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Seita Carquefou (44) : « Merde au gouvernement, vive la révolution »

Partisan N°276 - été 2014

A Carquefou, près de Nantes, plus de 300 travailleurs et travailleuses sont jetés sur le carreau par le géant du tabac Imperial Tobacco. Ils sont entrés dans la bagarre et débattent maintenant de comment lutter. Nous avons rencontré des militants SUD début juin pour leur poser quelques questions, et leur apporter la solidarité de Voie Prolétarienne.

Partisan. Peux-tu reprendre le fil des événements ?
- Depuis la fin mars, la rumeur court d’une restructuration dans le groupe Imperial Tobacco. La fermeture est annoncée le 15 avril, avec le centre de recherche de Bergerac et l’usine de production de Nottingham en Angleterre (600 postes).
Le secteur du tabac est partagé entre 3 ou 4 leaders mondiaux. Les concurrents font de même : 1000 emplois ont été supprimés récemment en Hollande. A Carquefou, 327 postes seraient détruits mais il faut ajouter ceux du resto d’entreprise, le nettoyage, la sous-traitance, … en tout 1000 emplois indirects.

- Comment s’organise la riposte ?
- Un rassemblement est déjà organisé devant l’entreprise, suivi d’une marche pour l’emploi. Cette initiative avait pour but d’associer dans un même combat tous ceux qui sont en première ligne dans la défense de l’emploi. L’UL CGT est intervenue dans les entreprises pour mobiliser. Mais nous n’avons pas réussi aussi bien que nous voulions à coordonner. Dans l’entreprise juste à côté, Trelleborg (composants automobile), ils étaient 1000 il y a deux ans. Après les derniers licenciements prévus, ils passeraient à 100 ! Certains craignent encore de s’exposer en luttant.
Des cadres ont été retenus à la boîte 2 jours. Enfin nous avons manifesté avec le soutien des bonnets rouges.
Tous les élus, des mairies jusqu’aux représentants du « redressement productif », ont été appelés, mais nous n’attendons aucune réponse réelle de leur part. Le meilleur appui, c’est encore de se lier avec les travailleurs qui sont dans la même galère que nous.

- Quelles sont aujourd’hui vos revendications ?
La direction n’a pas encore annoncé le contenu du PSE. Mais le PSE promet le minimum légal. Pour nous, ce sera non. Pour l’instant, nous en sommes à nous bagarrer pour organiser des réunions d’information, obtenir une salle… Nous avons quand même fait monter la pression en installant notre QG dans l’entreprise, et en protégeant un véritable trésor de guerre : une pyramide de cartouches de clopes !
A Nottingham, un PSE est déjà négocié avec 400€ de prime à la production par mois... Ils veulent nous forcer à la reprise du travail. Cette semaine, ils ont fermé l’entreprise et ils annoncent déjà des sanctions disciplinaires jusqu’au licenciement contre des copains !
En tant qu’ex-intérimaire, je suis déjà aux prud’hommes, avec d’autres, parce qu’ils obligeaient les gens à bosser des années dans la précarité. Avant d’être embauchée, j’ai passé 5 ans en intérim, certains 8 ou 9 ans. Le délibéré était attendu avant la fermeture, mais il a été repoussé à après. Je les vois magouiller pour nous empêcher d’obtenir nos droits, si peu d’ailleurs par rapport à tout leur fric !

- Sympa la grande banderole sur la route : « Merde au gouvernement, vive la révolution » ! Qu’est-ce que vous mettez derrière ?
- Des gars sont allés accrocher cette banderole. Ils envoient un message direct aux dirigeants politiques : on n’attend rien d’eux. On sait d’avance qu’ils se serviront de la campagne anti-tabac comme d’un prétexte pour ne pas soutenir les emplois à Seita. Mais la ficelle est trop grosse ! Ils ne soutiennent pas plus les travailleurs dans les autres entreprises ! On ne soutient pas le tabac, mais on lutte pour nos emplois !
La révolution, oui, c’est un peu utopique, mais ça fait plaisir de l’afficher !

 

Aucun prolétaire n’est épargné par la pression permanente sur les conditions de vie et l’emploi. La conscience de cette situation progresse, et avec elle le besoin de mettre au clair nos axes revendicatifs. Non à toute suppression d’emploi ! Non à la répression ! Faisons vivre la solidarité de classe ! Travailler tous, moins, autrement !

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