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Offensive d’extrême-droite contre l’éducation à l’égalité

Farida Belghoul de Egalité et réconciliation,association créée par Alain Soral, intellectuel d’extrême-droite, a lancé une campagne contre ce qu’elle dit être l’introduction de « la théorie du genre » dans les écoles. Cette campagne est menée par un réseau de militants de cette mouvance. Elle est relayée par Facebook et les réseaux sociaux. Elle appelle à ce qu’un jour par mois, les parents n’envoient pas leurs enfants à l’école en invoquant leur refus de voir cette théorie y être développée. Lundi 27 janvier, dans certains quartiers, cette mobilisation a eu un impact, comme à Meaux où 20 % des enfants du primaire dans les quartiers Zup étaient absents. En France, cent écoles auraient été touchées. Mais le soufflé parait maintenant retomber.
L’Education nationale a décidé d’introduire dans les écoles primaires un enseignement à l’égalité entre filles et garçons et contre les préjugés, entre autres homophobes. Cette volonté se fonde sur le fait que les rôles attribués aux garçons et aux filles, de même que les orientations sexuelles, ne découlent pas de leur sexe biologique, mais de l’éducation et de normes sociales. Contrairement aux affirmations de Farida Belgoul, il n’y a pas de « théorie du genre », mais des études historiques, sociales et anthropologiques qui établissent comment chaque société façonne « l’homme » et la « femme ». Ainsi les genres masculin ou féminin sont« l’ensemble des attributs qu’une société attache aux individus selon qu’ils sont homme ou femme à la naissance ». C’est une avancée qui est le fruit de décennies de luttes pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Pour nous, communistes, l’école reflète les inégalités de la société, et reproduit la division du travail et la division sexuelle des rôles. Nous soutenons les enseignants et enseignantes qui se battent au quotidien pour émanciper dans la mesure du possible les enfants.

 

La société bourgeoise, comme celles qui l’ont précédée, attribue aux hommes les qualités de force de caractère, de courage, de maîtrise de soi, de rationalité. Par contre, elle dit les femmes faibles, craintives et soumises, émotives et guidées par les sentiments plus que par la raison. Alors, dès le plus jeune age, filles et garçons sont éduqués selon ces stéréotypes et les reproduisent. Quand un jeune garçon tombe et pleure, on peut lui dire « Ne pleure pas comme une fille ». Il joue aux voitures, pas à la poupée. Le garçon doit imiter le père, et la fille la mère. Et derrière ces attributs se masque un rapport de pouvoir, car suivant ce qu’on attribue aux hommes et aux femmes, il en découle une hiérarchie et une division sexuelle du travail et de la place dans la société.

Puisque les hommes sont rationnels, on les oriente vers des sciences, et les filles forcément plus émotives, vers la littérature et la psychologie. Comme les garçons sont maîtres d’eux-mêmes, ils sont donc « naturellement » des chefs en politique, à l’usine et dans la famille, et les femmes des dominées que les hommes doivent protéger…. Au lecteur de trouver d’autres exemples.
L’ambition de l’Education nationale est semble-t-il de lutter contre ces préjugés dans les écoles, en essayant de les mettre en discussion dans les jeux, comme dans les contes pour enfants. Egalité et Réconciliation, appuyée par les réactions religieuses chrétiennes et musulmanes, s’oppose à cette éducation. Pour ces courants, les caractères des hommes et des femmes sont naturels, déterminés par leur sexe biologique. « Ils naissent fille ou garçon, comme Dieu l’a voulu ». Les déviants, les homosexuels, sont donc des « malades » ou des démons.
La campagne se mène sur des rumeurs exprimant ces préjugés réactionnaires. La rumeur se répand d’autant plus facilement que les mesures envisagées par le PS l’ont été sans préparation ni des enseignants, ni des parents. A Meaux, autour de l’école où le boycott a été de 40 %, des affiches ont été collées disant « Demain, tu seras une femme, mon fils ». Affirmation exprimant que pour la réaction, l’état de femme est infâmant, inférieur, comme l’est aussi celui d’homosexuel.
Au-delà de l’école, l’enjeu est donc la place qu’ont les hommes et les femmes dans la société, quelle que soit leur orientation sexuelle. La réaction défend la domination masculine, comme naturelle, ou voulue par Dieu. Ainsi il serait naturel qu’en toute chose le mâle hétérosexuel soit dominant, que la femme soit vouée à la vaisselle, à changer les couches des gosses, et obéisse sans sourciller à son mari… qu’au travail elle soit moins payée que les hommes et cantonnée dans des tâches d’exécution. Que les homosexuels, « malades », soient à l’asile. Voilà le projet de société que proposent ces réactionnaires.
Communistes, nous pensons que les qualités attribuées aux hommes et aux femmes sont façonnées par la société bourgeoise. Nous affirmons que la société pour laquelle nous combattons, n’établira pas de norme répressive en matière sexuelle. Sous réserve que ces relations s’établissent entre individus libres et autonomes, et en proscrivant sous couvert de liberté sexuelle l’exploitation par des adultes de la vulnérabilité des enfants. Il n’y aura pas de relations libres et autonomes entre hommes et femmes si ces dernières sont opprimées et cantonnées à des places sociales inférieures. Nous pensons surtout qu’en s’attachant à éliminer les inégalités et les préjugés et à développer l’égalité entre tous, la lutte révolutionnaire permettra le libre développement des individus, selon leurs possibilités intellectuelles et leurs aspirations, et leur prise en mains collective de la lutte pour une société sans exploitation ni domination.

 

GF

 


- 1) Maurice Godelier, anthropologique.

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