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Aides ménagères à domicile

Partisan N°236 - Mars 2010

Femmes de ménage, ouvrières de nettoyage industriel, aides ménagères à domicile : ces prolos du ménage sont, avec le développement de l’aide à la personne, très nombreuses aujourd’hui. Elles sont très atomisées, et ignorées des organisations prétendument ouvrières dont peu même parlent de leur travail, sinon avec le mépris habituel dont elles sont l’objet.
Tout particulièrement, les aides ménagères à domicile ont un métier très pénible, très ingrat, très peu payé, 800 à 900 euros net par mois maximum. Travail en dent de scie, très peu sûr. On peut perdre des clients du jour au lendemain. Si c’est des « petits », ça va, mais quand c’est des « gros », c’est la misère assurée. L’accession aux ANPE ou aux paiements des indemnités de chômage est inextricable. Aussi préfère-t-on se chercher soi-même de nouveaux clients, payer pour faire paraître des petites annonces dans les journaux.

Quand on est en arrêt maladie, avec tous ces employeurs, c’est la croix et la bannière auprès de la Sécu pour toucher des demi-salaires. Il n’y a jamais de primes, pratiquement jamais de jours fériés payés, sauf le 1er mai. Si un client s’absente, même sans prévenir, les heures ne sont pas payées. Les trajets en voiture ou en bus pour aller d’un client à l’autre coûtent cher, sans compter le stress qu’ils occasionnent dans des villes constamment bloquées par des bouchons et où on ne trouve aucune place pour se garer. Bien sûr, ces heures interminables ainsi perdues ne sont pas payées, et elles augmentent considérablement l’amplitude du temps réel passé au travail.
On pourrait aussi parler de la difficulté à prendre les congés lorsqu’on a une douzaine de maisons à faire par semaine, avec, forcément, des clients qui ne partent pas tous ensemble en congé, et qui, souvent, ne veulent pas non plus de remplaçant... Et l’envoi des attestations CESU s’avère être un pénible parcours du combattant. Que de réclamations et de coups de téléphone, que de patience, de temps perdu, d’énervement... Quant aux retraites, il vaut mieux ne même pas en parler. Tout cela n’est qu’un tout petit aperçu de la condition de ces femmes ouvrières de ménage.

Ce qui manque, c’est la vraie entraide ouvrière, la solidarité, ne serait-ce souvent que pour connaître ses droits, savoir remplir un dossier, et tout simplement se rencontrer, entre ouvriers, pour se parler en toute camaraderie, ce que pratiquement le syndicat ne veut pas faire. Ma femme est restée syndiquée plus de 20 ans. La seule chose qu’ils ont su faire, c’est le prélèvement automatique sur son compte pour payer les cotisations. Quand elle a eu besoin d’être défendue, ils n’ont rien fait. Il a fallu que ce soit un militant d’une autre corporation, un électricien, et moi-même, ancien syndicaliste, qui s’en occupent. Elle ne pouvait jamais avoir ni ses timbres, ni même le journal que tous les adhérents doivent pourtant recevoir. Jamais une information sur quoi que ce soit. Jamais une réunion. Jamais, lors des manifestations, de consigne à y participer, encore moins de point précis où rejoindre, dans le cortège, le groupe représentant la corporation. Quand elle leur demandait, on lui répondait qu’elle pouvait se mettre là où elle voulait. Tous les événements que ma femme a vécus lors de toutes ces années où elle fut syndiquée laissent à penser que ces dirigeants étaient non seulement acquis à la collaboration de classe, mais, pire encore, partisans de la soumission pure et simple.

Ce serait bien de pouvoir organiser, là où c’est possible, des rencontres régulières, même en très petit comité, avec des camarades prolos qui veulent s’entraider, débattre, résister, s’organiser, mais de manière entièrement libre, surtout au niveau de la prise de parole. Dans certaines réunions de simili communistes de diverses tendances, on ne peut jamais vraiment parler. Les intellos et les dirigeants arrivent toujours à faire taire tout le monde d’une manière ou d’une autre, ce que je considère comme profondément réactionnaire. Par toutes les astuces verbales possibles, ils veulent souvent avoir raison à tout prix. Ce n’est pas admissible. Surtout pour les femmes qui ont, elles, encore beaucoup à faire pour être à égalité avec les hommes, surtout si elles sont ouvrières et femmes ouvrières de ménage.
Je n’ai, bien sûr, rien contre les intellectuels, qui sont aussi membres de la classe travailleuse, mais pour moi, au sein de l’organisation prolétarienne, ils sont au même titre que les ouvriers du rang, ni plus ni moins. Sinon, il n’y a plus d’égalité, et le système de l’exploitation des uns par les autres continue...

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