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Ukraine : vers la guerre civile ?
Partisan N°275 - Juin 2014
L’Ukraine glisse chaque jour un peu plus sur une pente dont on espère qu’elle ne la mènera pas à des évènements encore plus dramatiques pour son peuple. Le pays traverse une crise aiguë, qui semble le mener tout droit vers la guerre civile.
Il y a d’abord la contradiction entre la nation ukrainienne et les puissances impérialistes et expansionnistes étrangères : Russie, USA, Union européenne. Ensuite, les contradictions entre ces puissances entre elles. Enfin, les contradictions internes à l’Ukraine. L’Ukraine traverse une période où son histoire s’accélère. L’instabilité est permanente, ces contradictions évoluent de jour en jour et ont atteint un degré aigu d’antagonisme. Celles au premier plan aujourd’hui ne le seront pas forcément demain.
Le gouvernement central est constitué d’une coalition de groupes pro-impérialistes et fascistes, qui n’a pas de légitimité et a donc du mal à se faire obéir. Par ailleurs, il semble hésiter à réprimer franchement les séparatistes, sûrement par crainte d’une invasion russe dont il sait qu’il sortira défait. A l’est, des séparatistes ont formé une « République populaire du Donetsk », qui malgré son nom, n’est manifestement que le paravent d’un groupe paramilitaire putschiste qui mélange nationalisme russe et nostalgie du social-impérialisme soviétique.
En Europe et aux USA, un certain nombre d’organisations de gauche s’appuient sur une position prétendument anti-impérialiste pour soutenir l’expansionnisme russe. Ils partent d’une idée juste, selon laquelle notre propre impérialisme est notre ennemi principal. Effectivement, en tant que ommunistes en France, nous devons cibler principalement les ingérences de notre impérialisme « bleu-blanc-rouge » dans cette affaire et souhaiter son échec. Mais souhaiter la défaite de son impérialisme, ça n’est pas la même chose que souhaiter la victoire de ses concurrents, en l’occurrence l’expansionnisme russe. Cette dernière position n’est qu’un relent de nostalgie du social-impérialisme soviétique, qui voudrait voir dans la Russie actuelle une digne héritière de l’URSS de Lénine. Ils n’hésitent pas à citer abondamment ce dernier pour se justifier, mais ils oublient une chose : si Lénine et les bolchéviks souhaitaient avant toute chose la défaite de la Russie tsariste dans la guerre, ils n’ont pas pour autant appelé à soutenir l’Allemagne !
La gauche ukrainienne est partagée. Les anarchistes et trotskistes locaux veulent faire croire qu’ils pourraient disputer la direction du mouvement de Maïdan aux réactionnaires pour lui donner une orientation progressiste, mais la réalité va dans le sens inverse. Le Parti communiste d’Ukraine, révisionniste, est totalement aligné sur l’expansionnisme russe.
Le groupe « Borotba » a beaucoup fait débat ces derniers temps. Il a, en paroles, la position la plus correcte, rejetant aussi bien les impérialistes occidentaux que russes. Mais il semble avoir décidé de former un front avec les courants pro-russes, ou au moins certains d’entre eux, considérant que la lutte contre le gouvernement de Kiev et les groupes fascistes nationalistes ukrainiens le justifie. Reste à voir ce qu’il en est exactement.
Dans tous les cas, notre position reste intransigeante sur le principal : refus de toute ingérence impérialiste en Ukraine, et notamment de l’impérialisme français. Pour nos tâches positives, reste à mener une enquête plus approfondie sur les différentes forces politiques sur place qui pourraient avoir notre soutien : mais pour l’instant, rien n’est sûr.
