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Moulins Maurel : on se bat pour qui, pour quoi ?

Il y avait samedi 23 août une soirée de soutien à la lutte des Moulins Maurel à Marseille, contre la fermeture par le groupe Nutrixo. Après l’ouvrier des Moulins, c’est un camarade du collectif de soutien qui a défendu la cause des licenciés. Mais qu’est-ce qu’il nous a appelé à défendre ? La souveraineté alimentaire, en tant que citoyen.

 

La souveraineté alimentaire ! La boite est fermée et occupée, Nutrixo refuse le repreneur, les gars se battent pour garder leur emploi, mais il faudrait les soutenir pour défendre la souveraineté alimentaire de la France, car « la farine, le pain, ça fait partie de l’alimentation de tout le monde ». La souveraineté !

 

Quand on est ouvrier, on n’a aucune souveraineté, la bourgeoisie, les patrons, prennent toutes les décisions importantes qui décident de nos vies. On peut se battre contre leurs décisions et obtenir quelques victoires, mais tant que la classe ouvrière n’aura pas le pouvoir et rompra avec toute la logique capitaliste, elle n’aura aucune vraie souveraineté. Si elle s’associe à sa propre bourgeoisie pour partager des choix avec elle (la souveraineté alimentaire, la défense nationale, l’économie nationale..., la liste est longue de ce que les Sarkozy et Hollande nous appellent à défendre ensemble). Seul un parti communiste, qui défendrait justement ses intérêts de classe contre ceux de la bourgeoisie, lui permettrait de gagner un peu de souveraineté... politique !

 

Certains diront : la souveraineté alimentaire, le capitalisme s’en fout, la défendre, c’est justement aller contre sa logique qui n’est que celle du profit immédiat. D’abord, c’est faux, l’équilibre de la balance du commerce extérieur, toutes les bourgeoisies gestionnaires s’en occupent. C’est la logique du profit qui explique la fermeture des Moulins Maurel, et qu’il faut combattre et vaincre, et cela n’a rien à voir avec un abandon de la souveraineté alimentaire. D’ailleurs le capitaliste qui se pose en repreneur (ironiquement, c’est un Algérien), le fait lui aussi pour faire des profits et n’en a sans doute rien à faire de la souveraineté alimentaire française. Et s’il veut exporter toute la production, jugeant le marché français pas assez rentable face à Nutrixo, rien ne l’en empêchera et cela permettra peut-être aux ouvriers des Moulins de continuer à bosser !

 

Réclamer la souveraineté alimentaire, ce serait neutre, au-dessus des classes, puisque tout le monde mange ! C’est complètement oublier la nature du capitalisme depuis un siècle : impérialiste (sans parler du colonialisme qui l’a précédé et dure toujours). Le capitalisme français bafoue la souveraineté de tous les peuples qu’il exploite. EDF prétend que le nucléaire assure l’indépendance énergétique de la France, tellement le Niger qui fournit l’uranium est nié comme pays souverain ! Et les bananes de Martinique et les oranges du Maroc, cela fait partie aussi de notre souveraineté alimentaire ? L’économie est mondialisée et la française fait partie des maîtres du jeu.

 

Et auprès de qui les ouvriers des Moulins doivent-ils chercher la solidarité ? Auprès des citoyens, toutes classes confondues, sur des objectifs larges qui conviennent à tous (la souveraineté alimentaire, tiens, comment être contre !). Ou auprès des autres travailleurs, sur des bases de classe, pour résister ensemble aux attaques du capitalisme et participer à refaire de la classe ouvrière une classe en lutte pour ses intérêts, et capable d’associer à son combat contre le capitalisme tous ceux qui le subissent ? D’ailleurs, qui était à cette soirée de soutien appelée par l’Union locale CGT centre ? Des militants de gauche et des travailleurs solidaires (des Fralib par exemple) ! Pourquoi aller se dissoudre dans la notion hors-classe de citoyenneté quand justement, c’est le camp de la classe ouvrière qu’il faut reconstituer.

Non à la fermeture des Moulins Maurel. Zéro licenciements.
Solidarité des travailleurs avec les ouvriers en lutte contre le chômage et la misère.

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