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Porter les acquis d’Octobre dans notre pratique

Partisan N°216 - Novembre 2007

Le 3 novembre dernier, a eu lieu une réunion publique pour le 90e anniversaire de la révolution d’octobre 1917. Cette réunion se faisait à l’initiative du Comité National pour l’Unification du mouvement communiste en France (CNU). Invités par les organisateurs, nous avons fait l’intervention suivante :

Commémorer un événement comme la révolution d’octobre doit d’abord nous servir dans les batailles politiques aujourd’hui. On porte les acquis d’octobre 17 qui nous sont utiles dans notre politique.

- Parti d’avant-garde. Je ne vais pas reprendre tout ce qui a été dit sur ce qu’a apporté cette révolution à la théorie révolutionnaire. Par exemple, le rôle indispensable du Parti d’avant-garde. Par exemple la nécessité de la violence révolutionnaire. Je soulignerai seulement que, sur ces points, nous bataillons à contre-courant parmi les travailleurs. On vit dans une ambiance anarcho-syndicaliste dans la classe ouvrière. Il y a une forte résistance au fait de s’organiser politiquement. Octobre 17 montre cette nécessité du parti.

- Pareil sur la violence. La bourgeoisie stigmatise comme terroriste ce qui s’oppose vraiment à elle. Venant de la bourgeoisie ce n’est pas un problème. Le problème c’est l’influence de ces idées parmi les travailleurs et le poids du pacifisme. Octobre 17 montre le rôle de la violence et la nécessité de l’insurrection.
-  Mener la polémique. Je vais par contre développer un troisième acquis d’octobre 17, c’est la nécessité de la polémique politique. Le caractère d’avant-garde du parti n’a pu exister que parce qu’il y a eu lutte politique intense avant. Et là aussi on est à contre-courant. Les travailleurs n’aiment pas la polémique entre groupes. Il la voit comme cause d’affaiblissement, de division des forces. Ce qu’on répond c’est « Pas de parti révolutionnaire sans théorie révolutionnaire ». Et l’orientation qui a gagné en octobre 17, elle s’est construite pendant des années dans la bataille contre tous les opportunismes : celui des Socialistes-Révolutionnaires ou des Mencheviks en Russie ; celui de Kautsky et de la social-démocratie allemande. Dans la dernière période, la bataille s’est menée contre le chauvinisme pendant la guerre. Le camarade de l’URCF a rappelé l’objectif du parti bolchevik : transformer la guerre impérialiste en guerre civile révolutionnaire. Mais le mot d’ordre c’était aussi le défaitisme par rapport à sa bourgeoisie. Cela a occasionné une bataille contre les positions chauvines de la IIe Internationale et a préparé les conditions politiques de la lutte contre le gouvernement provisoire d’après février 1917. Nous pouvons aujourd’hui nous en inspirer. La bourgeoisie française cherche à enrôler les masses dans sa bataille avec ses concurrents impérialistes. Nous lui opposons le défaitisme révolutionnaire dans la guerre économique. Il n’y a pas de conciliation possible entre le drapeau rouge des ouvriers et le drapeau tricolore de la bourgeoisie.
- La lutte politique est aussi quelque chose d’interne aux communistes. Quand Lénine rentre en Russie au printemps 1917, il trouve une direction attentiste qui en est encore aux objectifs démocratiques anti-tsaristes. Il polémique et gagne une majorité à un programme de prise de pouvoir prolétarien et à sa réalisation pratique. Là encore c’est le débat sans concession sur les principes qui construit la position juste et pas le consensus, ni le monolithisme.
- Apprendre des échecs. Il ne s’agit pas seulement de s’appuyer sur les acquis, il faut aussi apprendre des échecs. Car la révolution d’octobre n’a pas débouché durablement sur une transformation du rapport des ouvriers avec la politique et l’économie. L’Etat prolétarien ne s’est pas ouvert aux prolétaires. Lénine, sur la fin de sa vie, s’en est inquiété. Il considérait que l’Etat construit après octobre 17 était un mélange de survivances du passé.
Je n’irai pas plus loin car le cadre donné par les organisateurs a mis ce sujet en dehors du champ du meeting. Mais il est nécessaire de progresser aujourd’hui sur cette compréhension. La moindre discussion politique avec des ouvriers débouche là-dessus. Ils reconnaissent assez facilement qu’on peut renverser la bourgeoisie. Malgré sa puissance. Et ça c’est un acquis d’octobre 17, à un niveau de masse. Le problème, c’est qu’ils ne croient pas que cela puisse déboucher ensuite sur une société qui émancipe les ouvriers.
- Apprendre des échecs c’est creuser cette question. Construire un programme sur ce que devront être les rapports entre parti d’avant-garde, Etat prolétarien et masses. C’est dans cette direction qu’il nous faut élaborer.

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