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Valls : Un gouvernement de « combat »… pour faire la guerre aux exploités et aux peuples !

Editorial de Partisan N°274 - Mai 2014

Le gouvernement de Valls est, selon lui, un gouvernement de « combat ». Pour qui et contre qui ? Beaucoup de travailleurs ne se font guère d’illusions. Depuis longtemps, gouvernement après gouvernement, les attaques se font plus rudes contre nous. Ils s’emploient toujours à satisfaire les exigences du capital et n’offrent aux exploités que la promesse d’un avenir meilleur… quand l’économie aura été remise sur les rails grâce aux sacrifices qui nous sont imposés. Depuis 40 ans, c’est toujours pour demain !

 

Le 12 avril, de 25 000 à 100 000 personnes ont défilé à Paris, à l’appel du Front de gauche et du NPA, pour dire « Non à l’austérité », contre le gouvernement, mais aussi pour lui imposer « une vraie politique de gauche ». Pour le pousser à faire un « autre partage des richesses ».

Une « vraie politique de gauche », c’est quoi ?

Le problème n’est pas que le gouvernement PS serait un gouvernement de gauche qui ferait une politique de droite, par impuissance ou servilité face aux « marchés financiers » ou à « l’Europe ». Le problème est que ce gouvernement, comme le précédent, est un gouvernement du capital, qui fait la politique du capital. Et en période de crise, faire la politique du capital, c’est soutenir les profits en s’attaquant aux salaires, directs ou indirects, aux prestations sociales, aux conditions d’accès aux soins, à l’éducation… Faire la politique du capital, c’est faire la politique de ceux qui ont le pouvoir, le pouvoir économique, et par là même le pouvoir politique. Et ce pouvoir ne se brise pas par une manifestation, ou en envoyant au parlement une majorité de gauche, ou « à la gauche de la gauche », mais en faisant une révolution. Les travailleurs doivent s’emparer de tous les pouvoirs politiques et économiques, et organiser la société selon d’autres règles, et pas selon la loi du profit.

 

Mais ceux qui ont appelé à cette manifestation, et qui nous appelleront aux prochaines élections européennes à voter « pour une autre Europe », ne peuvent le dire. Ils nous appellent donc à « une autre répartition des richesses », sous-entendu entre les capitalistes et les exploités, comme si pour répartir, il ne fallait pas avoir le pouvoir sur toute la richesse produite.

 

Qu’ils soient sincères ou pas dans leurs illusions de réforme du capitalisme en crise, n’a au fond guère d’importance. Ils ne peuvent pas reconnaître qu’il n’y a d’issue que dans une révolution et d’autre perspective pour les exploités que de la préparer. Le faire serait admettre que toutes leurs mobilisations électorales, toutes leurs combinaisons politiques, ne sont que des agitations sans débouché. Ils ne peuvent y gagner que quelques postes, pour eux-mêmes, et leur intégration à l’appareil d’Etat bourgeois. Ils ne peuvent pas non plus admettre que si, par miracle, ils gagnaient une majorité au parlement, ils ne pourraient faire guère mieux que le PS : appliquer la politique du capital, et trahir leurs promesses !

 

La campagne européenne va commencer. Les listes sont prêtes. Le Front de gauche a réussi à recoller les morceaux du PS et du PC. Le NPA aurait bien voulu en être. Mais c’était trop tard. Cette « gauche de la gauche » va faire campagne pour « une autre Europe ». « Une Europe de la solidarité », « non soumise aux marchés financiers ». Une Europe « respectueuse des Etats ». Mais ce qui est vrai pour chaque nation, l’est pour toute l’Europe. Une Europe respectueuse des travailleurs, ce ne peut être qu’une Europe « sans patrons », une Europe dirigée par les exploités. Sans cela l’Europe ne peut être que celle de la concurrence, de l’exploitation, de la fermeture des frontières aux hommes, et celle de la libre circulation des capitaux.

La France ? Non, l’impérialisme français !

Ce gouvernement de combat ne l’est pas uniquement contre nous ! Il l’est contre les peuples du monde. Partout où il défend les intérêts de l’impérialisme français, en intervenant militairement ou en soutenant les bourgeois ou régimes qui peuvent le servir. Il y a 40 ans, Mitterrand et un gouvernement de droite n’avaient pas hésité à soutenir le régime rwandais génocidaire, pour contrer le FPR, trop lié aux USA. Aujourd’hui le Président Hollande envoie des troupes au Mali et en Centrafrique, non pour le bien de leurs peuples dont la situation sécuritaire et économique ne s’est guère améliorée, mais pour les intérêts de la France, menacés par les USA ou la Chine. L’instabilité dans ces pays a été entretenue depuis leur indépendance par la France, qui n’hésitait jamais à organiser les coups d’Etat pour assurer la sauvegarde de ses intérêts.

 

Ce gouvernement de combat ne va pas relâcher la pression sur les pays, qui, comme la Grèce, se sont endettés auprès des banques françaises. Il n’hésitera pas plus à soutenir, dans les soulèvements populaires comme en Syrie et Ukraine, des forces nationalistes réactionnaires contre ses concurrents russe ou chinois. Les impérialistes, français ou autres, n’ont pas d’amis, que des intérêts. En Palestine, il se dit soucieux des « droits des Palestiniens », mais apporte un soutien sans faille au sionisme qui les écrase. En Syrie l’opposition armée au régime recule, et le régime de Bachar regagne du terrain. En Ukraine, la Russie fait monter les enchères. N’en doutons pas si les « peuples » que le gouvernement français dit soutenir sont écrasés, dans quelques années, si les affaires l’exigent, leurs oppresseurs redeviendront des amis de la France, comme l’était Bachar ou Poutine, il y a quelques années.

 

Les peuples ne peuvent compter que sur les autres peuples, les exploités sur les autres exploités. Il faut pour cela nous détourner du chauvinisme, pour mettre en avant nos intérêts communs contre l’impérialisme et le capitalisme mondial. A la sainte alliance des capitalistes, opposons l’internationalisme de combat des exploités, pour la libération nationale des peuples opprimés, pour la libération sociale de tous les exploités, pour construire la voie de la révolution mondiale.

Exploités du monde, contre les semeurs d’illusions, prenons l’avenir entre nos mains !

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