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Redécoupage des régions : pour qui, pour quoi ?

Partisan N°276 - été 2014

La proposition de nouveau découpage régional est un nouvel exemple de la manière de comment fonctionne la Ve République : le président et le premier ministre décident, le conseil des ministres endosse sans broncher, sur conseils d’un cercle de technocrates obscurs, et le parlement n’a plus qu’à approuver ce qu’on lui met dans l’assiette. L’actuel découpage est lui-même une création bureaucratique. L’énarque chargé de le dessiner l’a fait sur un coin de son bureau avec des calques et des crayons de couleurs.

Une décision bureaucratique

La réforme territoriale tombe toute ficelée d’en haut : Hollande et Valls ont déjà décidé du nouveau découpage des régions, sans demander leur avis aux habitants. On ne comprend pas vraiment ce qui a poussé à regrouper ensemble le Limousin, le Poitou-Charentes et le Centre, et le gouvernement ne semble même pas tenu de donner des raisons. Il semble que, jusqu’à la dernière minute, Hollande se soit laissé influencé par les coups de pression de tel ou tel député ou président de région : au final, cela donne une nouvelle carte totalement éclectique, sans cohérence apparente.

Renforcer la domination des métropoles

Le découpage régional délimite d’abord l’aire d’influence des métropoles régionales sur un « arrière-pays », dans un rapport de subordination de la campagne à la ville. Sous Clémenceau, en fonction des intérêts des chambres de commerce ; sous Vichy, pour assurer le ravitaillement des grands centres urbains ; sous la Ve République pour aider à la déconcentration des fonctions de direction du capitalisme français de la région parisienne vers Lyon ou Toulouse. Le but du nouveau découpage, avec des régions moins nombreuses mais plus grandes, est également d’accélérer la concentration du pouvoir économique et politique décentralisé dans une poignée de grandes métropoles régionales. Celles-ci sont aussi en concurrence les unes avec les autres.

Des économies sur notre dos

L’idée qui plane depuis plusieurs années, sous couvert de « simplification administrative », est de faire faire des économies à l’Etat, la réduction du nombre de régions accompagnant la réduction très importante des dotations d’Etat aux collectivités territoriales. Au final, ce sera bien sûr le peuple et le prolétariat qui en pâtira. Les effets de la décentralisation, in fine, c’est toujours nous qui les avons subis au quotidien : depuis que les Conseils généraux sont en charge des collèges, leurs cantines sont encore plus mauvaises et les manuels scolaires de moins en moins en bon état. La décentralisation de l’Etat français ne signifie pas plus de démocratie locale, mais un renforcement des politiciens bourgeois locaux et de nouvelles attaques contre les conditions de vie du peuple.

Et la volonté populaire ?

Le découpage pressenti ignore certaines revendications populaires de longue date, comme le rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne. Le point de départ de tout regroupement régional, cela devrait pourtant être la volonté populaire. Sans croire qu’un « bon » découpage régional ou une simplification administrative de l’Etat serait le début d’une solution à nos problèmes, il y a dans le redécoupage des régions une part d’enjeu démocratique. Nous soutenons donc les mouvements qui réclament des référendums locaux pour laisser à la population l’occasion de choisir la région dans laquelle elle veut vivre.

Quelle décentralisation voulons-nous ?

Les communistes révolutionnaires veulent la « libre association des travailleurs » dans tous les domaines, dont celui des territoires. Dans une société socialiste, nous choisirons par le débat et la démocratie à la base, comment nous organiserons notre pays. Et cela aura pour objectif un développement harmonieux et égalitaire de toutes les régions, en combattant la domination politique et économique exorbitante des métropoles, en premier lieu de la métropole parisienne, sur le reste du pays. Cette domination n’est que le reflet dans l’espace de la domination de la bourgeoisie impérialiste sur la société, dont Paris est le quartier général. La société devra veiller à réduire les écarts de développement entre les régions, pour permettre à leurs habitants de « rester vivre et travailler au pays », sans avoir besoin de partir loin de chez eux pour trouver du travail ou pour faire des études. Cette décentralisation sera la seule véritable.

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