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Santé et sécurité ? Pénibilité et exploitation !

Au travail, on est de plus en plus entourés par les consignes de sécurité. D’un côté, on ne va pas se plaindre, c’est toujours ça de pris, les EPI, les procédures de sécurité, les conseils. Tout ça, ce sont quand même des armes face aux abus des chefs, qu’on peut leur brandir au nez quand ils vont trop loin, quand ils veulent nous faire faire des choses aberrantes du point de vue de notre sécurité. Par rapport aux débuts de l’exploitation capitaliste, la sécurité au travail, c’est vrai, s’est globalement améliorée. Et ça, c’est nous qui l’avons obtenu, ça n’a pas été gentiment concédé par le patron, malgré ce que peuvent dire les DRH et les responsables SST dans leur propagande.

Sécurité et exploitation : inconciliables !

Mais d’un autre côté, on en a parfois un peu ras-le-bol de toutes ces règles : elles sont censées nous protéger, mais on les ressent comme des contraintes supplémentaires, comme un peu plus de contrôle sur nos vies. Et parfois, franchement, elles nous emmerdent : les masques qui nous font suffoquer, tous les accessoires qui mettent deux plombes à enfiler. En plus, les gens du service SST tapent sur les nerfs à nous faire la leçon : sur le fond, ils n’ont pas forcément tort, mais leur manière légèrement condescendante de nous expliquer ce qu’il faut faire… pour ensuite retourner poser leurs fesses dans leur bureau.

 

Mais généralement, ce ne sont pas les pires. Ce sont souvent ceux qui ont le plus d’illusions sur la capacité à concilier l’inconciliable : d’un côté l’augmentation de la productivité, des cadences, les horaires toujours plus pourris, en fait toujours plus de risques pour la santé, et de l’autre des règles de sécurité toujours plus nombreuses et précises, comme si les secondes pouvaient contrebalancer les premières. Mais c’est perdu d’avance. Adopter les bonnes positions pour soulever des charges ne protège pas de la lombalgie lorsqu’on a passé 10 ans à porter chaque jour une tonne de marchandise. Le rythme de travail que l’exploitation nous impose n’est pas naturel, n’est pas adapté à la constitution physique de l’homme, et aucun plan de prévention des risques ne pourra effacer ça.

Des risques inutiles

Le plus simple, pour éviter des accidents, ce serait de supprimer carrément les risques, plutôt que d’édicter des règles pour se protéger dans des situations dangereuses. Logique, non ? Supprimer le travail à la chaîne, rien de plus efficace contre les troubles musculo-squelettiques. Interdire le travail en horaires décalés, rien de mieux contre les troubles du sommeil. Plus de travail sous tension sur les ouvrages électriques, et (presque) fini les coups de jus. Donc, toutes ces règlements de sécurité sont absurdes dans une certaine mesure : non pas parce qu’on serait trop protégés (on ne l’est jamais trop !), mais parce qu’une partie d’entre elles ne sont justifiées que parce qu’on nous fait prendre des risques inutiles.

 

La pénibilité, c’est la manifestation physique de l’extraction de la plus-value. En nous ruinant la santé, le Capital nous prend quelque chose que nos salaires ne pourront jamais compenser, il prend plus qu’il ne redonne. Nos syndicats n’ont pas dit grand chose là-dessus, se taisant bien souvent sur l’organisation du travail capitaliste, alors que c’est elle qui génère tous ces maux. La stratégie réformiste, c’est avant tout d’exiger des augmentations de salaire, justifiées par l’augmentation de la productivité du travail : mais augmentation de la productivité, ça signifie bien souvent augmentation de la pénibilité pour l’ouvrière et l’ouvrier !

Ne plus risquer sa vie à la gagner

Alors, même si elles peuvent parfois nous casser les pieds, même si ça nous fait passer pour des « mauviettes », il faut se battre pour faire respecter les consignes de sécurité. Contre les chefs, mais aussi contre nos propres collègues, qui parfois ne veulent pas en entendre parler. Parce qu’à partir du moment où la boîte peut dire que nous étions prévenus et formés, que nous avons nous-mêmes ignoré les règles de sécurité, elle s’en lavera les mains s’il nous arrive quelque chose. Une bonne chose également, c’est de passer son diplôme de SST, et d’exiger de l’entreprise qu’elle le fasse passer à un maximum de monde : la solidarité ouvrière, c’est aussi le devoir de venir en aide à un collègue accidenté.

 

En terme d’action collective, les syndicalistes communistes doivent s’investir dans les CHSCT. Déjà, on y rencontre moins l’inconvénient gestionnaire des CE. Même si le patronat et la Gauche ont essayés d’en faire des lieux de consensus (« on a tous intérêt à moins d’accidents »), la santé au travail est un des sujets les plus chauds de la lutte de classe. Et dans les entreprises, il y a tellement de règles de sécurité non appliquées (souvent les plus improbables, dont on ne se doute même pas de l’existence), que des militants motivés peuvent facilement trouver des arguments pour casser les pieds de la direction dans ce domaine. Enfin, les CHSCT sont le lieu où on peut contester ce qui constitue l’âme du capitalisme : le rapport social entre l’exploiteur et l’exploité. La pénibilité, les horaires, la répartition du travail, sont autant de sujet d’agitation syndicale mais aussi politique à travers lesquels on peut remettre en cause l’organisation capitaliste de la production, à travers son application concrète dans l’entreprise.

 


- EPI : Equipements de protection individuelle
- DRH : Directions des relations humaines
- SST : Sauveteur Secouriste du Travail
- CHSCT : Comités d’hygiène, de sécurité, et des conditions de travail

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