mieux le pillage des ressources des pays, les guerres d’influences, la misère et les ONG, qui font tellement chaud au cœur de nos bourgeois. Comme l’a dit Sarkozy, dans une faculté à Dakar en juillet 2007, « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez rentré dans l’histoire. » On ne peut mépriser plus les peuples d’Afrique, pour qui le début de l’histoire serait l’apparition des colons esclavagistes.
La solution est politique, pas humanitaire.
Les peuples d’Afrique doivent s’unir afin de mettre dehors les impérialistes, en particulier français. Nous les soutenons dans cette lutte. Les travailleurs d’Afrique doivent prendre leur avenir en main, pour cela construire les partis communistes et les organisations dont ils ont besoin. Notre organisation se doit de les soutenir.

